Mondiaux de cyclisme: le parcours, les favoris, les chances françaises... Tout ce qu'il faut savoir avant la course à Glasgow

Le règne de Remco Evenepoel aura été plus court que celui de ses prédécesseurs. Sacré champion du monde le 25 septembre dernier en Australie, le Belge remet son maillot arc-en-ciel en jeu ce dimanche (6 août) à Glasgow. Une fois n'est pas coutume, la course en ligne des Mondiaux se tiendra deux semaines après l'arrivée du Tour de France.
Une date inhabituelle
En 2020, Julian Alaphilippe avait obtenu son premier titre mondial une semaine après le Tour de France mais le calendrier avait été resserré en raison du Covid. Cette fois, pour la première fois de son histoire, l'Union cycliste internationale (UCI) a réuni plusieurs disciplines - 13 au total - pour l'organisation de "super" championnats du monde. Par conséquent, la date des Mondiaux a été décalée pour le cyclisme sur route, là où traditionnellement les courses se tiennent fin septembre.
Forcément, la préparation n'est pas la même pour les coureurs, qui sortent principalement du Tour de France et qui doivent donc "surcompenser", là où le Tour d'Espagne tient d'habitude ce rôle en vue du Mondial. En clair, les leaders ont surtout tenté de maintenir leur forme, tout en tentant de se "régénérer physiquement et mentalement" pour l'objectif. Néanmoins, seuls Tadej Pogacar et Valentin Madouas seront présents en Ecosse parmi les coureurs qui ont terminé dans le top 20 de la Grande Boucle.
Le trident belge impressionne
Du côté des principaux favoris, seuls Remco Evenepoel et l'Australien Michael Matthews ne sont pas passés par le Tour de France cet été. Le tenant du titre devra composer avec Wout van Aert et Jasper Philipsen au sein d'un collectif belge "impressionnant" comme l'assume Evenepoel lui-même. "J'aurais également peur si je roulais pour un autre pays, a clamé le protégé de Patrick Lefevere. J'ai disputé trois courses d'un jour cette année et j'ai gagné les trois", a aussi rappelé Remco Evenepoel, comme pour affirmer son statut face aux autres leaders.
En 2021, à domicile à Louvain, avec déjà un rôle de grande favorite, la Belgique s'était déchirée entre Van Aert et Evenepoel. "Les trois nous offrent l'option de courir soit de manière offensive soit de manière défensive. C'est un luxe", a assuré le sélectionneur Sven Vanthourenhout. Un luxe que n'aura pas Tadej Pogacar, bien seul au sein d'une équipe slovène sans Matej Mohoric ou Primoz Roglic par exemple. Autre favori, le Néerlandais Mathieu van der Poel aura une sélection solide autour de lui, tout comme Mads Pedersen pour le Danemark. Champion d'Europe à Glasgow en 2018 sur un tracé assez similaire devant van der Poel et Van Aert, Matteo Trentin emmènera lui une sélection italienne en recul par rapport à ses grandes années. Le Suisse Marc Hirschi et l'Américain Neilson Powless seront aussi des outsiders à suivre.

Laporte, la "meilleure carte" française
Championne du monde grâce à Julian Alaphilippe en 2020 et 2021 et deuxième avec Christophe Laporte l'an passé, l'équipe de France aura elle encore un beau rôle à jouer avec ses deux hommes mais aussi Valentin Madouas ou Benoît Cosnefroy. "Les Belges sont favoris, on leur laisse ce rôle-là mais on a aussi des ambitions", a indiqué le sélectionneur Thomas Voeckler pour RMC.
Ces dernières années, l'équipe de France a pris l'habitude de créer du mouvement et d'être offensive. Si Christophe Laporte est la "meilleure carte" des Bleus selon Alaphilippe et Voeckler, les sept autres coureurs ne devront pas forcément épauler le coureur de la Jumbo-Visma. "C’est une course où il faudra beaucoup d’autonomie", a prévenu Voeckler en prévision d'un circuit exigeant. Toutefois, le tacticien sait que sa stratégie sera scrutée. "Je n'attends plus rien depuis l'an dernier, on a eu l'impression que si on ne bougeait pas, rien ne se passait, s'est agacé Voeckler dans l'Equipe. Ça me saoule qu'on attende que l'équipe de France soit agressive, on n'est pas des pantins."
Un parcours technique et exigeant avec 480 virages en dix tours de circuit
Dimanche, il faudra parcourir 271 kilomètres avec 3570 mètres de dénivelé pour être champion du monde. Le parcours semble taillé pour les hommes forts même si les difficultés, prises individuellement, n'ont rien d'insurmontable. Après un début de journée le long de l'estuaire du Forth, les coureurs effectueront à dix reprises un circuit urbain de 14,3 kilomètres avec 48 virages par tour.
Il y aura donc 480 virages sur le circuit final, soit pratiquement autant de relances et d'efforts qui vont user les organismes. "Je n'aime pas le parcours. C'est un parcours de critérium, sauf qu'on est au Championnat du monde", a critiqué d'ailleurs Thomas Voeckler. Même son de cloche pour le Belge Tiesj Benoot: "C'est peut-être le moins beau parcours des Mondiaux depuis que je suis pro. Mais le fait qu’il soit si technique, le rend spécial. C’est un peu comme un critérium, avec beaucoup de virages."
Les spécialistes prétendent que le parcours ressemble à celui d'un cyclo-cross, où Mathieu van der Poel et Wout van Aert ont l'habitude de courir. "Au bout de deux tours, je n'avais plus aucune idée d'où était la bosse, j'étais désorienté et dimanche avec le public, ce sera pire", a confié Alaphilippe à l'Equipe par rapport à cette spécificité du tracé ecossais. "La personne qui a dessiné ça est tordue, s'est amusé lui Benoit Cosnefroy. Elle était bourrée je crois et en plus, personne ne lui a dit 't'es partie trop loin dans ton délire'."