Tour de France (4e étape) – Pourquoi les pavés ont accouché d’une souris

On ne pourra pas lui reprocher d’avoir essayé. A chaque secteur ou presque, Vincenzo Nibali a fait parler son style. Aérien, le vainqueur du Tour 2014 volait sur les pavés. Attaque permanente. Il avait une idée en tête, l’Italien. Faire tout exploser. Créer des écarts. Faire « sauter » ce diable de Chris Froome et lui reprendre le temps perdu depuis deux jours. Il aura essayé, encore et encore. Pour rien. Annoncée comme une journée décisive de la première semaine, l’étape des pavés a accouché d’une souris au rayon bataille des favoris pour le général.
Seul Thibaut Pinot a coulé, victime d’un problème technique, trop esseulé, pas assez fort aussi. Pour le reste, comme dirait un ancien président, et sans faire injure à Tony Martin qui est enfin allé chercher son beau maillot jaune, ça a fait pschitt. Pas une question d’envie, on l’a vu avec Nibali. Plutôt une histoire de conditions. Dans l’étape des pavés du Tour 2014, elles avaient été favorables à une grosse bagarre avec les bourrasques et la pluie. Pas cette année. Merci au vent de face.
« Même Quintana a réussi à rester devant… »
« Il a créé des abris qui ont empêché de faire des différences et de sortir, commentait Cyrille Guimard, membre de la Dream Team RMC Sport, à l’issue du dernier secteur. Il n’y a pas eu de chutes ou de crevaisons non plus. Froome a failli tomber et Nibali aussi quand Tony Gallopin a fait un petit écart devant lui mais ils ont évité le pire. Quand il y a des chutes sur les pavés, des cassures se forment. Ce n’était pas le cas. Comme il n’y a pas ni chutes ni crevaisons mais un vent de face, on arrive à s’accrocher dans le premier groupe malgré les attaques. Les grands favoris se sont neutralisés et il n’y a pas eu d’écart. Même Quintana a réussi à arriver devant… Il n’y a pas eu d’écart. Le vent de face a un peu paralysé la course. On a un très beau vainqueur mais à l’arrivée, on a eu le droit à une petite souris. »
Un dernier espoir semblait pourtant naître dans le dernier secteur. Une attaque de Nibali, encore lui, et un contre signé John Degenkolb (Giant-Alpecin, vainqueur de Paris-Roubaix 2015) provoquaient un trou dans le premier peloton. Une dizaine de coureurs se détachaient dont le leader d’Astana, l’Américain Tejay van Garderen et Froome. Pas bête, ce dernier tentait même d’accélérer dans l’espoir de distancer Alberto Contador et Nairo Quintana. Mais personne ne le relayait. « Les coureurs de ce groupe n’avaient pas intérêt à rouler, estime Guimard. Certains cherchaient la victoire d’étape, comme Degenkolb, et un garçon comme Valverde avait son leader derrière. Ils n’allaient pas collaborer. »