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"Accomplir quelque chose de spécial": l'entretien avec T.J Shorts, meneur du Paris Basket

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Meilleur joueur du Paris Basketball, aussi bien en Euroleague qu’en championnat, T.J Shorts, meneur spectaculaire, se confie sur le bon début de saison du club qui reçoit jeudi soir le Partizan Belgrade (20h45). Début de saison convaincant, arrivée du coach rookie Tiago Splitter, ambitions en championnat et admiration pour Allen Iverson… Le meneur californien s’est confié à RMC Sport.

T.J Shorts, le Paris Basketball fait un bon début de saison, comment vous l’analysez?

Je n’irai pas jusqu’à dire qu’on est satisfaits, mais c’est un bon début de saison pour nous d’être à 5 victoires et 2 défaites en championnat et 4 victoires-3 défaites en Euroligue. Je pense que personne ne se plaint maintenant, mais nos objectifs sont très élevés et j’espère qu’on va continuer de s’améliorer durant la saison.

Comment expliquez-vous que l’alchimie reste aussi bonne avec le changement de coach?

Le changement de coach a été quelque chose de difficile mais Tiago Splitter a fait du bon boulot en arrivant. Il a gardé des choses qui se faisaient précédemment mais il a aussi apporté de nouvelles idées. Vous le voyez, l’alchimie entre nous est restée la même. On a plusieurs coéquipiers qui étaient là la saison dernière. Avec les nouveaux, cela s’entend très bien. La transition a été facile.

Jeudi, vous jouez le Partizan Belgrade. À quel type de match vous attendez-vous?

Cela va être très physique. C’est une équipe qui a faim de victoires et qui n’a pas fait son meilleur départ en Euroligue. Mais ils sont très talentueux et ils sont emmenés par probablement l’un des meilleurs coachs en Europe (Zeljko Obradovic). Cela va être très physique et c’est un match qui va vraiment être indécis pendant quarante minutes.

Quelle différence notez-vous entre Eurocoupe et Euroligue?

C’est vraiment plus physique. Le niveau des pivots, des ailiers et même des meneurs-arrières, il y a plus de contact, plus de vitesse, plus de talent. C’est l’une des principales différences que j’ai pu noter lors des premières journées. Mais je crois que nous avons plutôt fait du bon travail pour s’ajuster et jouer à ce niveau pour obtenir les victoires que nous avons eues.

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À quel point était-il était important de bien démarrer pour la confiance?

Oui, c’est très important. Malgré trois défaites pour commencer, notre confiance en nous n’est jamais partie et c’est comme ça que nous avons pu battre le Panathinaïkos à la maison puis Monaco chez eux. Ces équipes sont allées au Final Four et ont prouvé sur la scène européenne. Quand vous battez des équipes comme ça, cela ne peut que vous booster. Je pense vraiment que ça nous a convaincu qu’on était bien à notre place dans cette ligue et que l’on pouvait accomplir quelque chose de spécial.

Quand les dirigeants cherchaient à remplacer Tuomas IIsalo, ils voulaient un coach qui correspond à ce que le club construisait, la méthode n’est donc pas différente?

Évidemment, c’est très difficile d’essayer de remplacer ce que nous avons fait dans le passé mais pour eux, trouver quelqu’un qui accepte de jouer de cette façon, d’accepter notre style de jeu, un coach qui dispute sa première saison, je trouve qu’il fait un boulot exceptionnel. Dans ce court laps de temps où il dit "non seulement j’accepte votre style de jeu mais je vais ajouter aussi mes idées", il a quelques tours dans son sac que l’on a ajouté à notre jeu. Je crois que cela fait une super addition. Garder les vieilles recettes qui marchent et qui nous ont fait gagner car on ne peut pas nous enlever ce que l’on a accompli. C’était une saison incroyable. Comme j’ai dit plus tôt, il a aussi ajouté ses idées sur le basket qu’il veut promouvoir en tant que coach.

Le coach, c’est un ancien très grand joueur qui vit sa première expérience sur un banc. Quelle relation entretenez-vous?

Nous avons une super relation. Cet été, il m’a appelé pour me dire qu’il avait le job de coach. Je pense que depuis ce moment, il a vraiment été un coach de joueurs. On sait qu’il a joué au plus haut niveau, qu’il a joué en Euroligue pendant des années alors qu’il était jeune. Cette transition accomplie pour la NBA et gagner un titre de champions avec quelques-uns des plus grands joueurs. Avoir été coaché par un des plus grands aussi et maintenant nous faire partager son savoir sur les choses qui ont marché en tant que joueurs et celles qui n’ont pas marché. Ressentir ça, a été d’une grande aide pour mon jeu. Je suis vraiment heureux de pouvoir apprendre cela.

Ressentez-vous l’influence de Gregg Popovich dans son approche?

Je pense un petit peu. Je pense qu’il doit s’en inspirer et qu’il a probablement pris quelques notes à la fin de sa carrière s’il avait déjà envie d’être coach. Après, je ne connais pas non plus très bien coach Popovich car je n’ai jamais joué pour lui.

Ce basket rapide que vous pratiquez, vous avez montré que vous pouvez aussi le faire en Euroligue... À Berlin, vous prenez 52 tirs à 3-points...

