Cyclisme: "Je pensais que j’allais mourir", Jakobsen raconte sa terrifiante chute

Une contusion cérébrale, le crâne fracturé, le nez et la bouche cassés, centre trente points de suture au visage, une paralysie de la corde vocale, mais aussi une énorme frayeur qu’il n’est pas prêt d’oublier. Fabio Jakobsen porte encore les séquelles physiques et mentales de sa terrible chute survenue au terme de la première étape du Tour de Pologne, le 5 août dernier, alors que Dylan Groenewegen (Jumbo-Visma) faisait un écart dans son sprint, poussant brutalement Jacobsen dans les barrières de sécurité.
Alors que Patrick Lefevere, son manager général chez Deceuninck-Quick Step, avait donné de ses nouvelles quelques semaines plus tard, le sprinteur néerlandais de 24 ans est revenu sur cet événement qui aurait pu être tragique, et les quelques secondes qui ont suivi sa chute. "Mon coéquipier Florian Sénéchal s’est précipité à mon secours. Il y avait du sang partout. Les spectateurs n’ont rien fait, ils étaient trop choqués par ce qu’ils voyaient. Florian a remarqué que je m’étouffais dans mon propre sang et a vu la panique dans mes yeux, se souvient Jakobsen, interrogé ce jeudi par le média néerlandais AD. Dans un réflexe, il m’a levé un peu la tête pour que le sang puisse couler de ma bouche et de ma gorge. Après cela, je me suis calmé."
"Ce furent les jours les plus longs de ma vie"
S’en ai suivi une longue période à l’hôpital, où le Néerlandais a souffert comme jamais dans sa vie. "J’ai reçu toutes sortes de médicaments qui m’ont fait somnoler. Mes pieds s’engourdissaient, puis mon bassin, mes mains, mes épaules... et finalement je m’assoupissais. À chaque fois, je pensais que j’allais mourir. Cela s’est produit cinquante, peut-être cent fois. C’était une vraie peur de mourir. Cela m’a fait paniquer, me battre pour survivre, me battre pour respirer |...] Ce furent les jours les plus longs de ma vie. Jamais je n’avais souffert comme ça auparavant."
Finalement tiré d’affaire, bien que plongé un temps dans un coma artificiel du fait de la gravité de ses blessures, Jakobsen se bat au quotidien pour redevenir un coureur professionnel. "Je suis maintenant arrivé à un stade où je roule pendant deux heures tous les deux jours [...] Les médecins et mon entraîneur me disent de ne pas précipiter les choses, de procéder étape par étape, poursuit-il. Personnellement, j’espère être prêt en mars, mais si je suis réaliste, ce sera probablement plus en août. Ne serait-ce pas génial si je pouvais à nouveau courir exactement un an après l’accident ?"
Miraculé du vélo, le coureur de Deceuninck-Quick Step revient de très loin, et en veut encore profondément à Dylan Groenewegen, qui avait été suspendu jusqu’au 7 mai 2021 suite à son geste insensé. "Je ne suis pas assez ouvert d’esprit pour dire qu'il n’est pas à blâmer. [...] J’ai du mal à comprendre pourquoi il l’a fait. Il ne m'a pas vu ? A-t-il pris trop de risques ? Voulait-il gagner à tout prix ? Il connaissait les risques. Il aurait dû réfléchir aux conséquences. Nous sommes des êtres humains, pas des animaux. Le cyclisme un sport, pas une guerre sans limite."