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Eurobasket 2025: "Une vraie équipe s'est formée", le bilan de Frédéric Fauthoux après la première phase des Bleus

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L’équipe de France a parfaitement conclu sa phase de groupes de l’EuroBasket 2025 en écrasant l’Islande, ce jeudi en Pologne (114-74). Alors que les Bleus ne sont pas encore fixés sur leur adversaire en 8e de finale, Frédéric Fauthoux, le sélectionneur, a dressé un bilan de cette première phase. Entre satisfaction et envie d’en découdre pour la suite.

Frédéric Fauthoux, toutes les équipes avaient eu des difficultés contre l'Islande. Vous vous êtes rendus le match facile ce jeudi…

Oui, exactement. On en avait parlé aux joueurs et on leur a montré que, mis à part leur premier match de la compétition, sur tous les autres les Islandais sont restés très proches jusqu'aux deux dernières minutes. Donc ça prouve aussi le sérieux des gars. On sait vers où on veut aller et on vient de le montrer.

>> Eurobasket 2025: revivez France-Islande (114-74)

Vous vous êtes parfois relâchés après avoir été à +10 sur certains matchs. Ce jeudi, ça n’a pas du tout été le cas…

Oui, c'est vrai. Après, sans faire offense non plus à l'Islande, ce ne sont pas les adversaires que peuvent être la Slovénie ou la Pologne. La difficulté qu'il peut y avoir dans des matchs comme ça, quand on a beaucoup d’avance à la mi-temps, c’est qu'il y ait vraiment un gros relâchement et qu'on perde un petit peu le liant et le fil de notre basket. J’avais la crainte de ça à la mi-temps. Dans les trois dernières minutes, il fallait aussi préserver les joueurs intérieurs. Le reste du temps, ça a été un bon basket collectif qu'on a pratiqué.

Retrouver de la réussite à trois points, c’est quelque chose de rassurant?

J'espère surtout que ça a rassuré les joueurs! Même si ça m'embêtait, mis à part les 3, 4 ou 5 tirs qui ne sont pas pris en un rythme et qui ne me plaisaient pas, le reste du temps on avait trouvé des vraies solutions de tir. Je n’ai jamais douté du fait que Zaccharie Risacher est un joueur adroit, ou qu’Elie Okobo est un joueur adroit. Alors est-ce que ça nous servira de déclic et qu'on continuera cette lancée? Je nous le souhaite.

C'est un match qui a permis à certains joueurs de reprendre confiance, on pense notamment à Théo Maledon, qui est resté dans le cinq majeur et qui a été plus impactant au début, ou à Nadir Hifi, que vous avez pu lancer après la mi-temps...

Cinq matchs en huit jours, ce n'est pas rien. Et forcément, je pense que ça use aussi les organismes. Parfois, sur certains matchs, les joueurs peuvent douter un petit peu, peuvent se sentir frustrés. Donc, c'est sûr que pour le moral de tous et pour aborder le prochain match, c'est important de faire ça. Félicitations à Théo et Nadir d'être restés concentrés et d'avoir performé.

Quel bilan et quels enseignements tirez-vous de ce premier tour?

Plutôt un bon bilan. Quatre victoires et une défaite, ce n'est pas rien, surtout quand on connaît un petit peu notre prépa, le groupe que l'on a mené jusqu'au dernier, Alex (Sarr) qui se blesse il y a deux ou trois jours… Je trouve qu’une vraie équipe s’est formée, on le voit encore aujourd'hui, avec un match où il y a 8 joueurs à plus de 10 points. Ça prouve l'investissement des uns et des autres. On a vraiment progressé dans notre basket, donc je suis plutôt satisfait. Maintenant, on sait que le match le plus important arrive, donc il va falloir rester concentré sur l'objectif.

Est-ce qu'il y a une préférence sur le tableau de la phase finale? Certains joueurs disent qu'il faut battre tout le monde pour aller au bout. D'autres, comme Mam Jaiteh, disent que si on peut les jouer le plus tard possible, c'est mieux…

Une préférence pour le huitième de finale? Sincèrement, non. C'est une poule (le groupe C avec la Grèce, l’Espagne, l’Italie, la Bosnie et la Géorgie, NDLR), qui est dure et qui est rugueuse. Ils bataillent à chaque match, donc ils vont arriver peut-être très formatés pour ce match de huitièmes de finale. Donc il n'y aura aucun match facile. Mais je crois qu'il n'y aura aucun match insurmontable pour nous. Sincèrement, et c'est véridique, je n'ai pas de préférence.

