Jour de pavés sur le Tour de France, pourquoi il ne faut surtout pas manquer l'étape du jour

"C'est une journée qui fait peur à tout le monde". Voilà comment David Gaudu résume le tracé de la cinquième étape du Tour de France, disputée ce mercredi entre Lille et Wallers-Arenberg sur 157 kilomètres. Car au cours de la journée, les coureurs devront effectuer 11 secteurs pavés, pour près de 20 kilomètres sur des routes non-goudronnées. De quoi donner un petit air de Paris-Roubaix.
L'appréhension règne surtout pour les favoris du classement général, dont certains pourraient tout perdre sur les pavés en raison d'une chute. Ou tout simplement concéder beaucoup de temps à d'autres rivaux. Du côté de la Groupama-FDJ, qui annonce viser le podIum avec David Gaudu, le spécialiste des pavés Stefan Küng aura pour mission d'épauler le Breton.
"Les pavés sur le Tour de France et sur Paris-Roubaix, c’est différent. Mais on est prêt et on n’a pas peur d’y aller, lance Gaudu avant cette journée. Quand ça frotte dans le peloton, on se retrouve les uns sur les autres, on a forcément peur de la chute devant nous, de perdre du temps, de la crevaison, de tout ce qui peut se passer."
Double vainqueur de Paris-Roubaix et manager historique de la Groupama-FDJ, Marc Madiot note tout de même que "ce sont des pavés souvent en bon état" qui attendent les coureurs. "Il y a quand même une certaine prudence de la part des organisateurs, estime-t-il. Cette étape des pavés suscite l'attention, l'intérêt mais comme il ne faut pas que cela tourne à la Bérézina pour tout le monde, ils ménagent la chèvre et le chou."
Pogacar pense que ça sera "amusant", Van Aert va soutenir ses leaders
Maillot jaune sur le dos, Wout van Aert a animé le final de la quatrième étape, en attaquant dans la Côte du Cap Blanc-Nez, finissant ensuite les dix derniers kilomètres en solitaire pour s'imposer. Mais la Jumbo-Visma, son équipe, visera avant tout à défendre les intérêts de Jonas Vingegaard et Primoz Roglic ce mercredi. Après les étapes danoises, la star du cyclisme local expliquait d'ailleurs que van Aert devrait l'épauler, lui et le Slovène, lors de l'étape des pavés.
En avril dernier, Primoz Roglic et Jonas Vingegaard s'étaient rendus sur le Grand Prix de Denain, une course du Nord avec plusieurs secteurs pavés, pour se tester. Tadej Pogacar a opté lui pour des reconnaissances mais les pavés ne semblent pas l'effrayer. Toutefois, il faut noter que malgré sa démonstration lors du dernier Tour des Flandres, où il a pris la quatrième place, le double tenant du titre va se présenter avec une petite inconnue. Les pavés des monts flamands diffèrent de ceux, plus rugueux et disjoints, du Nord de la France. "Cela va être amusant, promet tout de même 'Pogi'. Surtout pour les téléspectateurs."
Il sera sans doute plus question pour les favoris de ne pas perdre de temps, à l'image des dernières excursions de la Grande Boucle sur les pavés en 2015 et 2018, que d'en gagner. En 2014, la présence de la pluie avait rendu la course folle, permettant à Vincenzo Nibali de construire une grande partie de son succès final, là où Alberto Contador n'était guère à l'aise et Chris Froome contraint à l'abandon.
"C'est juste une toute petite version de Paris-Roubaix" selon Van der Poel
Pour autant, si la météo s'annonce clémente cette année, tout le monde ne va pas courir défensivement dans le peloton. Mathieu van der Poel ronge son frein depuis le départ de Copenhague et sera certainement l'un des principaux acteurs sur les pavés. "C'est juste une toute petite version de Paris-Roubaix", minimisait "MVDP" ce mardi.
Les spécialistes de la Quick-Step, comme le local Florian Sénéchal, n'auront aussi personne à attendre et une nouvelle victoire à décrocher. Reste à savoir comment ils comptent tirer profit du parcours. "L'étape du Tour de France est complètement différente de Paris-Roubaix", juge Patrick Lefevere, qui compte treize sacres dans la reine des classiques à la tête d'une équipe. "On dit parfois que la montagne accouche d'une souris, ajoute le patron de l'équipe Quick-Step. On attend beaucoup et rien ne se passe comme avec le pont au Danemark: beaucoup de stress pour rien."
Il faudra surveiller aussi les autres formations belges, que sont la Lotto-Soudal et Intermarché-Wanty Gobert. Membre de cette dernière et premier Français du dernier Paris-Roubaix, Adrien Petit aura l'honneur de rouler sur un secteur à son nom. Le "Bison d'Arras" prédit lui "une guerre de placement" avec plusieurs chutes inévitables. D'autres coureurs, comme Mads Pedersen ou Peter Sagan, pas forcément les plus rapides du plateau, auront aussi une occasion d'éliminer les sprinteurs et d'avoir une belle opportunité de victoire.
En clair, la course s'annonce animée mais aussi divisée en deux parties, entre ceux qui auront l'objectif de s'imposer et ceux qui voudront limiter les dégâts. Ancien vainqueur de "l'Enfer du Nord", Matthew Hayman en sait quelque chose. "Beaucoup de coureurs, dont moi, avions vu que c'était le bon coup quand John Degenkolb est parti, se rappelle-t-il à propos de l'attaque du dernier vainqueur de l'étape des pavés, en 2018. Mais je devais protéger Adam (Yates). Ça revenait à une victoire pour nous, en tant qu'équipe, de lui faire passer sans encombre cette étape."