
Un an après les attaques, le Dakar 2023 doit encore faire face à la "menace attentat"
Le 20 décembre dernier, le Parquet National Antiterroriste (PNAT) a ouvert une information judiciaire après l'explosion du véhicule conduit par le pilote Philippe Boutron en décembre 2021 sur le rallye Dakar. Une enquête préliminaire avait, très rapidement, été ouverte dès le 4 janvier 2022 pour tentative d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste. Comme dévoilé par RMC Sport au début de l’année, une deuxième attaque avait visé la course avec un autre véhicule victime d’une explosion, d'origine criminelle.
Un an après ces événements, le Dakar reprend la route dans le désert saoudien. L’organisation, en lien avec les autorités locales et françaises, a renforcé l’aspect sécuritaire autour de la course. L’accès au bivouac est beaucoup plus difficile et les forces de sécurité bien plus visible. Exemple concret : l’ensemble des véhicules sont inspectés avant d’entrer sur la zone. Sur cette édition, les concurrents seront uniquement rassemblés sur un bivouac, cette bulle facilite l’organisation sur place. L’Arabie Saoudite sait qu’après les incidents de l’édition passée, l’erreur est interdite en 2023 et a renforcé la présence sécuritaire sur place. Une importante reconnaissance du parcours a d’ailleurs été réalisée par les services saoudiens afin d’assurer la sécurité de plusieurs points sensibles.
Une assurance complémentaire demandée aux participants
C’est la nouvelle qui fait beaucoup parler dans le bivouac et sur les groupes de discussions depuis plusieurs semaines. Cette année, l’organisation a demandé aux participants de souscrire à une assurance complémentaire. Dans les faits, les frais médicaux et d’hospitalisation engagés avec l’accord préalable du directeur médical du rallye sont pris en charge par ASO jusqu’à 30 000 euros par personne. Au-delà, c’est aux concurrents de payer. Et après les incidents hors course de l’édition précédente, cette nouvelle a fait bondir certains participants.
Dans un document envoyé aux concurrents, l’organisation précise que "cette couverture médicale prévue par l’organisation permet de couvrir la majorité des frais afférents aux pathologies sans grande gravité" et que l’assurance de l’organisation ne "sera néanmoins pas suffisante en cas de pathologie lourde nécessitant une hospitalisation longue et des examens et soins coûteux". Dans ce dossier, ASO estime qu’en Arabie Saoudite "les soins afférents à une fracture complexe peuvent avoisiner 15 000 euros ; ceux engendrés par des pathologies bien plus sérieuses peuvent rapidement atteindre 40 000 euros". L’année dernière, les concurrents victimes des attaques sur le Dakar avaient dû être rapatriés en urgence en France pour obtenir l’ensemble des soins nécessaires.
Un risque d’attaque terroriste toujours présent
Depuis le début de l’enquête judiciaire menée en France, Amaury Sport Organisation (ASO), l’organisateur du Dakar, n’a toujours pas accès au dossier d’instruction. Cette situation pourrait évoluer dans les prochaines semaines. Le risque d’attaque sur place contre des intérêts étrangers est toujours bien présent. En mars 2022, trois mois après les premières attaques, l'Arabie Saoudite avait été la cible d’une série d'attaques revendiquées par les rebelles yéménites Houthis. L'une d'entre elle avait provoqué un gigantesque incendie à quelques kilomètres du lieu où devait se dérouler le Grand Prix de Formule 1.
Quelques jours après l’attaque contre le véhicule de Philippe Boutron, Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires Etrangères à l’époque, avait affirmé sur RMC : "Sur le Dakar, c'est peut-être un attentat terroriste. Nous avons pensé, peut-être, que ça valait le coup de renoncer à cette manifestation sportive". Finalement, les organisateurs avaient continué l’édition 2022.
Les organisateurs du Rallye Dakar ont fait part au Centre de crise et de soutien (CDCS) du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères du dispositif de sécurité mis en place pour cette édition du rallye. Le Quai d’Orsay conseille aux Français souhaitant participer ou assister aux étapes du Rallye Dakar de consulter la fiche "Conseils aux Voyageurs / Arabie Saoudite" du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères sur le site "France Diplomatie".
Cette fiche appelle à faire "preuve d’une vigilance renforcée en Arabie saoudite", certaines zones du pays étant par ailleurs formellement déconseillées pour tout "déplacement non impératif". En clair, l’appel "à la vigilance est maximal" en raison du risque d’attentat. La diplomatie française précise même qu’en Arabie Saoudite, "les intérêts étrangers, et notamment français, ont été la cible d’attaques en 2020 et 2021 et font l’objet de menaces terroristes réitérées".
Le dernier rallye Dakar en Arabie Saoudite ?
L’Arabie Saoudite poursuit son ouverture par le sport. Le Royaume augmente progressivement sa présence dans le sport avec des GP de F1, des matchs de plusieurs clubs européens ou même l’organisation des Jeux asiatiques d’hiver en 2036. L’aboutissement pour les Saoudiens sera d’obtenir l’organisation d’une Coupe du monde en 2030 ou 2034, comme son voisin le Qatar.
Mais selon nos informations, certaines fédérations de sports automobiles pointent du doigt la prise de risque des concurrents face aux dangers sur place. Cette nouvelle pourrait pousser à la fin du contrat avec les Saoudiens. Pour rappel, ASO reçoit un chèque de 15 millions d’euros par an pour organiser son événement dans les dunes saoudiennes. Un montant auquel s’ajoutent la conception du bivouac, la restauration ou encore le service de sécurité. Contacté par RMC Sport, ASO n'a pas répondu à nos sollicitations.