"J'ai tellement galéré...": quand Marion Rousse trimait pour toucher le smic malgré son statut "professionnel"

En se projetant vers une quatrième édition du Tour de France femmes, qui promet de marquer les esprits, sa directrice depuis 2022, Marion Rousse, mesure auprès d'Eurosport le chemin parcouru par le cyclisme féminin, en plein essor. "Maintenant, c'est bien, on parle des championnes. Parce que la première année, on me demandait si ça allait marcher, si c'était cohérent, si le cyclisme féminin était prêt, etc... Mon boulot était de dire: 'Ça va être génial', puis les championnes ont fait le boulot elles-mêmes."
Le cyclisme féminin a connu ces dernières années une croissance exponentielle pour entrer dans une nouvelle dimension, passant du statut de sport invisible à celui de discipline reconnue et valorisée par un environnement plus enclin à la promouvoir. La progression est avant tout d’ordre structurel, explique Marion Rousse. "Maintenant, il y a beaucoup plus d’argent dans les équipes, cela s’est structuré. L’équilibre financier reste précaire, mais cela n’a plus rien à voir."
"Cette mise en lumière manquait au cyclisme féminin"
Une avancée significative pour Marion Rousse qui a connu des périodes de vache maigre en espérant des jours meilleurs pour son sport. "J'ai connu le cyclisme féminin à une époque où je ne gagnais pas d'argent. J'étais dite 'professionnelle', mais je n'en avais que l'appellation. Il fallait que j'aille travailler pour gagner un SMIC", rappelle la championne de France 2012.
Le salaire a connu une augmentation significative sur le circuit World Tour, passant de 15.000 euros en 2020 à 32.100 euros par an aujourd'hui. "J’ai tellement galéré sur mon vélo, j’ai vu que je ne pouvais pas en vivre, j’ai dû arrêter ma carrière tôt", rembobine Marion Rousse. Aux manettes du Tour de France, sa volonté était de faire jaillir un espoir, "que les filles puissent avoir un salaire, vivre de leur sport".
"L'enjeu était d'obtenir de la visibilité, grâce à la course la plus connue du monde. Avec le Tour de France, on parle à un public de connaisseurs, d'initiés… mais aussi à des gens qui ne regardent pas de vélo tout au long de l'année, poursuit Marion Rousse. Cette mise en lumière manquait au cyclisme féminin. On ne connaissait pas les championnes avant de profiter de cette formidable vitrine."
Le Tour de France femmes a permis au cyclisme féminin de se développer et pourrait lui donner un nouveau coup d’accélérateur cette année, en passant de huit à neuf jours de course, au cœur d’une saison qui devrait confirmer cette expansion, avec de nouveaux leviers de croissance à actionner.