RMC Sport

Look dingue, ski-alpinisme, soutien clivant à Trump... Qui est Quinn Simmons, le showman du Tour de France 2025?

placeholder video
Sans cesse à l'avant depuis le départ du Tour de France, Quinn Simmons pourrait à nouveau se montrer ce dimanche à l'occasion de la 15e étape qui arrive à Carcassonne. Une occasion en or de lever les bras pour le fantasque coureur américain à la personnalité clivante, qui a d'abord rêvé de briller... en ski-alpinisme.

Il n'en est pas encore à battre les chouchous Julian Alaphilippe ou Kévin Vauquelin à l'applaudimètre, mais sa cote de popularité n'en finit plus de prendre des points. Lui-même semble parfois s'étonner à la vue de ces spectateurs de plus en plus nombreux à lui quémander autographes et selfies au départ ou à l'arrivée des étapes. Du haut de ses 24 ans, Quinn Simmons est assurément l'une des têtes d'affiches de ce Tour de France cuvée 2025. Un coureur au look reconnaissable entre mille, avec sa longue tignasse blonde façon mulet, ses boucles d'oreille et sa moustache aussi fournie que le palmarès de Tadej Pogacar.

>>> La 15e étape du Tour de France 2025 en direct

Showman à la Sagan

"On dirait qu'il sort d'une autre époque avec son style vintage, ça change un peu, il a l'air cool ! Et puis il est tout le temps à l'avant, ça change de certains de nos coureurs", sourit Louis, un jeune étudiant toulousain rencontré jeudi sur les hauteurs d'Hautacam et qui espérait bien repartir avec son bidon de la Lidl-Trek, la formation américaine qui a déjà vu Simmons lever trois fois les bras cette saison. D'abord en Catalogne fin mars, sur un drôle de parcours raccourci à 27 kilomètres, puis en mai lors de la course en ligne des championnats américains, et enfin en juin sur le Tour de Suisse au bout d'un remarquable numéro de soliste.

Quinn Simmons lors de la 13e étape du Tour de France, le 18 juillet 2025
Quinn Simmons lors de la 13e étape du Tour de France, le 18 juillet 2025 © LOIC VENANCE / AFP

De quoi faire passer un nouveau cap au natif du Colorado, coureur à la palette large et variée, devenu pro pour tenter d'imiter son idole Peter Sagan. "J'ai grandi en Amérique en regardant les joueurs de hockey et ici ce sont de véritables stars. Ils ont de la personnalité. Parfois, c'est juste pour le show, mais parfois c'est réel. Je pense que nous manquons de cela dans le vélo. Quand quelqu'un gagne une classique, il se contente de dire : 'Ok, j'avais de bonnes jambes, merci à l'équipe.' C'est ennuyeux pour un gamin de 15 ans", racontait-il en juillet dans une interview à Cycling News.

"Le sport, c'est la performance, mais il faut aussi donner aux gens quelque chose à regarder."

Fidèle à ce style ultra offensif, Simmons s'est déjà glissé dans plusieurs échappées depuis le départ du Tour, comme sur la sixième étape à Vire où il est parti chercher une belle deuxième place derrière la mobylette irlandaise Ben Healy. Ou à Toulouse, lors de la dixième étape, où il a confirmé sa forme du moment avec un top 10. "Il ne cesse de s'améliorer et il peut encore faire mieux. Il apprend sur ce Tour et il est très fort mentalement. Quand il se fixe un objectif, vous pouvez être sûr qu'il donnera tout pour l'atteindre. Comme il avait le statut de future star chez les juniors, il a fallu qu'il s'adapte chez les pros. Mais il a réalisé que c'était un autre monde et aujourd'hui il fait tout très bien", confie à RMC Sport Kim Andersen, directeur sportif de Lidl-Trek.

