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Mondiaux de cyclisme: "Si je peux reprendre le maillot, je ne vais pas penser que c'est un fardeau", prévient Alaphilippe

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Double champion du monde en 2020 et 2021, Julian Alaphilippe arrive en forme pour les Mondiaux de cyclisme à Zurich en Suisse, dont la course en ligne masculine se courra ce dimanche sur 273 km jalonnés de 17 ascensions. Et même s'il a perdu de son aura d'antan, l'Auvergnat de 32 ans fait toujours partie des outsiders à surveiller. Au micro de RMC, il se dit en tout cas prêt à re-goûter à la saveur du maillot arc-en-ciel.

Julian, encore une sélection pour les Mondiaux, la huitième de votre carrière, la septième d'affilée, et un beau titre à aller chercher, c'est forcément un objectif qui vous anime, vous et toute l'équipe de France ?

Oui on va essayer, on est super motivés. On a fait la reconnaissance vendredi matin, c'est vraiment un beau parcours, on a une belle équipe. On est motivés pour donner le maximum, même si on sait que ça ne sera pas évident. L'état d'esprit est là, je pense que physiquement aussi tout le monde est bien et on a hâte de donner le maximum pour faire la plus belle course possible.

Pas évident, avec notamment les grands favoris, Pogacar, Evenepoel, Van Der Poel, etc. On arrive ici quand même pour aller gagner ou on joue le podium ?

Non, on est là pour essayer de gagner la course, ça c'est sûr. On sait que ça sera dur, mais c'est à nous de donner le maximum, de faire ce qu'on peut avec nos moyens et faire la course qu'on doit faire. Tout simplement, ne pas se calquer sur eux, ne pas attendre, on ne veut pas avoir de regrets. Comme l'a dit Thomas Voeckler (le sélectionneur), il préfère qu'on fasse 15e et qu'on ait tout donné plutôt qu'être resté dans les roues et avoir eu l'envie de suivre et ne pas y être arrivé. Là on peut nourrir des regrets, mais ce ne sera pas le cas dimanche parce qu'on donnera le maximum.

Expliquez-nous pourquoi vous appréciez autant le circuit final de 26,8km ici à Zurich...

J'adore, parce qu'il demande toutes les qualités qu'un coureur doit avoir. C'est un circuit usant, technique, punchy, avec une bosse un peu plus longue, pas énormément de parties de récupération finalement. Ça va être une course longue, quasiment 280 kilomètres, donc j'ai adoré la reconnaissance. J'espère qu'on aura un peu de chance niveau météo, mais j'ai hâte d'être dimanche.

Vous vous estimez plus en forme que lors des Jeux olympiques, où vous terminez 11e mais en subissant un peu la course ?

Oui, je me sens plus en forme qu'aux JO. Je pense qu'aux JO j'étais bien, mais il me manquait certainement un peu pour jouer les premiers rôles. Le fait que je n'avais pas fait le Tour et ma préparation un peu différente ont joué. Je pense que j'étais en train d'attaquer ma remontée en forme à ce moment-là. Je n'étais pas non plus nul, mais je veux dire que j'ai quand même pas mal subi la course. Depuis les JO je me sens de mieux en mieux, donc j'ai pu me faire plaisir et me rassurer.

Ça promet du grand Julian dimanche ?

Je ne sais pas, mais en tout cas je suis motivé, ça c'est sûr, je vais tout donner parce que vous connaissez ma motivation et mon état d'esprit pour les Bleus et je pense qu'avec l'équipe sur un parcours comme ça, vraiment, on peut se faire plaisir et tout donner, on va le faire, donc j'espère qu'on sera dans une grande journée.

Qu'est ce qui fait que depuis 2018 l'équipe de France empile à ce point-là les médailles sur les grands championnats ? C'est une sorte de magie initiée par le sélectionneur Thomas Voeckler ?

Il n'y a pas de magie, c'est juste, je pense, le fait de bien s'entendre tous ensemble et d'être à la quête de vivre des émotions qu'on sait qu'on ne peut vivre qu'en se sacrifiant, qu'en donnant le meilleur de nous-mêmes les uns pour les autres et je pense que voilà, c'est l'état d'esprit qui règne dans l'équipe de France et qui nous procure un avantage.

Le maillot de champion du monde vous fait toujours autant rêver ? 

Ouais, ouais, ouais, bien sûr. C'était et ça restera pour moi toujours le plus beau maillot dans le cyclisme, donc j'ai eu la chance de le porter deux ans, mais ça reste le plus beau maillot, donc dimanche c'est la course pour aller le chercher.

Quand vous l'aviez perdu en Australie en 2022, vous étiez pourtant presque soulagé de vous débarrasser du fardeau...

Oui, ça a pu être un fardeau dans le sens où c'est un maillot qu'on a envie de faire briller. On sait le poids qu'il pèse parce qu'il représente, comme j'ai dit, tellement dans le cyclisme, mais j'ai eu aussi l'occasion et l'obligation de le porter alors que j'étais presque au fond du trou. Là, il a pesé plus lourd. Là, c'était un fardeau, mais je pense que ça fait partie d'une carrière d'avoir des moments plus difficiles, même en étant champion du monde. Si je peux le reprendre dimanche, je ne vais pas penser que c'est un fardeau.

Propos recueillis par Arnaud Souque, à Dürnten (Suisse)