Bernard Bourreau arrête après les Mondiaux ratés : "On essaie de faire au mieux mais je ne peux pas pédaler à leur place"

Bernard Bourreau aux côtés d'Alaphilippe - Copyright FFC/P.Pichon
Bernard Bourreau, pour quelles raisons démissionnez-vous de votre poste de sélectionneur de l’équipe de France élite ?
Il y a d’abord la longueur de ma carrière, le temps et l’âge (65 ans). Ça fait 32 ans que je suis des équipes de France et 50 ans que je suis dans le haut niveau. C’est le moment d’arrêter. Je vais me consacrer à ma famille, que j’ai un peu délaissée par moment. J’ai besoin d’elle et ils ont besoin de moi. J’ai apporté au vélo. C’est une décision mûrement réfléchie. Je n’ai pas de record à battre.
Ce qu'il s’est passé aux Mondiaux au Qatar a-t-il pu vous conforter dans votre décision ?
Non. Le Qatar est une course comme j’en ai eu dans ma carrière. J’ai eu des bons et des mauvais souvenirs. Le Qatar ne figure pas parmi les bons. Mais ce n’est pas ça qui a précipité mon arrêt.
Cela ne se termine pas aussi bien que vous l'aviez souhaité, notamment au vu des bons résultats que vous avez obtenu dans les catégories de jeunes….
C’est sûr. Mais mon bilan pendant les quatre ans n’est pas plus mauvais que celui de mes prédécesseurs. Il y a eu un très bon championnat d’Europe, il y a eu les Jeux olympiques, où lors de l’épreuve sur route, on est rarement passé aussi près d’une médaille (Julian Alaphilippe a terminé à la 4e place, ndlr). C’est une satisfaction autant qu’un regret. Jérôme Coppel est monté sur un podium d’un contre-la-montre (3e lors des Mondiaux 2015). C’était un de mes élèves en juniors et en espoirs. Cela faisait 20 ans qu’un coureur n’était pas monté sur un podium chez les pros. Il y avait Dumoulin, Cancellara et compagnie. On essaie de faire au mieux mais moi, je ne peux pas pédaler à leur place.
A-t-on essayé de vous retenir lorsque vous avez présenté votre démission ?
(Enervé) Je serai beaucoup plus soulagé quand je n’aurai plus affaire aux questions tordues que vous êtes en train de me poser ! Je vous l’ai dit. Ne cherchez pas à savoir…
Mais vous avez dû avoir une discussion avec le président de la Fédération...
On a discuté assez longuement. On a bien parlé et on doit se revoir encore pour casser la croute ensemble. Mais il a complètement compris ! C’est moi qui ai envoyé en premier ma lettre pour arrêter. Ce n’est pas une démission mais une lettre d’arrêt de mon activité.
Avez-vous évoqué les pistes concernant votre successeur ?
Non. On en parlera peut-être. Ça va dépendre des futures élections et du futur président (élu en mars 2017, ndlr). Moi, ce n’est plus mon problème ! J’ai tenu un rôle de sélectionneur, d’entraîneur national. Maintenant, la roue tourne.
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