Oui, c’est notre façon de jouer. On veut jouer vite. On est confiant envers nos shooteurs. On fait confiance aux gars et on applique les systèmes. Coach Splitter nous fait une confiance absolue et on continue peu importe que les tirs rentrent ou pas. On va continuer à cultiver cette idée parce que c’est ce que l’on est. On continuera peu importe si nous jouons l'Euroligue ou le championnat français.

Cette année, les joueurs sont souvent mis au repos pour éviter de trop jouer, c’est un aspect nouveau?

Oui, ça l’est. C’est vraiment nouveau et même moi, je ne l’avais jamais expérimenté. Le coach doit trouver ce bon équilibre, "ok je veux jouer l'Euroligue donc j’ai des gros temps de jeu à donner" et "ok, peut être que j’ai un peu tiré sur la corde, qui puis-je reposer?". Pour le moment, et heureusement, nous n’avons pas de blessures, mais des choses comme cela arrive en cours de saison. On va devoir trouver ce bon équilibre entre le repos mais aussi rester en rythme et en forme.

Parlons de votre niveau de jeu, 17 points, 7 passes, est-ce que les regards ont changé sur vous de la part des observateurs?

Je pense que les gens me regardent différemment. Ils avaient entendu parler de moi ou ils avaient vu ce que je pouvais faire à la télévision mais là, le faire au plus haut niveau... Cela me donne un haut niveau de confiance. Je savais en venant ici que je pouvais y parvenir. Je ne me surprend pas moi-même mais je pense que les gens me voient plus souvent jouer et me voient être capable de faire ces choses-là et j’espère le faire sur toute la saison.

Vous mesurez 1m75, beaucoup pensent qu’avec cette taille difficile de performer en Europe, vous montrez que c’est malgré tout possible?

C’est l’histoire de ma carrière. Toujours se battre face à l’adversité. Le jour où j’ai commencé à jouer au basket, j’ai toujours été le plus petit joueur sur le terrain et cela n’a jamais changé en gravissant les échelons. Je continue de prouver que ma taille n’est pas un désavantage et que les choses dont je suis capable sur le terrain marchent et continueront de marcher. J’espère pouvoir continuer à écrire d’autres chapitres.

Vous formez depuis un an un duo spectaculaire avec Nadir Hifi. Est-ce que Nadir continue de vous étonner?

Vous le voyez jouer et franchement, j’ai vu tellement de step-backs, de tirs très flashy, toutes les choses qu’il fait. Je l’ai vu tellement travailler. Il suffit de le voir à la salle. Il fait toujours des exercices en plus. Des tirs en plus. Il arrive tôt à chaque fois et fait attention à son corps. Je ne suis pas surpris des choses qu’il fait sur le terrain quand on le voit autant travailler.

Vous venez de battre Monaco chez eux en Euroligue. Gagner le championnat français est clairement dans votre esprit?

Oui clairement. La saison est très longue et on veut être compétitif dans les deux ligues, mais quand cela va arriver dans la dernière ligne droite, on sait que le club est focalisé sur être compétitif et aller chercher le championnat. L’année dernière, nous sommes allés en finale et nous n’avons pas obtenu le résultat que nous voulions. Maintenant, nous sommes dans une position, avec l’effectif que nous avons, on sent vraiment qu’à la fin de l’année avec les playoffs, nous allons pouvoir accomplir quelque chose de spécial.

Et quels sont vos objectifs personnels?

Je les garde pour moi. Mais je veux gagner autant que possible et j’espère à la fin de saison pouvoir mettre l’équipe en capacité de gagner des trophées. Maintenant que je suis à Paris, c’est la même jamais, gagner le plus possible.

Qu’est ce qui rend le Paris Basketball si spécial?

C’est un voyage incroyable. C’est un club si jeune, créé en 2018, et il est aujourd’hui en Euroligue. Je ne sais pas si les gens se rendent vraiment compte. Sûrement les gens qui l’ont vécu de l’intérieur comme David Kahn, mais le regard depuis l’extérieur, je ne suis pas sûr qu’il y ait cette conscience. Accomplir ce que Paris a fait en aussi peu de temps, jouer en Euroleague, être en haut du classement du championnat de France, c’est incroyable.

Et la vie à Paris?

Quand je suis revenu à Paris cet été, je me suis vraiment senti comme si je rentrais à la maison. Je me sens très à l’aise ici. J’adore aller au restaurant, aux matchs du Paris Saint-Germain, des choses comme ça. Être à Paris, c’est jouer ici mais aussi adopter le style de vie à la parisienne, aller au café, s’asseoir dehors, c’est vraiment une super expérience et je suis content d’avoir pris la décision de venir jouer ici et de revenir.

Vous comprenez les règles du football?

Je suis un fan même si je ne connais pas tout non plus. Mais j’aime bien le PSG que je suis allé voir. Je connais les règles car je joue un peu sur FIFA. C’est comme ça que j’ai appris. L’ambiance, c’est juste quelque chose d’incroyable.

Pour terminer, vous êtes un fan d’Allen Iverson?

Je suis un grand fan. Il a eu une énorme influence sur mon jeu. C’était un joueur incroyable, un petit meneur qui pouvait marquer surtout à une époque où le jeu était différent. Je l’ai en fond d’écran sur mon portable pour me rappeler cette époque mais aussi que des gars l’ont fait avant moi.

Propos recueillis par Arnaud Valadon