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Chutes dans le cyclisme: le coup de gueule de Madiot, qui trouve "lamentable" de critiquer les coureurs

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Marc Madiot, le manager de Groupama-FDJ, s'est exprimé dans les Grandes Gueules du Sport, samedi sur RMC, au sujet de la recrudescence des chutes dans le peloton. D'après lui, c'est "lamentable" de remettre ça "sur le dos des coureurs".

À qui la faute ? C'est la grande question qui anime le monde du cyclisme, depuis quelques jours et la grosse chute intervenue au Tour du Pays basque, dernière d'une longue série. Certains, parfois des coureurs eux-mêmes, pointent en partie la responsabilité des athlètes, qui prennent toujours plus de risques au sein du peloton. Mais pour Marc Madiot, le manager de Groupama-FDJ, les coureurs ne sont pas les fautifs.

"Je suis remonté sur le sujet. C'est toujours la solution de facilité qui est trouvée en mettant la responsabilité sur les coureurs et les équipes, a-t-il regretté dans les Grandes Gueules du Sport, samedi sur RMC. Il y a une petite musique qui circule en ce moment pour dire qu'on va mettre des cartons jaune et rouge. Je trouve ça lamentable qu'on remette ça sur le dos des coureurs."

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"On ne fait pas ce qu'on devrait faire. Moi le premier."

En tant que patron d'équipe, Madiot estime que les coureurs font leur boulot et que c'est au reste du milieu de les protéger. "Ils sont là pour faire une compétition. On leur demande d'être préparés, d'etre au top, performants, et on laisse penser que c'est peut-être de leur faute si ça se passe mal, souligne-t-il. C'est trop facile. On a toujours le même débat, parce qu'il ne se passe rien. Mais le coureur est là pour être compétitif, opérationnel, et c'est à nous, l'ensemble du cyclisme, de le protéger."

Rien que depuis quinze jours, quatre courses ont été interrompues à cause du manque d'ambulances pour prendre en charges les coureurs blessés : le Tour du Pays basque, Cholet Agglo Tour, la Roue Tourangelle et Paris-Camembert. "Il n'y a pas assez d'ambulances sur une compétition sportive, rendez-vous compte, peste Madiot. Il faut regarder les choses en face. On ne fait pas ce qu'on devrait faire. Moi le premier."

Marc Madiot reconnaît que lui-même doit remettre en question ses pratiques. "On devrait tous faire quelque chose. Moi le premier je devrais accepter de ne plus avoir de moyen de communication direct avec mes coureurs. Moi le premier je devrais peut-être accepter de revenir aux freins à patins, même si je vais mettre en difficulté mes coureurs par rapport à la concurrence." Mais le manager français est conscient du phénomène à l'oeuvre : sans mesures prises par les instances, tout le monde continue.

"Je souhaite que mon fils ne fasse pas de vélo"

"Vous savez ce qu'on va faire à deux kilomètres de l'entrée de la Trouée d'Arenberg dimanche ?, interroge-t-il en vue de Paris-Roubaix. Dans les 24 bagnoles, on va tous dire la même chose : il faut virer dans les 5 premiers. Remontez, remontez, placez vous. On est dans le rôle du sportif." Mais alors quelles sont les solutions ? Madiot fait la liste, non-exhaustive : "On peut retirer les oreillettes, on peut alourdir les vélos, réduires les braquets, changer les freins, masquer les capteurs de puissance."

En attendant, le peloton reste à la merci des chutes, parfois graves. De quoi effrayer même les plus avertis. "Le cyclisme c'est ma vie, ma passion, conclut Marc Madiot. J'ai un gamin qui a 13 ans, qui a commencé à faire un peu de vélo. Aujourd'hui, je suis heureux qu'il n'ait pas envie de faire de compétition. C'est terrible, que moi je souhaite que mon fils ne fasse pas de vélo."

RW