"Peut-être qu’il a oublié qu’il devait être plus joueur": l’incroyable réveil de Guerschon Yabusele raconté de l’intérieur par les Bleus

"L’Ours dansant" - son surnom - a soudainement retrouvé le rythme de sa folle chorégraphie. Et c’est toute la Spodek Arena de Katowice, bouillante enceinte finalement calmée par l’intérieur français, qui a été emportée par cette valse endiablée. Très discret en attaque sur les trois premiers matchs des Bleus dans cet EuroBasket (8 points de moyenne par rencontre), Guerschon Yabusele a fait un retour tonitruant sur le devant de la scène mardi soir, avec 36 points inscrits face à la Pologne (victoire 83-76) pour relancer les Bleus après leur sortie de piste contre Israël.
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Auteur de la troisième meilleure performance offensive de l’histoire des Bleus dans un Euro, le joueur des New York Knicks était bien décidé à sonner la révolte après un début d'Euro mitigé. Et ses nombreux gestes de frustration aperçus sur les matchs précédents ont été remplacés par des célébrations démonstratives pour fêter chaque panier à trois points (6/12 dans l’exercice mardi soir), dont chaque réussite a fait l’effet d’un coup de massue sur la tête des Polonais.
"On en a parlé avec le coach et les joueurs, on voulait m'impliquer davantage", a réagi le principal intéressé après la rencontre. "C'est important que je sois agressif, pour l'équipe et pour moi. C'est allé dans mon sens ce soir (hier), mais la victoire est grâce à toute l'équipe."
Le poids du capitanat?
Nommé capitaine pour cet EuroBasket, une grande première pour lui, Yabusele se savait particulièrement attendu sur la question du leadership en raison des nombreuses absences (Victor Wembanyama, Evan Fournier, Rudy Gobert…). Un nouveau statut qu’il a dû appréhender sur ce début de compétition.
"Tous ces joueurs-là, pour arriver à ce niveau, ce sont des gros compétiteurs, et à un moment donné il ne peut pas rester comme ça parce que c'est de la frustration", a décrit Frédéric Fauthoux, le sélectionneur des Bleus, après le match contre la Pologne. "Le fait d'avoir ce rôle de capitaine, et on en a un petit peu parlé, ça peut parfois aussi un petit peu, je ne vais pas dire ‘peser’, mais on fait toujours attention un peu plus aux autres, on essaie d'être un peu plus collectif, l'attitude, et peut-être qu'il s'est enfermé trop là-dedans et oublié qu'il devait être entre guillemets 'plus joueur’."
"Il a été là avant le match, à la mi-temps, sur les temps morts"
Dimanche, face à Israël, il a justement manqué à la France ce joueur capable de prendre le jeu à son compte lorsque l’équipe perdait pied en attaque. "C’est marrant parce que je lui ai dit 'Va chercher des points'", a confié Isaïa Cordinier mardi soir au sujet de la prise de responsabilité de son capitaine. "Parfois, on a besoin qu’il soit un peu égoïste, agressif, ça ouvre des espaces. Je trouve aussi qu’on a fait du bon boulot, le coaching staff et les joueurs, pour bien le trouver dans le rythme, trouver des meilleures solutions, et derrière il a fait le job. C’est notre leader, notre capitaine, et nous devons le suivre."
Mardi soir, en plus de son apport en attaque, Yabusele a eu les épaules assez larges pour endosser un deuxième costume, celui de chef de meute. En dehors de son carton offensif, c’est lui qui a pris la parole pour remobiliser les Bleus dans les moments de creux face à la Pologne. Ce fut notamment le cas à la mi-temps, quand les coéquipiers de Jordan Loyd sont rentrés aux vestiaires avec trois points d’avance (44-41) après avoir infligé un cinglant 18-9 aux Bleus dans les cinq dernières minutes du deuxième quart-temps.
"Il a 'lead' comme il fallait, avec son énergie, sa parole. Même à la mi-temps, il nous a parlé, il a dit qu’il fallait montrer plus de hargne. Et il ne nous a pas seulement dit ça avec ses mots, il l’a montré sur le terrain et on a suivi son exemple", a loué Jaylen Hoard après le match. "C’est le leader du groupe. Il a été là avant le match, à la mi-temps, sur les temps morts", a insisté Mam Jaiteh. "Toujours vocal, toujours à nous faire comprendre l’importance de chaque possession et de l’enjeu. On aura besoin de lui pour avoir un repère offensif pour la suite de la compétition." Nul doute qu’un beau parcours des Bleus dans cet Euro passera inévitablement par un "Ours dansant" particulièrement en rythme.