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Basket: "L’engouement autour du 3x3 est toujours là", Rambaut et les Bleus à l’assaut de la Coupe d’Europe

Jules Rambaut avec l'équipe de France de basket 3x3 le 5 août 2024

Jules Rambaut avec l'équipe de France de basket 3x3 le 5 août 2024 - David GRAY / AFP

Médaillé d’argent avec l’équipe de France de basket 3x3 aux JO 2024 de Paris, Jules Rambaut dispute la Coupe d’Europe avec les Bleus à partir de samedi à Copenhague. L’occasion d’évoquer avec le médaillé olympique l’évolution de sa discipline depuis le succès des Jeux.

Jules Rambaut, comment avez-vous vécu l’anniversaire des 1 an des JO 2024 de Paris où votre équipe avait pris la médaille d’argent en basket 3x3?

Tout va bien, franchement tout va bien. On est dans un nouveau cycle depuis 2025 et ça se passe plutôt bien. On fait toujours le même métier, on est basketteurs, on est sur le World Tour, mais on a une structure qui est différente, on fonctionne différemment, mais c'est pas mal aussi, c'est très agréable de bosser avec les gars à Toulouse. L'anniversaire des Jeux, c'est plein de souvenirs qui reviennent, plein de photos qu'on regarde, de petites vidéos, des trucs qui sont repartagés sur les réseaux sociaux. Ça montre que cette année est passée super vite, c'est le truc qui nous fait dire aussi que les Jeux à LA, c'est dans longtemps, mais vu comment ça passe vite, ça va quand même arriver assez vite aussi. Donc, c'est plein de beaux souvenirs qui reviennent, plein de belles images, des émotions, du partage avec les gens. C'était un moment exceptionnel et c'est un bel anniversaire.

Comment vous avez vécu l'après-JO? Est-ce que vous avez eu un petit coup de blues?

Non, en fait, nous, on était clairement en pleine saison. Donc, au final, je suis parti des Jeux, j'ai fait quatre jours de vacances et je suis rentré chez moi pour repartir à un tournoi directement. Donc, on n'a pas eu le temps d'avoir ce coup de blues. Je n'ai pas eu de moment où je me suis posé sur mon canapé tout seul chez moi à me dire «voilà, ça y est, c'est passé, qu'est-ce qu'on fait maintenant?». Il y a eu un enchaînement et en plus, on a eu la chance d'avoir des résultats, ce qui a fait qu'on a continué un peu sur notre lancée.

Vous jouez avec l’équipe de Toulouse, est-ce que vous pouvez nous expliquer un peu comment fonctionne le système de compétition de basket 3x3 en France?

Assez simplement, ça fonctionne comme le tennis en fait, où il y a un classement individuel qui fait un classement par équipe et en fonction de nos points, du coup, on a des allocations ou pas sur les tournois autour du monde, ça fonctionne par tournoi. C'est du coup un championnat mondial, c'est un cercle vertueux où il y a des tournois de différents niveaux, où plus on gagne des tournois de petits niveaux, plus on va avoir des accès à des tournois de plus gros niveaux et ainsi de suite. Et donc nous, avec Toulouse, je crois qu'en ce moment, on doit être troisième meilleure équipe mondiale. Et voilà, dans la continuité de Paris, avec la Fédération, ça se passe plutôt bien.

Est-ce que vous savez s’il y a un projet de développer un championnat de France en plus de ces tournois internationaux?

Le système économique est assez compliqué dans le 3x3, donc pour l'instant, il y a une Super Ligue en France, c'est un championnat, on va dire amateur, qui se déroule l'été en parallèle du World Tour. En fait, tous les tournois sont rattachés au World Tour. Donc en France, on a une Pro Ligue en début de saison, donc en mars, qui fait partie des tournois du World Tour. On a une Super Ligue l'été qui fait, pareil, partie des tournois du World Tour. Donc tout est plus ou moins rattaché au World Tour et s'en séparer, ce n'est pas forcément une bonne idée. Donc faire un championnat pro en France, qui n'est que en France, je ne suis pas sûr que ce soit très envisageable.

Franck Seguela avait dit "un mois après notre médaille olympique, on galérait à vivre de notre sport. C'est un choc très présent dans les sports individuels, on y a été confrontés dans un sport collectif." Est-ce que vous avez ressenti la même chose?

