"Se battre contre quelqu’un qui vous veut du mal tous les soirs, c’est le plus dur", les confidences de Victor Wembanyama sur la NBA

Victor Wembanyama, travaillez-vous vos gestes en vue du Skills challenge du All-Star Game?
Oui, tous les jours. Je pratique mes skills. Je ne pratique pas particulièrement pour le challenge, je le fais juste naturellement. Étonnamment, je n’ai pas trop fait attention à ça parce que nous sommes focalisés sur la saison. Ça va être fou de faire partie de cet évènement. Le temps d’un week-end, ce sera l’endroit de la NBA. C’est juste spécial.
Comment allez-vous physiquement?
Je suis fatigué. L’entraînement était dur mais je suis mieux qu’avant heureusement. A ce moment de la saison, nous sommes bien.
"Les gens en face veulent te tuer ou dunker sur toi"
Qu’est-ce qui vous a le plus surpris depuis vos débuts en NBA?
Tout m’a surpris, et il y a des choses qui continuent de me surprendre. Le plus dur n’est pas physiquement, mais mentalement, d’aller sur le terrain chaque soir et de se battre pour l’équipe. Parce que les gens en face veulent te tuer ou dunker sur toi. Se battre parce que nous avons beaucoup de progrès à faire. C’est dur d’appliquer ce que l’entraîneur dit. C’est, je pense, la chose qui m’a le plus surpris. C’est la bataille la plus difficile, pas le physique.
Nous sommes dans de telles bonnes conditions, nous avons tout pour récupérer. Pour notre corps, on prend notre temps pour tout faire. Notre corps prend le temps de s’adapter. Maintenant, nous sommes dans un rythme normal. Je dors mieux quand je joue trois ou quatre matchs par semaine.
Y a-t-il une personne que vous n’avez pas encore rencontrée et que vous voulez rencontrer lors du All-Star Game?
Je crois que nous avons joué contre presque tout le monde, peut-être pas Brooklyn. Je ne suis pas encore tourné vers ça, je suis focalisé sur le moment présent. Partager des expériences, c’est toujours bon. Regarder des gars qui ont traversé les mêmes choses que moi. Ils me montrent beaucoup de respect parce qu’ils savent ce que je suis en train de traverser. C’est vraiment bien de rencontrer des gars qui sont des gens biens.
Les matchs deviennent-ils plus faciles?
Je ne dirais pas plus faciles parce que tu affrontes les meilleurs tireurs, les meilleurs joueurs du monde. C’est dur, ce n’est pas plus facile. Mais oui, c’est différent.
Votre blessure vous a-t-elle permis de prendre un pas de recul depuis vos débuts en NBA?
Je ne me suis pas blessé, c'était une restriction pour réduire l'inflammation. On ne peut pas savoir comment cela se serait passé sans ses restrictions. Le but est de prendre un peu de repos pour laisser le corps se régénérer. Forcément, ça aide, mais c'est aussi le but.
Vous venez de jouer 44 matchs en 101 jours, soit presque le même total que sur toute la saison dernière. Comment avez-vous digéré cet enchaînement?
Dit comme ça, ça semble fou. Ici, on a vraiment fait les choses petit à petit, on a laissé le temps à mon corps de s'adapter. C’est devenu mon rythme normal, même si c'est dur. La chose la plus difficile, c’est surtout mentalement, sur le terrain, d’être présent tous les soirs, et appliqué. Les 150 consignes techniques et tactiques qu’on vous donne, et de devoir se battre contre quelqu’un qui vous veut du mal tous les soirs, c’est ça le plus dur.
"Certains matchs où j’ai plus l’impression de contrôler le rythme du jeu"
Avez-vous un hypnotiseur ou un préparateur mental pour vous aider?
Un peu de tout. Les thérapeutes et tout le monde pensent avoir la solution qui va soigner les problèmes. Mais la vérité, c’est que c’est un cumul de choses. Personne n’a de solution miracle. J’ai remarqué que la quantité, c’est bien en termes de récupération. La quantité et la régularité. Tout ce qu’on peut faire, ça aide. Un bain froid ne va pas changer grand-chose mais un bain froid, ajouté à un étirement, plus un "normatech", c’est le cumul des choses qui est vraiment bon pour la récup.
Avez-vous le sentiment d’avoir progressé dans la compréhension du jeu?
Éviter la précipitation, c’était aussi une progression sur la saison de mon côté. Il y a très peu de matchs de présaison et on a peu de temps pour s’adapter. C’est sûr que c’était la plus grosse adaptation tactique que j’ai dû faire personnellement, reconnaître la situation, mieux lire le jeu tout simplement, parce que je ne n’avais pas l’habitude. Je trouve que le constat est satisfaisant. A chaque match, j’ai l’impression qu’on s’est amélioré et que je me suis mieux adapté à mes coéquipiers, aux systèmes et aux principes de jeu.
Avez-vous un match en particulier où vous avez eu la sensation de voir les choses au ralenti?
Il y a toujours des hauts et des bas, des matchs avec, d’autres sans. Ça se voit avec des très grands joueurs comme Jokic ou Embiid, ce sont eux qui contrôlent le tempo du jeu, ils ne sont jamais précipités. Ce sont eux qui précipitent leurs adversaires. Il y a certains matchs, ça se traduit directement sur les victoires, les défaites et les stats mais il y a certains matchs où j’ai plus l’impression de contrôler le rythme du jeu.