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"Il n’y a pas que les blancs qui peuvent faire du vélo", en Bretagne, 13 coureurs venus d’Afrique se préparent pour les mondiaux au Rwanda

Les cyclistes du programme Afrique 2025

Les cyclistes du programme Afrique 2025 - UCI

Les tout premiers championnats du monde de cyclisme organisés en Afrique auront lieu fin septembre 2025 à Kigali, au Rwanda. Pour surfer sur l’événement, l’Union cycliste internationale a sélectionné les meilleurs espoirs africains pour les réunir en Bretagne, afin de les préparer au mieux pour les Mondiaux. 

Quitter l’Afrique pour aller en Bretagne, ce ne peut être que pour du vélo. Pulls et veste de pluie dans la valise, 13 coureurs venus de tout le continent africain se sont installés dans un gîte à Gomené (22), petite commune perdue au milieu de la Bretagne, avec un objectif: préparer les championnats du monde de cyclisme, pour la première fois organisés sur le continent africain, à Kigali, capitale du Rwanda, du 21 au 28 septembre 2025. "On a sélectionné les meilleurs espoirs dans chaque fédération", explique Jacques Landry, chargé du programme. “C’est vrai que la Bretagne, ça peut paraître étonnant comme choix, pour eux aussi, mais quand on regarde le relief dans les Monts d’Arrée, c’est un peu ce qu’on retrouve au Rwanda, sans l’altitude bien sûr." En parallèle des entraînements en Bretagne, le groupe participe à différentes courses en Europe. "Les mondiaux vont se courir à l’européenne, donc ils faut qu’ils apprennent ce cyclisme", ajoute le patron d’Afrique 2025. 

Pour les 13 athlètes participant au programme, certains depuis deux ans déjà, c’est un véritable changement de vie, tous font le même constat. "Il fait beaucoup plus froid ici!", sourit Georgette Vignufondo, arrivée du Bénin avec sa coéquipière Vanette Houssou. "C’est vrai qu’il faut s’adapter, nos familles nous manquent mais on s’habitue", ajoute cette dernière, tout juste revenue d’une sortie de quatre heures dans le vent breton. Rwandais, Mauriciens, Béninois, Erythréens, tous cohabitent dans un grand gîte de campagne, où la barrière de la langue complique parfois les choses. "Il y en a très peu qui parlent anglais donc pour la compréhension des règles de vie, des instructions en course, c’est un peu compliqué", avoue Steven Laget, conseiller technique de l’équipe. Certains peinent même à communiquer avec leurs proches. "En Erythrée, il n’y a pas de réseau internet donc ils n’arrivent pas à passer d’appels sur WhatsApp, ce sont de gros sacrifices", ajoute Steven. 

Les cyclistes du programme Afrique 2025
Les cyclistes du programme Afrique 2025 © UCI

Le modèle: Biniam Girmay

Ces sacrifices ont un objectif: intégrer un jour, une équipe professionnelle. Car tous ont le même modèle: l'Erythréen Biniam Girmay, le meilleur africain du peloton mondial, trois fois vainqueur d’étape sur le Tour de France, monté sur le podium final du dernier Tour avec le maillot vert. "Il est le premier pour nous. L’Africain qui a montré qu’on peut briller dans le cyclisme, qu’il n’y a pas que les blancs qui font du vélo. Il a montré ça au monde entier. On peut l’imiter si on se donne à fond", ajoute Georgette. Un discours partagé par Juliano Ndriamanampy, Mauricien de 16 ans et seul garçon francophone ou anglophone du groupe. "Nous, on a aussi Kim Le Court (vainqueure de Liège-Bastogne-Liège femmes le 27 avril), c’est un modèle pour une petite île comme Maurice." Quant à Jazilla Mwamikazi, la Rwandaise de l’équipe, elle attend les championnats du monde avec impatience. "Il n’y a pas beaucoup de femmes à faire du cyclisme au Rwanda", confie la jeune coureuse, devenue première rwandaise à participer aux Jeux olympiques en VTT cet été à Paris. "Je suis fière de mon pays, mes parents ont trop hâte que je vienne pour les championnats du monde." 

Avec ce programme d’1,6 million d’euros, l’UCI espère développer davantage le cyclisme en Afrique. "Le programme s’arrêtera après les championnats du monde", ajoute Jacques Landry. "L’objectif, c’est qu’ils soient recrutés par des équipes professionnelles après." Jazilla Mwamikazi elle, n’a pas l’intention de rester à domicile. "Si je veux être comme Pauline Ferrand-Prévot je dois rester en Europe!"

Maria Azé, à Gomené (22)