Tour de France : le premier carnet de notes

Chris Froome, Tejay van Garderen et Vincenzo Nibali (de gauche à droite) - AFP
Les favoris
Chris Froome. 1er du classement général. 9/10
Du presque parfait. Il a un peu déçu lors du chrono individuel initial (derrière Pinot et Nibali) et le contre placé par Alexis Vuillermoz après son accélération sur la montée de Mûr-de-Bretagne entretient l’espoir pour ses rivaux de pouvoir le déstabiliser en montagne. Pour le reste, rien à redire. « Froomey » est tous les jours dans le bon coup et n’a pas été emporté par les chutes (il a failli être emporté dans celle de Tony Martin au Havre). Son équipe, Sky, reste au complet. Même le destin lui donne des coups de pouce : il a pris le maillot jaune pour six centièmes à Huy (où il a fini devant tous ses rivaux), l’a récupéré suite à l’abandon de Martin, a évité de perdre quelques secondes à Fougères lorsqu’une cassure à l’arrivée n’a pas été prise en compte pour… deux millièmes et n’a concédé qu’une seconde à Tejay van Garderen (BMC) lors du chrono par équipes. L’homme à battre sur ce Tour s’appelle bien Froome.
Alberto Contador. 5e du classement général à 1’03’’. 7/10
Du bon et du moins bon. Son chrono individuel (46e derrière Pinot, Nibali, Froome ou encore Van Garderen) a surpris dans le mauvais sens. Dans le vent de Zélande et sur les pavés, il a limité la casse, derrière Froome et Van Garderen mais devant Nibali et Quintana. A Huy, il était derrière ses trois rivaux. Mais son entourage a évoqué une « montée trop explosive pour lui ». Il a aussi perdu 27 secondes sur Froome et 24 sur Quintana au chrono par équipes. Le reste du temps, il était dans le bon coup. Et il a évité les grosses chutes (même s’il est tombé sans gravité entre le départ fictif et le départ réel de la 7e étape).
Nairo Quintana. 9e du classement général à 1’59’’. 6,5/10
On lui promettait l’enfer en première semaine. Il n’a pas trop mal limité ses pertes. Sa 56e place sur le chrono individuel n’avait rien d’illogique vu son profil. Elle était même positive, le garçon ayant réussi à perdre un minimum de temps sur ses rivaux. Le lendemain, le grimpeur de poche colombien était piégé comme Nibali sur la route de Zélande. Il sera ensuite toujours dans le bon groupe et le beau chrono par équipes des Movistar (3es à 4’’ de BMC et 3’’ de Sky) ne l’a pas enfoncé au classement. Placé en embuscade, ''Naironman'' va désormais rentrer dans son terrain de jeu préféré, la haute montagne. L’homme qui brille souvent en troisième semaine des grands Tours pourra-t-il se servir des hauteurs pour se propulser vers le maillot jaune ? Pour cela, il faudra forcément faire craquer Froome. Et Van Garderen. Et Contador. L’aide d’un certain Alejandro Valverde, son coéquipier 7e du général à 1’50’’, pourrait se révéler précieuse.
