F1: Comment Vettel a-t-il échappé à une sanction après ses insultes ?

Sebastian Vettel - AFP
L’incident se produit à la toute fin du GP du Mexique, il y a quinze jours. Dans les derniers tours, Sebastian Vettel lutte pour une place sur le podium. Echaudé par Max Verstappen, tirant avantage d’une sortie de piste pour le doubler, le pilote Ferrari s’en prend à Charlie Whiting, le directeur de course. « Va te faire foutre Charlie », hurle-t-il dans sa radio.
A l’issue du Grand Prix, Vettel apprend que Verstappen est pénalisé, et monte sur le podium. Une troisième place dont il est finalement déchu, après avoir écopé de 10 secondes de pénalité pour une manœuvre de défense trop agressive sur Daniel Ricciardo. Au classement officiel, il est 5e. Mais, bien plus que cette déconvenue sportive, Ferrari s’inquiète des conséquences des mots de son pilote. Vettel se précipite alors dans le bureau de Charlie Whiting pour lui présenter des excuses. A l’initiative du patron de Ferrari Maurizio Arrivabene, le quadruple champion du monde joint l’écrit à la parole : il rédige une lettre d’excuse formelle. Depuis Paris, le Président de la FIA Jean Todt demande un rapport complémentaire aux commissaires sportifs.
Episode suivant mardi 1er novembre, deux jours après le Grand Prix. En début d’après-midi, le staff de la FIA atterrit à Paris. Pas le temps de repasser chez eux, une réunion d’urgence est convoquée, au siège de la Fédération, pour décider du sort de Vettel. Suspension ? Pénalité ? Amende ? Rien n’est alors exclu. Ce n’est qu’en fin d’après-midi qu’on apprend, par un communiqué, qu’aucune suite n’est donnée à l’affaire. Un simple avertissement est signifié à Vettel. Un proche de Jean Todt, du premier cercle de ses collaborateurs, décrypte : « Jean, ce n’est pas un technocrate, c’est un homme qui vient de la course (ndlr : il a dirigé la scuderia Ferrari pendant des années). Il sait qu’un pilote peut parfois déraper dans le feu de l’action. Il fallait l’avertir mais il ne voulait pas le sanctionner. » Les excuses de Vettel, sincères, ainsi qu’un coup de téléphone à Todt, semblent donc avoir payé. D’autant que ses dix secondes de pénalité, le privant d’un podium, ressemblent déjà à une belle punition.
Charlie Whiting : « Il y avait beaucoup de circonstances atténuantes »
Restait à entendre la version de Charlie Whiting. Silencieux depuis l’incident, il était jeudi, en « guest star », invité de la conférence de presse officielle qui lance chaque week end de GP. Une présence en forme de grande première. Immédiatement, il absout Vettel : « Ce n’est pas la première fois que des gros mots sont utilisés, et il est malheureux que ça soit à mon encontre. Mais il y avait beaucoup de circonstances atténuantes. Seb était évidemment frustré, et le fait qu’il soit venu très vite après la course pour s’excuser m’a suffi. C’est déjà oublié et on repart de l’avant. C’est arrivé dans le feu de l’action, et la position de la FIA me convient parfaitement »
Les autres pilotes soutiennent également cette décision, ajoutant que ce genre de paroles est commun à tous les sportifs de haut niveau, soumis à une grande pression. « Imaginez que vous mettiez un micro à un joueur de foot pendant un match, avance Verstappen, pourtant également insulté par Vettel dans sa radio, il y aurait énormément de gros mots. On conduit toujours à la limite, l’adrénaline est très élevée. Donc, si on considère que c’est un problème pour les jeunes générations, autant ne pas diffuser ce genre de propos. »
Les autres pilotes présents, et Whiting, abondent. Une pierre dans le jardin de la FOM qui choisit, en léger différé, de retransmettre, ou non, certains échanges radio. L’insulte de Vettel a donc été délibérément diffusée aux médias du monde entier.