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GP de Malaisie : comment Ferrari a ressuscité

Sebastian Vettel

Sebastian Vettel - AFP

Au terme d'une course maîtrisée de bout en bout, grâce à d’excellents choix stratégiques, Sebastian Vettel a remporté le Grand Prix de Malaisie ce dimanche, devant les Mercedes de Lewis Hamilton et Nico Rosberg. Un succès qui valide la refonte opérée en interne chez Ferrari, qui n’avait plus gagné depuis mai 2013.

Vettel n’a rien perdu de son flair

On l’a peut-être un peu oublié, la faute à une saison précédente fade et sans saveur. Mais Sebastian Vettel reste un formidable pilote et un redoutable tacticien, capable de s’adapter à tous types de pépins en course. On n’a pas 40 victoires en F1 au compteur et encore moins quatre couronnes mondiales par hasard. Si sa monoplace a eu un comportement exceptionnel à Sepang, Vettel l’a aussi emporté car il a fait les bons choix. Celui de limer ses pneus medium pendant 18 tours et de ne pas en changer lors du passage de la safety car – suite à la sortie de route de la Sauber d’Ericsson – contrairement aux Mercedes, qui se sont empressés de filer aux stands. Celui de bien suivre l’évolution de la course pour ne jamais se retrouver dans le trafic, à la sortie des stands, mais plutôt, comme derrière ou entre les deux Mercedes. Tout à leur joie, les ingénieurs du team Ferrari n’ont pu s’empêcher de féliciter Sebastian Vettel à l’issue de la course, lui criant dans la radio que « le numéro 1 était de retour ». Au vu du show de l’Allemand ce dimanche, on ne leur donnera pas tort.

Les changements opérés en interne paient déjà

Difficile de ne pas voir dans le succès retentissant de Ferrari ce dimanche en Malaisie les fruits du gros coup de balai opéré ces derniers mois par le team italien. Il y a eu le départ de Fernando Alonso, pilote fanion de la Scuderia pendant quatre ans (2010-2014). Mais aussi le changement de patron, Maurizio Arrivabene (ex-Philip Morris) ayant succédé à Marco Mattiacci, qui était lui-même le successeur en cours de saison dernière de Stefano Domenicali. Sans oublier les limogeages des ingénieurs Pat Fry et Nikolas Tombazis, ainsi que du responsable de l’analyse des performances pneumatiques, Hirohide Hamashima.

« Si je suis surpris par Ferrari ? Non pas vraiment, a confié Romain Grosjean, le pilote Lotus, 11e du Grand Prix de Malaisie. Je connais les gens qui sont en charge de Ferrari aujourd’hui, ils étaient chez nous avant. Ce sont des gens extrêmement intelligents. » Le Français pense notamment à son ancien directeur technique, James Allison, qui occupe les mêmes fonctions aujourd’hui chez Ferrari. Et qui a beaucoup œuvré sur la progression du châssis, plus rapide et plus économe avec les pneus… comme la Lotus 2012-13. « Oui, c’est une signature JA (James Allison, ndlr), insiste Grosjean. Ils ont fait un super travail. On l’a senti pendant les essais hivernaux. Au niveau moteur, ils ont fait un bond extraordinaire en avant. C’est une grosse machine et quand elle se met en route, ça fait mal. » On l’a vu dimanche.

Ce succès ne ressemble pas à un feu de paille

Tout à sa joie de sabrer le champagne et de laisser exploser son bonheur sur le podium du circuit de Sepang, Sebastian Vettel a rapidement repris ses esprits et rappelé pourquoi la Scuderia était venue le chercher. « Ma mission est de ramener le titre mondial à Maranello – le siège de l’écurie Ferrari – mais aujourd’hui, nous avons juste envie de savourer cette journée » a glissé dans un sourire le quadruple champion du monde. Pas une phrase anodine et certainement pas dans le contexte de la victoire de dimanche, avec les deux Mercedes dans son dos. Par la voix de Vettel, Ferrari ne cherche plus à se cacher. Mais peut-elle vraiment contester le titre aux Flèches d’Argent ?

Le rythme que la monoplace de Vettel a su imposer aux Mercedes est, dans ce sens, très prometteur. La 4e place obtenue par Kimi Räikkönen, pourtant victime d’une crevaison dès le premier tour, l’est aussi. Les conditions de courses favorables (safety car) un peu moins. Ni les choix de pneumatiques non-payants pour Lewis Hamilton. « Aujourd'hui, tout n'était pas parfait. Mais bon, ce n'est pas seulement à cause de la stratégie, tempère le patron de Mercedes Toto Wolff. Ferrari a gagné, donc ils sont candidats au titre. Ils ont fait un grand pas en avant durant l'hiver et il faut leur tirer notre chapeau pour cela. C’est un bon jour pour la F1, peut-être pas pour Mercedes mais heureusement, cela va nous rendre plus fort. On ne peut pas s'attendre à toujours tout gagner. J'espère qu'après cela, toutes ces histoires qui consistent à dire que notre avance est anormale vont cesser. Peut-être que c’est la claque dont nous avions besoin. »

A.D