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"J'ai dit non": l'immense classe du jeune prodige Paul Seixas, qui désobéit à son équipe et laisse la victoire à son coéquipier

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Épatant tout au long de la semaine sur le Tour des Alpes, Paul Seixas (18 ans) a eu la classe de laisser la victoire à son coéquipier Nicolas Prodhomme ce vendredi, à l'issue de la dernière étape. Une confirmation de la maturité affichée par le jeune Lyonnais pour sa première année chez les pros. Et de belles promesses pour la suite.

Il n’a pas hésité une seconde. Alors qu’il aurait pu s’offrir son premier bouquet chez les pros, le grand espoir lyonnais Paul Seixas a préféré laisser la victoire à son coéquipier et lieutenant de route chez Decathlon-AG2R, Nicolas Prodhomme, à l’issue de la cinquième et dernière étape du Tour des Alpes ce vendredi. Partis à onze kilomètres du but, les deux coureurs français sont arrivés ensemble dans la petite ville autrichienne de Lienz, pour s’offrir un beau final bleu-blanc-rouge.

"C’est tellement beau. Nicolas mérite, il a tellement bossé toute la semaine", pouvait savourer Paul Seixas au micro de la chaîne L’Équipe. "C’est une immense fierté. J’en ai parlé à Nico, l’équipe voulait que je gagne mais j’ai dit non. Nico la méritait plus que moi! Je sais que je vais encore progresser, j’aurai sans doute d’autres occasions d’aller en chercher. Ça me fait extrêmement plaisir!"

Nicolas Prodhomme ne disait pas autre chose après cette première victoire obtenue à 28 ans: "Si on regarde ma carrière, je me suis beaucoup sacrifié pour les autres. J’ai peu d’opportunités comme ça, et on sait que Paul en aura quasiment tous les jours vu son talent." Difficile de le contredire.

Car du haut de ses 18 ans (et demi), Paul Seixas, phénomène de précocité, n’en finit plus de brûler les étapes, au point de susciter beaucoup de fantasmes dans un pays qui n'a plus gagné le Tour de France depuis Bernard Hinault il y a quarante ans. Sa cinquième place obtenue début février pour sa première course dans le grand bain, au Grand Prix La Marseillaise, n'a rien fait pour dissiper ces attentes. Il a confirmé début avril en passant proche d’un sacré bonheur en se classant deuxième de l’exigeante classique Paris-Camembert.

Un futur Pogacar?

C’était avant de rayonner cette semaine sur les pentes du Tour des Alpes, avec trois tops 3 au compteur et une facilité assez dingue pour faire jeu égal en montagne avec des clients du calibre de Giulio Ciccone, Michael Storer ou Thymen Arensman. Sans son coup de froid subi jeudi, il aurait pu prétendre à un excellent classement général, lui qui a finalement pris la 12e place. Un détail au vu de sa maturité affichée pendant ces cinq jours de course, à l’image de son début de carrière.

Grimpeur au gabarit longiligne (1,85m, 62kg), et formidable rouleur, il est devenu en septembre dernier le premier Français de l'histoire à être sacré champion du monde juniors du contre-la-montre. Son CV affiche d’autres succès de prestige chez les U18: Liège-Bastogne-Liège, Tour du Pays de Vaud, Classique des Alpes, Giro de la Lunigiana… Suffisant pour que notre consultant Jérôme Pineau le compare à un certain… Tadej Pogacar, tant pour sa gloutonnerie que pour sa façon d’aborder son sport. Sans pression, animé par l’envie de courir pour le plaisir. D'autres dressent plutôt des parallèles avec Remco Evenepoel, un autre genre de cannibale.

Passé pro sans connaître la case Espoirs, après avoir martyrisé la concurrence chez les juniors, celui dont l’entourage assure qu’il a la tête sur les épaules poursuit en parallèle ses études de management et commerce. "Être là est vraiment un gros gap, un énorme challenge", disait-il à L’Équipe en fin d'année dernière. "Je suis là pour apprendre, c'est l'objectif de ce saut chez les pros, apprendre aux côtés des plus grands qui connaissent bien mieux le domaine que moi. Chaque année, des gars comme moi ressortent de la catégorie juniors, mais chacun a un chemin différent." Le sien semble tout tracé. Et devrait le mener très loin.

RR