"Gros moteur" et "dur au mal"

"Quinn ne me surprend pas, c'est un très, très gros moteur. Dès qu'il a de la liberté, il est systématiquement aux avant-postes. Ça ne me surprendrait pas qu'il en gagne une avant Paris. C'est quelqu'un qui s'entraîne énormément. Il est endurant et il peut tenir des watts impressionnants sur une longue durée, y compris sur des efforts courts. Il a une énorme force", embraye son ancien coéquipier Tony Gallopin, actuel directeur sportif de Lotto Dstny. Lui le décrit aussi comme "un dur au mal", "capable de remonter sur son vélo après une énorme chute comme sur le Tour 2023".

Quinn Simmons sur le Tour de France, le 16 juillet 2025
Quinn Simmons sur le Tour de France, le 16 juillet 2025 © Nathan Barange / Nathan Barange / DPPI via AFP

Avant de s'aligner sur le Tour, avant aussi son titre mondial décroché chez les jeunes en 2019, avant même de se faire un petit nom en VTT, Simmons a d'abord rêvé d'une carrière bien différente. Plus que le vélo, lui ambitionnait de percer au plus haut niveau dans le… ski-alpinisme, cette version compétition du ski de randonnée qui combine des ascensions toniques et des descentes périlleuses. "C'est difficile, car personne ne gagne vraiment sa vie avec cette discipline, beaucoup des meilleurs spécialistes du monde doivent faire autre chose à côté", disait-il en 2023 auprès du magazine Rouleur, alors convaincu de pouvoir un jour coupler ses deux passions, après avoir obtenu une médaille mondiale en juniors en 2017.

Des rêves de JO en ski alpinisme

"Le ski alpinisme sera au programme des Jeux olympiques de 2026. J'y ai réfléchi. Imaginons que je fasse une pause après le Tour 2025, ça me laisserait du temps pour m'entraîner et me qualifier. Ce serait un objectif ambitieux. Peut-être que mes patrons (chez Lidl-Trek) vont lire ça et me dire non, mais j'aimerais vraiment y aller", assurait-il. En attendant le feu vert ou non de ses dirigeants, Simmons s'efforce donc de briller sur le Tour, et de régaler son père, présent cette année sur le bord des routes françaises et qui a pris le temps de lui donner un drapeau américain en pleine étape dans le Massif central, lundi dernier.

"Quinn, c'est un spécial, un peu atypique", reprend Gallopin. "Il fait partie de ces coureurs qui viennent d'Australie ou des États-Unis et qui n'ont pas spécialement la même culture du vélo que nous en Europe. Ça peut se ressentir dans sa personnalité. C'est aussi un gros caractère, il n'a pas peur de dire ce qu'il pense. Il est très attaché à ses couleurs, sa nationalité, très fier d'être américain." À ce sujet, Simmons assumait dans les colonnes de Rouleur ce côté "un peu fou", sans s'attarder en revanche sur une séquence marquante de sa jeune carrière.

Un soutien clivant à Trump

En 2020, son équipe avait décidé un temps de le suspendre en raison de tweets jugés pro-Donald Trump. "De façon regrettable, Quinn a fait des déclarations en ligne que nous estimons clivantes, incendiaires et néfastes pour l’équipe, le cyclisme professionnel. (…) En conséquence, il ne disputera plus de courses pour Trek-Segafredo jusqu’à nouvel ordre", avait déclaré l'équipe américaine. Dans la foulée du premier débat de la campagne présidentielle américaine entre Joe Biden et Donald Trump, Simmons avait jugé bon de répondre par un "Au revoir", accompagné d’un émoji de main noire, à une journaliste néerlandaise qui conseillait aux partisans du président sortant de ne plus la suivre sur Twitter. Sa réponse avait déclenché une énorme polémique, avant qu'il ne soit finalement réintégré à peine un mois et demi plus tard.

Un épisode qui l'a longtemps convaincu de se maintenir à l'écart de toute sollicitation médiatique. "Est-ce que je suis perçu comme un méchant gars ? Je ne sais pas", avait-il évacué en 2023. "Peut-être à cause d'une minorité bruyante sur Twitter... Mais les gens qui me connaissent à la maison, ceux avec qui j'ai couru toute ma vie, savent que je suis avant tout un compétiteur. Et si vous n'avez pas ce côté psychopathe..."

Rodolphe Ryo, à Muret