Euroligue: de la quatrième division au toit de l’Europe, l’ascension fulgurante de Monaco avant sa finale face au Fenerbahçe

Le désert, Monaco l’a traversé pour rejoindre l’Etihad Arena d’Abu Dhabi où se dispute ce Final Four de l'Euroligue. Mais avant cela, plusieurs grains de sable se sont glissés dans les rouages de la Roca Team. Fréquemment présent en première division dès les années 50, Monaco a quitté l’élite en 1991. Il a fallu attendre un quart de siècle pour revoir le basket monégasque dans la cour des grands… et des très, très grands !
De la quatrième division à l’élite en 4 ans
Engluée en Nationale 2, l’AS Monaco est devenue la première équipe dans l'histoire du basket français à être passée de la quatrième division à la première entre 2011 et 2015. Au rythme d’une montée à l’échelon supérieur par saison, le club du Rocher s’est refait un nom sous l’impulsion de deux mécènes. Sergey Dyadechko, devenu président en 2014 puis son successeur Aleksej Fedoricsev depuis 2022. Ce Russo-Hongrois de 69 ans, à la tête de la société Fedcom, n’a d’ailleurs pas hésité à lancer lui-même les chants des supporters monégasques lors de la demi-finale. “C'est un passionné", observe Ali Traoré, ancien joueur monégasque et consultant pour la chaîne Skweek. "On le voit pendant les matchs. Il est aussi très humain, considère son équipe comme une famille."
"Il ne faut pas banaliser ce qu’ils font, c'est complètement fou"
La famille de l’ASM continue d’ailleurs de s’agrandir. Le club se structure encore notamment dans les bureaux pour répondre aux exigences du très haut niveau. Le club ne possède par exemple que depuis un an une boutique en ligne et un directeur marketing. Sportivement en revanche, il n’y a pas eu de perte de temps constate Ali Traoré: "Le club a des gros moyens, s'est structuré et a recruté des joueurs rapidement, mais on voit dans le sport que l'argent ne fait pas tout. L’excellence est dans la culture du club depuis plusieurs années et là il ne faut pas banaliser ce qu’ils font, c'est complètement fou ! Pour moi, il n'y a pas de précédent."
Avec l’actuel neuvième budget de l’Euroligue (29 millions d'euros), le club du Rocher est constant sur la scène continentale après avoir perdu en 2018 la finale de la BCL (Basketball Champions League), troisième compétition continentale, et remporté sa grande sœur, l’Eurocoupe, en 2021.
La régularité au plus au niveau depuis 2021
En quatre saisons en Euroligue, Monaco s’est hissé quatre fois en playoffs, s’est qualifié deux fois pour le Final Four et a donc une finale à disputer ce dimanche contre le Fenerbahçe (19h). "On a construit cette réussite depuis trois ou quatre ans", se félicite l’ailier américain Jaron Blossomgame. "Il y a un noyau solide auquel s'ajoutent chaque année des renforts de qualité. C’est un processus et c’est un honneur d’en faire partie."
Le manager général Oleksiy Yefimov se réjouit: "Nous avons montré que nous pouvions être réguliers et compétitifs à ce niveau. La première année, les gens pensaient qu'il s'agissait d'un conte de fées. Maintenant, Monaco est vu différemment. Je pense que personne n’imagine que nous ne disputons seulement notre quatrième saison en Euroligue." Il ne manque plus qu’une couronne pour récompenser le club princier.
NBA Europe ou Euroligue, Monaco veut une nouvelle arène pour continuer de grandir
Étincelant vendredi soir, Alpha Diallo voit lui aussi son club prendre une nouvelle dimension: "On avait été éliminés à deux reprises par l’Olympiacos en quarts (2022) puis en demie (2023). Franchir cet obstacle cette année est un vrai accomplissement qui témoigne de notre évolution."
L’ancien international Ali Traoré complète: "Monaco a gagné le respect des adversaires face à des mastodontes tels que le Real Madrid, Barcelone, l’Olympiacos, Fenerbahçe…” À la différence que niveau infrastructures, l’ASM joue dans une salle bien plus étroite que ses rivaux (4500 places, contre 15.000 au Panathinaïkos ou 19.000 à l’Olympiacos). Pour rester attractif aux yeux de l’Euroligue et du projet NBA Europe, Monaco veut se doter d’une nouvelle salle: "Il devrait s'agir d'un lieu polyvalent", affirme Oleksiy Yefimov. "On y jouera au basket vingt à trente fois par an mais on veut que cette salle génère constamment des bénéfices grâce à des concerts ou des expositions." Un bel écrin mais d’abord la Roca Team veut s’offrir un somptueux trophée: l’Euroligue.