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"On se demande un peu où est la logique", avant le "Pogi show", les championnats d'Europe interpellent sur le parcours, mais aussi le plateau de stars

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Plateau extrêmement relevé pour ces championnats d'Europe qui peinent à se faire une place dans le calendrier.

Et si il suffisait de durcir le parcours des courses pour voir débarquer les stars? Epreuve d'habitude confidentielle, la course en ligne des Championnats d'Europe devient l'endroit où il faut être dimanche en Drôme-Ardèche avec les présences simultanées de Tadej Pogacar, Remco Evenepoel et Jonas Vingegaard.

Dans l'histoire encore jeune des "Europe", que les coureurs professionnels disputent seulement depuis 2016, c'est incontestablement le plateau le plus alléchant qu'on ait jamais vu avec aussi Juan Ayuso, Mattias Skjelmose, Joao Almeida, Romain Grégoire et Paul Seixas au départ.

Cette collection de cadors confère un glamour nouveau à une compétition souvent négligée et réservée aux sprinteurs comme en témoigne la liste des vainqueurs, de Peter Sagan en 2016 au tenant du titre Tim Merlier.

Si Pogacar estime que l'Euro reste "moins important que les grandes classiques qui ont l'histoire et la tradition avec elles", il trouve tout de même "spécial" de pouvoir conquérir un nouveau maillot distinctif - blanc à bandes bleues avec des étoiles - même s'il ne le porterait pas en course s'il gagne puisqu'il a déjà celui de champion du monde.

Le sélectionneur de l'équipe de France se dit convaincu de la valeur grandissante du titre européen que l'un de ses hommes, Christophe Laporte, avait décroché en 2023 sans devenir une vedette internationale pour autant.

Un nouveau "Pogi show"?

"On a eu des vainqueurs comme Matteo Trentin qui sont des coureurs admirables de valeur mais moins 'bankables' qu'un Peter Sagan. Mais c'est une épreuve qui prend sa place dans le calendrier, et le coureur qui sera champion d'Europe dimanche sera très très fier", assure-t-il.

Il aura en tous cas du mérite, vu la densité de stars qui, pour la plupart hormis Vingegaard, ont déjà participé aux Championnats du monde dimanche dernier au Rwanda.

La proximité des deux rendez-vous a fait grincer des dents, y compris chez Pogacar qui "de toute façon changerait beaucoup de choses sur le calendrier" si ça ne tenait qu'à lui.

"Oui, soyons honnêtes, on se demande un peu où est la logique", abonde Voeckler qui trouve "d'autant plus dommage que ça s'adresse à la même catégorie de coureurs", c'est-à-dire des puncheurs-grimpeurs sur un parcours vallonné de 202 km dimanche.

Le tracé en boucle est plus court et moins dur que celui de Kigali où Pogacar avait ratatiné la concurrence, mais il reste très difficile avec la triple ascension de Saint-Romain-de-Lerps (7 km à 7,2%) et les six montées du redoutable Val d'Enfer (1,6 km à 9,7%).

Pour un nouveau "Pogi show" de loin ? "Il ne faut jamais dire jamais mais la course fait 70 km de moins que celle de Mondiaux. Pour partir seul, il faudra vraiment voler et développer une puissance énorme", temporise le Slovène.

Pogacar-Vingegaard, un duel rare

Aussi incroyable que cela puisse paraître, ce sera la première fois depuis le Tour de Lombardie 2022 qu'il prendra le départ d'une course d'un jour en même temps que Jonas Vingegaard.

Pour le coup, ce n'est pas sa faute puisque c'est son rival danois, concentré sur le seul Tour de France, qui décline systématiquement les invitations pour les classiques et Mondiaux.

Mais cette fois il est là, leader d'une belle équipe danoise même privée de Mads Pedersen malade, et rien que son duel avec Pogacar vaut le déplacement sur les bords du Rhône.

Remco Evenepoel, qui se pose en arbitre, se dit "curieux" de voir ce que ça donne de la part de Vingegaard qui "n'a encore jamais vraiment brillé sur des courses d'un jour". Le Belge lui-même vise l'or, quatre jours après avoir décroché le titre du contre-la-montre.

Dans ce contexte hyper concurrentiel, l'équipe de France compte plus que jamais sur "le collectif" sachant que Romain Grégoire, en grande forme et vainqueur de la classique Faun Ardèche en mars, ressemble à sa meilleure carte.

"Je me suis préparé pour être là dans le final à jouer un rôle avec les meilleurs, souligne le Bisontin. Mais il ne faut pas rêver: Pogacar et Evenepoel, on ne va pas les sortir à la pédale dans le Val d'Enfer. Il faudra qu'on s'appuie sur le collectif pour jouer devant."

PK avec AFP