Oui, complètement, mais on est toujours dedans aujourd'hui, on ne va pas se mentir. Toulouse, ça vient de nous, entre guillemets, parce que la Fédération avait créé un projet pour les JO de Paris et le projet était arrivé à échéance. Donc on a dû, et quand je dis on, c'est surtout Franck et Hugo (Suhard) qui sont à la base du projet. Eux ont dû créer un projet de toute pièce en démarchant des gens autour d'eux, en trouvant des fonds, en trouvant des structures pour pouvoir s'entraîner pour tout ça. Donc oui, le fait, même encore aujourd'hui, d'être dans un écosystème où on n'est pas forcément serein par rapport à tout ce qui est financier, où nos revenus dépendent clairement de nos résultats, c'est assez bizarre de se dire ça, alors que l'année dernière on a fait un résultat exceptionnel, en France, chez nous, qui nous a donné énormément de visibilité, tout le monde nous a suivi, tout le monde a adoré. Mais aujourd'hui, on est dans une situation qui est explicable, je n'ai pas forcément les clés pour tout comprendre, mais c'est une situation qui est explicable, contexte politique, contexte budgétaire, de tout ça, mais on est dans une situation, précaire ce serait trop de dire ça, mais comparé à un sportif professionnel, on va parler de basket, un basketteur professionnel de notre niveau, c'est très très bizarre, ce n'est pas forcément compréhensible.

Comment vous vivez le fait que l’engouement autour de votre discipline soit un peu redescendu? De retrouver un certain anonymat?

C'est totalement normal que ce se soit essoufflé un peu l'engouement, après l'engouement autour du 3x3 a été là parce que les gens ne connaissaient pas forcément, parce qu'en France, ce n'était pas un sport qui était mis vraiment en avant, avant les Jeux et que là, aux Jeux, nous, on a montré qu'on était une discipline qui était hyper attractive, que c'était très télévisuel, que c'était super facile à suivre et les gens s'y sont pris. Donc, c'est normal que, quand on a ce visage en équipe de France, forcément, c'est facile à suivre parce qu'on est diffusé, parce que les gens s'attachent plus à l'équipe de France qu'aux équipes professionnelles, comme on était avec Paris avant, comme on est avec Toulouse aujourd'hui. Donc, l'engouement, sincèrement, il est toujours là et on le voit quand on va sur les tournois en France, les gens sont très contents de nous voir, les gens ont aimé le 3x3 grâce aux Jeux, donc on a une popularité du sport, en tout cas, qui a vraiment évolué avec les Jeux et il y a des choses qui se sont développées. Maintenant, concrètement, nous, en tant que joueurs, en tant que professionnels de basket, on n'a pas forcément eu exactement ce qu'on attendait, mais comme je l'ai dit avant, c'est des choses qui sont sûrement explicables et qui sont logiques en raison du contexte de ce qui se passe autour. C'est quand même une certaine fierté d'avoir réussi à développer ce projet avec Toulouse et d'avoir réussi, dans la continuité de Paris, à créer quelque chose et à continuer à performer sur le terrain en jouant au 3x3, c'est une certaine fierté et c'est déjà une réussite.

Vous me parlez beaucoup de votre implication personnelle, vous, les joueurs de 3x3, dans vos projets, que ce soit Toulouse, etc... Est-ce que vous ne vous sentez pas assez soutenu?

Il y a un peu cette impression-là, mais moi je ne suis pas réellement au cœur de toutes ces discussions, donc je n'ai peut-être pas le meilleur avis sur la discussion, mais il y a cette sensation qui est clairement personnelle, où on a investi énormément de notre temps, de notre énergie dans un projet avec la Fédération, où aujourd'hui on n'est pas du tout délaissé, ce n'est pas le bon terme, mais on se retrouve dans une situation un peu spéciale, alors qu'on a toujours la performance qui est derrière et on a toujours la même implication surtout sur le terrain. Mais aujourd'hui, la Fédération est dans un autre projet, c'est-à-dire qu'ils ne veulent plus sponsoriser une seule équipe, ils veulent un peu développer le 3x3 en France, en continuant à aider certaines équipes, mais de manière à ce que les équipes se développent d'elles-mêmes. Nous, on est aujourd'hui dans une position où on a énormément de tournois, on a beaucoup de déplacements, on a des joueurs de haut niveau dans l'équipe aussi, donc c'est aujourd'hui assez compliqué de trouver un budget et une structure qui correspondraient un peu à nos résultats et à nos performances.

Tous les joueurs de basket 3x3 en France sont professionnels ou pas? En tout cas dans l'équipe de France, ceux qui vont faire la Coupe d'Europe par exemple, avec vous…

On est tous des joueurs de basket 3x3 professionnels, on est deux avec Toulouse et il y en a deux qui sont avec l'équipe de Bordeaux.

Vous avez connu de résultats parfois irréguliers. Est-ce que vous avez l'impression que vous devez à chaque fois surperformer, comme lors des JO 2024 pour retrouver de l’attention médiatique?