Vincenzo Nibali. 13e du classement général à 2’22’’. 5/10
La première semaine collait à son profil de coureur offensif capable de prendre du temps partout. Mais il aura été le plus décevant des « Quatre Fantastiques ». Il avait pourtant été le meilleur sur le chrono individuel. Mais derrière, patatras. Piégé à Zélande, dans le bon groupe à Huy (où seul Froome lui a pris quelques secondes) tout comme sur les pavés (où il aura tenté à plusieurs reprises de tout faire exploser), le vainqueur du Tour 2014 a été pris dans la chute de Tony Martin lors de l’arrivée au Havre. Deux jours plus tard, il ne pouvait suivre le rythme de l’accélération de Froome à Mûr-de-Bretagne. Il a encore concédé du temps à ses trois rivaux lors du chrono par équipes. Inquiétant pour la suite, même si son esprit d’attaquant peut lui permettre de profiter de la moindre opportunité. « Je rangerais désormais Nibali dans les outsiders car il est de moins en moins bien, estime Luc Leblanc, membre de la Dream Team RMC Sport. Ça risque d’être difficile pour lui de combler ce retard sur ses principaux adversaires. »
Les outsiders
Tejay van Garderen. 2e du classement général à 12’’. 9/10
Bardet, Pinot… les médias français ont longtemps espéré un cinquième ''Fantastique'' bien de chez nous. Il fallait plutôt le chercher de l’autre côté de l’Atlantique. Le leader américain de la BMC réussit un début de Tour parfait. Derrière Pinot mais devant tous les favoris sur le chrono initial, il a ensuite été dans le bon coup partout : à Zélande, à Huy (où seul Froome lui a pris quelques secondes), sur les pavés comme à Mûr-de-Bretagne. Sa formation a aussi remporté le chrono par équipes même s’il n’a pu y reprendre qu’une petite seconde au maillot jaune. Capable de suivre les meilleurs en haute montagne, Van Garderen va être le poil à gratter de la suite du Tour. Et si c’était lui, l’homme en haut du podium à Paris ?
Thibaut Pinot. 29e du classement général à 8’05’’. 3/10
Comme une semaine peut tout changer… Au soir de la première étape, samedi dernier, son temps canon sur le chrono individuel (devant tous les favoris et outsiders du Tour) laissait augurer un grand Tour. Huit jours plus tard, le leader de la FDJ a dit adieu au podium. Voire au top 5. Et beaucoup lui conseillent de viser désormais des belles étapes ou le maillot à pois de meilleur grimpeur. Entretemps, Pinot a vécu l’enfer. Des chutes, des crevaisons, la totale. Nerveux, parfois mal placé, il a perdu du temps sur la concurrence partout où l’on pouvait en gagner : à Zélande, à Huy, sur les pavés et à Mûr-de-Bretagne. Tout comme lors du chrono par équipes, mais c’était plus attendu. On en connait un qui ne va pas être mécontent de voir la route s’élever dans les Pyrénées puis les Alpes.
Romain Bardet. 21e du classement général à 4’38’. 5/10
On savait qu’il allait perdre du temps sur les favoris dans les chronos, pas sa spécialité. Cela aura bien été le cas, sur l’individuel comme lors de l’effort collectif. Mais le cinquième du Tour 2014 en aura également concédé ailleurs. Dans le groupe des piégés à Zélande, il n’aura pas suivi le rythme des meilleurs sur le Mur de Huy comme à Mûr-de-Bretagne, même si ses pertes n’y ont pas été énormes. Il devra se réveiller en montagne s’il veut réitérer sa performance de l’an passé.
Jean-Christophe Péraud. 17e du classement général à 3’30’’. 6/10
Son chrono individuel n’a pas fait d’étincelles (derrière Pinot, Van Garderen, Nibali, Froome et Contador, devant Quintana, Barguil et Bardet) et il n’a pas pu plus limiter la casse lors de l’effort collectif. Piégé à Zélande, comme beaucoup, le dauphin de Nibali sur le Tour 2014 a aussi perdu quelques secondes à Huy (même temps que Barguil). Mais il était dans le bon coup partout ailleurs. Avec son expérience et sa capacité à suivre les meilleurs en montagne, il peut encore viser un top 10 et même un top 5. Mieux, ce sera (très) compliqué.
Warren Barguil. 14e du classement général à 2’43’’. 8/10
L’une des deux révélations françaises de ce début de Tour, avec Alexis Vuillermoz, aux yeux du grand public. Le Breton a perdu pas mal de temps dans les chronos, l’individuel comme le par équipes, et il a laissé quelques secondes à Huy. Partout ailleurs, il ne s’est jamais laissé surprendre. Malin, bien placé, le jeune Français qui monte se sera tout de même fait une frayeur au Havre, emporté par la chute de Tony Martin. Plus de peur que de mal même s’il reconnaîtra ne pas être 100% le lendemain. A 23 ans, Barguil n’aura pas la pression des grands leaders pour la suite de sa Grande Boucle. Et si le 8e de la Vuelta 2014 (après y avoir gagné deux étapes en 2013) en profitait pour surprendre son monde ?