Mondiaux de cyclisme: Quels sont les favoris?

Julian Alaphilippe - ICON SPORT
On avait plus vu aussi long depuis les années 70! Dimanche, 284,5 kilomètres sont au programme entre Leeds et Harrogate en Angleterre pour la course en ligne masculine des mondiaux de cyclisme sur route 2019. Sans haute montagne mais avec un parcours très vallonné dans la très pittoresque région du Yorkshire, punchers et sprinters les plus robustes devraient être à la fête. Dans le détail: environ 3.000 mètres de dénivelé positif, un circuit final à effectuer à sept reprises avec à chaque fois une difficulté d’1,1km à 5.6% et une bosse de 250 mètres dans le final. Le tout avec une météo incertaine mais à priori froide et pluvieuse. Bref, la course s’annonce passionnante. D’autant que le plateau est monstrueux. Nos favoris.
5 étoiles
Matthieu Van Der Poel/Pays-Bas: "LE PRODIGE"
Il est pour tous l’homme à battre dimanche. Et de fait, le petit fils de Raymond Poulidor sort rarement de sa tanière pour rien. Habitué aux joutes du cyclocross, ses quelques résultats sur route cette année sont impressionnants. Vainqueur de l’Amstel Gold Race et de la Flèche Brabançonne au printemps, il avait à chaque fois fait parler sa pointe de vitesse pour dominer ses adversaires de main de maître. Multicartes, le Néerlandais a tout autant impressionné sur le Tour de Grande Bretagne remporté haut la main à la mi-septembre. A 24 ans, il a la pancarte dans le dos pour ces mondiaux. Mais a-t-il la pression? Non. "La pression je ne connais pas vraiment. Je suis réaliste, j’ai une chance de gagner, mais beaucoup de gars peuvent s’imposer. J’ai plus de chances de perdre que de gagner."
4 étoiles
Julian Alaphilippe/France: "LE BOSS"
"La meilleure giclette du peloton", selon le Belge Oliver Naesen qui en a notamment fait les frais lors de Milan-San Remo au printemps. La Primavera, Les Strade Bianche quelques jours avants, la Flèche Wallonne quelques semaines après... Pas grand-chose ne résiste à "Loulou" en cette année 2019. Numéro 1 mondial, porteur du maillot jaune pendant deux semaines sur le dernier Tour de France, il a gagné à peu près partout où il est passé. Son punch, son instinct, et sa résistance à l’effort en font l’un des principaux favoris de la course dimanche, lui qui a frôlé la médaille en 2017 à Bergen en Norvège. Avec une équipe entièrement à son service, il sera en Angleterre dans un vrai carrosse. Mais attention, la saison a été longue, et ses récentes 7e et 13e places lors de classiques au Canada, n’ont pas forcément de quoi rassurer. "Faux", dit-on dans son entourage. "Justement, il a été présent dans le final, il a attaqué… il monte en puissance."
Peter Sagan/Slovaquie: "DARK VADOR"
Avoir Peter Sagan dans une course, c’est l’assurance de voir le Slovaque (presque) toujours jouer la gagne à la fin. Surtout quand il s’agit de championnats du monde. Triple vainqueur de l'épreuve (2016, 2017 et 2018), il s’était fait logiquement chiper son maillot arc-en-ciel l’an passé sur le parcours très escarpé d’Innsbruck en Autriche. Cette année, le profil lui convient bien mieux et en cas de victoire, il deviendrait le premier coureur de l’histoire du cyclisme sur route à devenir quadruple champion du monde sur la course en ligne. Si sa saison, marquée entre autres par des problèmes personnels, est nettement moins réussie que 2018, il n’en reste pas moins lauréat du maillot vert du dernier Tour de France et donc un homme sur lequel il faut compter. Une épine dans son pied comme chaque année aux mondiaux: il ne pourra pas compter sur une équipe de grande qualité.
Philippe Gilbert/Belgique: "L’ANCIEN"
A 37 ans, et après une saison 2018 décevante, aurait-il trouvé le secret de la jeunesse éternelle? Sublime vainqueur du dernier Paris-Roubaix devant Nils Politt, il a récidivé sur le Tour d’Espagne en remportant deux étapes avec autorité. Champion du monde en 2012 dans le Limbourg aux Pays-Bas, sur un parcours aux étonnantes similarités avec celui de cette année (et après avoir déjà remporté cette année-là deux étapes sur la Vuelta), il a le chic pour fausser compagnie à l’assistance. D'autant qu'il appartient à une équipe de Belgique à la très fière allure où le danger peut venir de partout. Van Avermaet (co-leader avec Gilbert), Evenepoel, Naesen, Teuns, Wellens, Lampaert. Une équipe XXL pour briller, et en plus "moins de pression que d’autres adversaires, car j’ai déjà été champion du monde", explique le Wallon. "Gagner serait génial, mais perdre, ça ne changerait pas grand-chose à mon palmarès."
3 étoiles
Michael Matthews/Australie: "LA BELLE COTE"
Son début de saison avait été marqué par une chute effroyable sur Paris-Roubaix. 6e du Tour des Flandres quelques semaines plus tard, il n’a pas pu revenir à son niveau lors du Tour, et n’a pas été en mesure de jouer de victoire d’étape. Mais son récent succès sur le GP cycliste du Québec plein d’autorité devant Sagan, Van Avermaet ou Alaphilippe ont de quoi en faire un favori légitime dimanche. Mais comme pour Peter Sagan, il ne pourra en revanche pas compter sur un collectif très étoffé pour lui permettre de jouer la gagne.
Matteo Trentin/Italie: "L’ETERNEL TROUBLE-FÊTE"
L’Italien est un modèle de combattant. Champion d’Europe en 2018, il fait partie de cette race très rare de bons sprinteurs capables aussi de gagner en moyenne montagne. Ça ne lui servira pas en Angleterre, mais ça en dit long sur la résistance du bonhomme à l’effort. Au sein d’une équipe d’Italie à la qualité certaine, il aura sa carte à jouer et pourrait être un sacré poison pour ses adversaires. Il a récemment croisé le fer avec Van Der Poel sur le Tour de Grande Bretagne. Certes, il a perdu aux points face au Néerlandais, mais ne fût pas si ridicule que cela.
1 étoile
Remco Evenepoel/Belgique: "Le JEUNE"
Parce que rien ne lui résiste depuis qu’il est passé pro en début d’année, le jeune coureur belge de 19 ans revient dans les conversations dès qu’il s’agit de citer un outsider. "Un modèle de précocité, un phénomène, très mature et très pro", raconte son compagnon de chambre Philippe Gilbert. "Être comme lui à cet âge-là, c’est du jamais vu, il ne répond pas aux règles du cyclisme traditionnel", poursuit Oliver Naesen. "Et pourtant il ne fait du vélo que depuis quelques années alors que nous on est dessus depuis 20 ans", conclut Tim Wellens autre membre de l’équipe de Belgique. Remco Evenepoel avait entamé une carrière de footballeur (il fût international dans les catégories jeunes) avant de se mettre au vélo en 2017. En quelques mois sur le circuit pro il a déjà été sacré champion d’Europe et vice-champion du monde du contre-la-montre, et a remporté la Classique San Sebastian. Ça vous classe un gamin.
Et aussi … Alejandro Valverde, l’Espagnol champion du monde en titre. Aleksey Lutsenko, le Kazakh, champion du monde espoir 2016 et en grande forme ces dernières semaines, ou encore Sam Bennett, Pascal Ackermann et Greg Van Avermaet...