TOUR DE FRANCE - 2e étape : le souffle du danger

- - AFP
Sur le profil de l’étape, difficile de voir le danger. Une route plate, sans difficulté, avec un sommet d’altitude noté à… 6 mètres, pour 166 kilomètres entre Utrecht et Zélande qui paraissent réservés aux sprinteurs. Enfin, pour un œil non averti. Car les spécialistes le savent. Sur les routes côtières des Pays-Bas, le long de la mer du Nord, le vent souffle. Fort, souvent. Il peut même faire exploser le peloton en deux. Le scinder. Dans le milieu, on appelle ça une bordure. Cela peut faire des dégâts. Demandez à Alberto Contador, piégé entre Marseille et La Grande-Motte en 2009. Demandez aussi à Alejandro Valverde, relégué à 9’57’’ du premier peloton entre Tours et Saint-Amand-Montrond en 2013 (Chris Froome avait aussi perdu plus d’une minute).
« La course va longer la mer du Nord et s’il y a un vent de force 5 venant du nord-ouest, on va peut-être retrouver quelques hommes à la mer, confirme Cyrille Guimard, membre de la Dream Team RMC Sport. Il faudra faire très attention. C’est une étape très piégeuse. Au bord de la mer, il n’y a pas les forêts pour se protéger, il risque d’y avoir des coups de bordure et des victimes au niveau du classement général. » Profil plat ou pas, il y a danger. Alors on se méfie. A commencer par les favoris pour la victoire finale, conscients qu’un Tour ne peut pas se gagner sur une telle étape mais qu’il peut très bien s’y perdre. Conséquence ? Attention aux embouteillages en tête d’un peloton forcément nerveux et tendu.
Pinot : « Il n’y aura pas la place pour tout le monde »
« Il faut avoir des coureurs capables de remonter le peloton dans le vent, de garder un coureur dans la roue pour le protéger et éviter les chutes, explique Vincent Lavenu, manager de la formation française AG2R La Mondiale. Comme toutes les équipes veulent faire la même chose au même moment, le peloton roule très, très vite et ce sont des spécialistes qui sont capables de rester aux avant-postes. Ce n’est pas notre spécialité à la base donc on a engagé des rouleurs en vue de ce travail très spécifique et très important pour ce début de Tour. On s’attend à une très grosse bataille et on sait que ce sera une partie difficile. »
Alors que les coureurs entament une première semaine de Grande Boucle où les embûches à éviter seront nombreuses, la perspective de 50 derniers kilomètres le long des côtés – et une arrivée sur une digue au bord de la mer du Nord – n’est forcément pas réjouissante pour les grimpeurs qui visent d’autres objectifs. Pour eux, un seul mot d’ordre : passer sans encombre. « Ce sera une étape dangereuse mais on le sait et on est préparé pour ça, indique Thibaut Pinot, auteur d’un chrono réussi lors de la première étape. Arrivera ce qui arrivera. Il y aura 22 équipes qui chercheront à placer leurs coureurs dans les 20 premiers. Il n’y aura pas la place pour tout le monde. Il y aura des risques de chute. Il faut espérer qu’on ne soit pas dedans. Il faudra faire attention, ça va être dangereux. » Les prévisions annoncent des orages à partir de la mi-étape et des averses près de l’arrivée. Le vent, lui, devrait être plutôt calme avec 15 km/h sur la majorité du parcours et des rafales à 30 km/h près de l’arrivée. Mais dans le delta de Zélande, la moindre opportunité sera exploitée par les spécialistes. Qui sera victime de la bataille ?