Seixas "pas là pour découvrir", Alaphilippe au service du collectif... Voeckler en dit plus sur la tactique de la France aux Mondiaux de cyclisme au Rwanda

Comment exister face à l'immense favori? Tadej Pogacar arrive cette semaine au Rwanda pour les Championnats du monde de cyclisme avec le statut d'épouvantail. Si le duel avec Remco Evenepoel s'annonce épique ce dimanche lors du contre-la-montre individuel, la course en ligne le 28 septembre - annoncée comme la plus dure de l'histoire des Mondiaux - est promise à l'ogre slovène qui ne laisse plus rien à ses concurrents depuis deux saisons.
De quoi décourager l'équipe de France? Absolument pas, selon son sélectionneur. Invité du podcast de RMC "Grand Plateau" ce lundi - quelques heures après l'annonce des huit coureurs sélectionnés - Thomas Voekcler a donné quelques pistes sur ses ambitions et son état d'esprit. "S'il y a un dixième de pourcent de chance, un demi-pourcent de chance ou un pourcent de chance qu'on soit champions du monde, on va la saisir", a clamé l'ancien porteur du maillot jaune sur le Tour de France.
"Tout tenter quitte à ne rien ramener"
D'après lui, il faudra saisir les opportunités que propose l'épouvantable parcours de 267,5 kilomètres et ses près de 5.500 mètres de dénivelé positif. Pas question de subir l'attaque de Tadej Pogacar qu'il attend "à 90 kilomètres de l'arrivée" dans le Mont Kigali (5.9km à 6.9%). "Ça induit d'avoir une mentalité de tout tenter quitte à ne rien ramener", a déclaré Thomas Voeckler, avant d'assurer que ses hommes n'allaient pas "faire de l'animation non plus, ne pas chercher à exister pour exister."
Alors, pourquoi pas s'inspirer de la récente victoire pleine de panache de Julian Alaphilippe au Grand Prix de Québec. Parti dans un contre de costauds loin de l'arrivée, le double champion du monde français s'est joué de ses partenaires d'échappée pour s'imposer en solitaire et déjouer les plans des UAE de Tadej Pogacar. "Ce qui m'a le plus épaté dans sa victoire à Québec, c'est de réussir à avoir la lucidité de faire en fonction de l'adversité et de ses moyens du jour et en ayant tout de même confiance à la fin pour mettre la pipe qu'il a mise", a confié le sélectionneur des Bleus.
De belles performances au Tour de Grande-Bretagne (3e du général) et sur les classiques canadiennes qui pourraient le propulser en tant que leader de l'équipe de France. À moins que Thomas Voeckler n'ait d'autres plans en tête. Selon lui, Julian Alaphilippe "est tout à fait le genre de mec qui peut sans problème se sacrifier pour un jeune ou pour un autre et c'est ce que je veux aussi".
Des rôles "interchangeables"
Car la hiérarchie n'est pas encore établie. "On n'est pas en 2020 ou en 2021, avec le meilleur puncheur du monde en magasin et sept coureurs qui vont rouler pour lui", a-t-il rappelé. Et d'ajouter: "Ce sont des rôles qui pourront être interchangeables selon les circonstances de course. Mais moi, j'ai envie qu'on essaye quand même quelque chose, et oui, quand on veut essayer quelque chose et ne pas attendre de subir, il faut des rôles bien désignés. Et ça, je me casse la tête toute l'année pour arriver dans ce 'money time', cette dernière ligne droite où j'ai une idée précise de ce qu'on va essayer de faire, à quel moment de la course, ça peut d'ailleurs être des moments avec un 's"."
Dans sa sélection, Thomas Voeckler a fait appel à des hommes en forme comme Pavel Sivakov (coureur le plus en vue lors des Mondiaux en 2024 et à son aise à Montréal dimanche), Valentin Paret-Peintre (vainqueur au sommet du Mont Ventoux sur le Tour) ou encore la pépite Paul Seixas (8e du Critérium du Dauphiné et récent vainqueur du Tour de l'Avenir).
Sélectionné pour le contre-la-montre après le forfait de Kévin Vauquelin afin d'engranger de l'expérience, le crack de 18 ans ne s'alignera pas sur la course en ligne pour faire le nombre. "Je l'attends comme un coureur qui a sa place, pas parce qu'il est jeune et talentueux, mais parce qu’il est dans les meilleurs du pays sur un parcours aussi dur que ça, face à une adversité comme celle-là", a rappelé le consultant pour France Télévisions. "Il n'est pas là pour apprendre, découvrir. Il aura un rôle qui peut évoluer selon ses sensations, selon les rôles que je donnerai à chacun ou plutôt même des statuts que je donnerai à chacun, mais il n'est pas là pour découvrir."