Tour de France: "Ça m'a vraiment choqué", Jegat étonné par Pogacar qui n'a pas disputé certaines victoires d'étapes

Trois jours après sa dixième place au Tour de France, Jordan Jegat a profité de ses quelques jours de repos pour rentrer chez ses parents en Bretagne. Un peu de calme après plus de trois semaines sans relâcher la pression. S'il est déjà attendu dès le 6 août sur les routes du Tour de l'Ain, le coureur de la Team TotalEnergies savoure son Top 10 accroché à la veille de l'arrivée sur les Champs-Élysées.
Notoriété, accrochage avec Simone Velasco, domination de Tadej Pogacar, programme de la fin de saison... Le Français de 26 ans était l'invité ce mercredi de l'"Intégrale sport" sur RMC.
Vous étiez aligné au départ du Critérium de Lisieux mardi. Une première course après votre Top 10 sur le Tour. Vous vous rendez compte de votre nouvelle notoriété?
Oui, mais je ne m'attendais pas du tout à être autant attendu et encouragé. C'est vrai que ça m'a vraiment surpris et ça fait très chaud au coeur de mesurer ma popularité sur ce critérium. On me dit beaucoup que je vais changer de notoriété et je ne m'en rendais pas forcément compte jusqu'à présent. Maintenant, j'espère répondre présent sur mes futures courses.
À quoi vont ressembler les jours qui viennent?
Depuis le Tour, c'est déjà passé très vite. J'ai l'impression qu'il s'est terminé il y a 5-6 heures. J'ai beaucoup enchaîné. Je n'ai pas une minute à moi. Je viens d'arriver chez mes parents en Bretagne et c'est la première fois que je me pose. Je vais en profiter quelques jours en faisant des activités basiques comme aller à la plage, mais aussi un peu de vélo.
Vous étiez encore à l'usine à 20 ans et on vous découvre sur le tard. Est-ce que cela vous plaît d'être l'égérie de ce type de coureurs?
Je suis content du message que je véhicule. Quand Jean-René Bernaudeau (le manager de l'équipe TotalEnergies, NDLR) m'a recruté, il m'a tout de suite dit: 'On croit en toi, tu vas exploser mais n'oublie pas d'où tu viens, j'espère que tu vas en inspirer d'autres.' C'est pour ça qu'à Lisieux, j'ai remercié tous les enfants qui, comme moi, vont voir des critériums. J'essayer de retransmettre ce qu'on m'a transmis.
Qu'est-ce qui est le plus dur: s'imposer sportivement sur le Tour de France ou dans le peloton?
Dans le peloton. Sportivement, c'est plus facile, il suffit d'appuyer sur les pédales dans un col. Alors que dans un peloton, il faut se faire sa place, jouer des coudes, etc. Sur ce Tour de France, j'étais vraiment concentré sur ma course et mes objectifs. J'ai naturellement gardé mon sang-froid. J'ai juste répondu une fois (à Simone Velasco, qui n'a pas apprécié qu'il se glisse dans une échappée, NDLR) en lui disant que c'était la fois de trop.
Qu'est-ce que cela fait d'être dans la roue de stars du peloton comme Tadej Pogacar ou Jonas Vingegaard?
Finalement, on ne les voit pas tant que ça. Ils sont souvent protégés par leur équipe. Mais quand on les croise, on les regarde avec un autre oeil, comme des grands champions. On les admire. Lors de la 10e étape, j'étais avec eux dans la dernière ascension et je me suis dit: 'C'est quand même quelque chose'.
Vous vous y attendiez à ce Top 10?
Non, je ne m'y attendais pas forcément. J'avais toujours l'idée derrière la tête de faire un bon classement général. L'année dernière, je n'avais pas du tout cette optique et j'avais déjà fait 28e. Cette année, j'ai toujours été dans le match, autour du Top 10. Pour moi c'était inaccessible mais je suis passé entre les maladies et les chutes, et ça l'a fait. Ma régularité et mon panache m'ont donné ce Top 10.
Bien sûr, je donnerais mon Top 10 contre une étape, il n'y a aucun débat. Mais si on enlève celles des sprinteurs, celles de Pogacar et celles des autres champions, il ne reste pas grand chose pour les autres.
Est-ce qu'il n'y a pas un peu d'impuissance face aux grosses cylindrées?
Parfois, on se pose la question la veille: est-ce que Pogacar ou les Visma-Lease a bike vont vouloir gagner? On essaye d'appréhender ce scénario et de pouvoir le contrer. Mais on n'a pas forcément le choix. Cette année, les UAE ont été moins dominants. Ils ont perdu Joao Almeida rapidement, Pavel Sivakov a été malade. C'est plus la Visma-Lease a bike de Jonas Vingegaard qui a décidé du sort de la course.
Est-ce que vous avez été surpris de voir Tadej Pogacar laisser filer des étapes qui lui étaient promises, en les "donnant" à d'autres coureurs?
Pour le coup, ça m'a vraiment choqué. À l'arrivée, j'ai vu Thymen Arensman ou Ben O'Connor gagner et ça m'a vraiment étonné. Je ne sais pas s'il avait le moyen de le faire mais c'est étonnant de voir que Pogacar ne les a pas battus.
Dans le cyclisme moderne, on commence de plus en plus jeune. Est-ce qu'on se lasse plus jeune?
Totalement. Plus on commence tôt, plus on est promis à un bon avenir. Par exemple, Remco Evenepoel est un peu le tournant du cyclisme moderne. Dès qu'il est arrivé, on a dit qu'il allait gagner le Tour, qu'il était le futur Eddy Merckx et finalement quand on y arrive pas, la descente est très dure. On peut donc voir des coureurs moins motivés avec des objectifs plus faibles que les attentes.
La dernière étape du Tour de France a beaucoup fait parler, certains plébiscitant les passages dans la Butte Montmartre, d'autres moins. Qu'est-ce que vous en pensez?
J'ai fait le Tour l'année passée avec l'arrivée à Nice. C'était sympa pour moi car j'habite là-bas. Cette année, c'était Montmartre. Je n'avais donc jamais fait la traditionnelle dernière étape sur les Champs-Élysées et j'aurais bien aimé voir ce que c'était. On n'a pas pu profiter des monuments comme le Louvre, on était à bloc. J'étais un peu déçu à cause de ça mais Montmartre reste un événement surdimensionné avec les spectateurs. Alors, pourquoi pas y faire une classique d'un jour.
Quel est votre programme de la fin de saison?
Je fais le Tour de l'Ain qui commence le 6 août. Donc je ne peux pas trop me relâcher, il faut que je maintienne cette pression. Après, j'aurai quelques jours de repos chez moi à Nice. Puis, je suis prévu sur les classiques italiennes début septembre après un mois sans course.