Sur le chemin d'une éventuelle médaille d'or, il peut y avoir la Serbie et l'Allemagne dès les quarts de finale. Est-ce que ça ressemble à un Everest? Ou est-ce qu'eux aussi vont être embêtés s'ils tombent sur nous?

Déjà, il faut y arriver jusqu'à là-bas (en quarts de finale). J'aimerais, j'en rêve, pour nous tous. On aurait dû dire qu'on aurait dû attraper la Turquie? Mais quand on voit le match qu'ils ont fait contre la Serbie (victoire 95-90), je ne sais pas... Je pense qu'un championnat d'Europe est l’une des compétitions les plus denses qu'on puisse jouer. Il n'y a que de très bonnes équipes

En tant que compétiteur et d’ancien pro qui a joué des matchs comme ça, c'est excitant d'aller au devant de cette grosse adversité?

Oui, parce qu'on a toujours envie de jouer contre les meilleurs et d'essayer de les battre. Comme les joueurs, je pense que j'ai hâte d'y être.

Comment allez-vous gérer le transfert entre Katowice et Riga, où se joue la phase finale?

Il y a déjà le voyage. L’organisation nous a fait partir très bonne heure, donc il va falloir récupérer de ces cinq matchs, s'installer comme il faut. On n'a pas trop le temps de s'entraîner non plus, on aura une seule occasion de le faire. Je pense qu'on ne va rien changer par rapport à ce que l'on fait jusqu'à maintenant. Je n'ai pas encore parlé aux joueurs par rapport à ça, mais je sens que comme tout le monde, ils ont hâte d'y être et je ne doute pas que la préparation sera bonne.

Que pensez-vous du match de Mam Jaiteh (13 points et 6 rebonds ce jeudi) et de ce qu'il va être amené à faire dans la suite de la compétition, avec le forfait d’Alexandre Sarr?

En venant ici, on savait que c'était le seul pivot de l'équipe. Il a été très précieux, même avant, sans marquer de points. Défensivement, il est costaud, il tient les gros pivots d'en face, on ne se fait pas dominer au rebond et c'est une chose essentielle. Il va falloir qu'on continue à faire ça. Je crois surtout qu'un match comme ça, c'est très bon pour lui, pour sa confiance, parce que quand on est joueur, on a toujours envie de briller, de scorer. Les joueurs l'ont bien trouvé et il a su en profiter.

En demi-finale de l'EuroLeague (Monaco-Olympiacos, NDLR), il avait été meilleur que Moustapha Fall et Milutinov...

On a des joueurs ici qui ont fait un final four de l'EuroLeague, ce n'est pas rien. On a des joueurs qui jouent en NBA, même si pour l'instant ils sont un peu jeunes, mis à part Gerschon (Yabusele). On a aussi beaucoup de joueurs d'expérience. On parle de jeunesse, mais on a des joueurs qui ont vécu des choses, notamment Mam. Et arriver au niveau où il est arrivé en fin de saison dernière... Ce n'est pas pour rien qu'il est aussi ici avec nous cet été.

Mercredi, Sylvain Francisco s'est exprimé sur la manière dont il a vécu les insultes racistes sur les réseaux sociaux. Vous en avez parlé tous les deux?

On en a un petit peu parlé. C'est très dur d'évoquer ça pour savoir comment il faut faire quand on ne l’a jamais vécu. C'est inadmissible par rapport à ces fameux réseaux sociaux. Personnellement, c'est pour ça que je n'aime pas ça. Qu'on critique notre niveau de basket, notre niveau de coaching, ça peut se faire. Mais critiquer l'homme, c'est quelque chose d'inadmissible et on essaie de faire front autour de lui parce que c'est une période très difficile à vivre.

Propos recueillis par Felix Gabory, à Katowice (Pologne)