Forcément on a un peu moins performé à la suite des Jeux sur les autres compétitions. Après, comme je l'ai dit, c'est un nouveau cycle qui commence, donc une nouvelle manière de fonctionner entre les équipes pros et entre l'équipe de France, donc il y a des choses à mettre en place, de notre côté pour que ce soit mieux, la Fédération de leur côté pour que ce soit optimal aussi. Et voilà, forcément avec plus de résultats, on aura plus de visibilité, donc on aura plus de moyens peut-être, et plus de sponsors, il y a plein de choses qui découlent de ça. Mais aujourd'hui, l'équipe de France et les équipes pros sont censées être très clairement deux structures différentes, l'équipe de France et la fédération. Les équipes pros sont toujours accompagnées par la Fédération d'une certaine manière, mais ne sont pas rattachées à la Fédération comme on pouvait l'être avec Paris avant. Donc, les résultats, il y a clairement un nouveau cycle qui est en train de s'installer. Il y a des choses qui font que les résultats que l’on peut avoir sont explicables.

C'est le nouveau cycle, justement. C'est une différente manière de travailler, où les gens n'ont pas forcément changé, mais nous, on a clairement une manière différente de travailler par rapport à l'année dernière. Donc, il faut savoir s'adapter, il faut savoir s'entendre, il faut que la communication passe bien, il faut que tout le monde soit sur le même rail. Donc, c'est des choses à mettre en place et ce n'est pas une critique du tout. C'est juste un fait où on doit améliorer un peu tous chacun de notre côté, notre manière de travailler pour que ça fonctionne de manière optimale.

Il y a la Coupe d'Europe qui commence samedi. Comment vous vous sentez?

J’ai hâte. Clairement, moi, j'ai hâte. Ça commence à faire pas mal de compétitions en équipe de France que je peux faire. C'est toujours un honneur immense de pouvoir porter le maillot. Là, on est dans une belle ville à Copenhague. On n'est pas trop loin de chez nous. Donc, ça va être un bon moment. Puis, c'est une équipe un peu différente de d'habitude. Enfin, de d'habitude par rapport à cette année, je veux dire, où sur les deux premières compètes, on avait deux fois quatre gars de Toulouse. Là, on est deux joueurs de Toulouse et deux joueurs de Bordeaux. Donc, il y a une complémentarité qui est différente. Il faut créer des choses, mais c'est hyper intéressant. Et c'est là, ce qu'on a fait la dernière semaine et demie avant la compète, c'est de bon augure. Donc, j'ai vraiment hâte de commencer samedi, de voir un peu vendredi, prendre la température et commencer à jouer samedi pour voir ce que ça va donner.

Vous allez affronter la Hongrie et l'Allemagne pour débuter. Comment vous abordez ces deux équipes?

La Hongrie, c'est une équipe qu'on ne connaît pas trop. Donc, on va les regarder. On va faire un peu de scouting pour voir comment ils jouent. Ce n'est pas une équipe qui est régulièrement sur le World Tour. Donc, on va voir ça. Les Allemands, c'est une équipe jeune qui est très athlétique, qu'on a déjà jouée pas mal de fois. Donc, on va essayer de mettre des choses en place pour développer notre jeu au mieux et faire en sorte qu'ils ne le développent pas trop.

Vous arrivez avec quel statut? Est-ce que vous avez celui de favori?

Non, non, pas forcément le statut de favori. On a vu à la Coupe du monde qui s'est déroulée en Mongolie début d'été, que les compétitions internationales n'ont rien à voir avec le World Tour. Donc, tout peut se passer, clairement. Donc, non, non, je ne pense pas qu'il y ait réellement de favori. Je pense qu'il va falloir juger très vite l'atmosphère de la compétition, parce que là, c'est sur deux jours, en plus, donc c'est très rapide. Il va falloir savoir s'adapter très vite, savoir être bon et performant très vite et voir comment ça se passe. Mais là, le statut de favori, sincèrement, il y a certaines équipes qui sont très, très fortes. Nous, on est une équipe un peu différente. Les Serbes sont une équipe qui est très renommée sur le World Tour. Mais voilà, nous, on est une équipe assez jeune. Donc, on va essayer de faire au mieux pour s'adapter très vite et montrer qu'on est capable de faire des choses.

Vous vous étiez incliné face aux Pays-Bas, aux JO 2024. Est-ce que vous avez envie de prendre votre revanche sur cette équipe?

Ce serait compliqué de vous dire non, parce que je pense qu'en tant que sportif de haut niveau, on a tous envie de prendre une revanche quand on a perdu. Donc, forcément, si on les croise et si on les joue, on aura peut-être un peu plus envie de gagner que les autres équipes. Mais je ne suis même pas sûr. Ça fait partie du sport. On perd, on gagne. Il y a une petite histoire entre nous et les Pays-Bas. Donc, on va faire au mieux pour essayer de gagner tous les matchs, que ce soit les Néerlandais ou pas les Néerlandais.

Propos recueillis par Camille Beaurain