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TOUR DE FRANCE : des "Quatre Fantastiques", il n’en restera qu’un

Alberto Contador et Chris Froome

Alberto Contador et Chris Froome - AFP

Le 102e Tour de France débute ce samedi à Utrecht (Pays-Bas) avec un chrono individuel de 13,8 kilomètres, le seul d’une épreuve au parcours atypique et piégeur. Une Grande Boucle qui devrait s’offrir à l’un des « Quatre Fantastiques » : Vincenzo Nibali, Chris Froome, Nairo Quintana ou Alberto Contador.

Le parcours exaltait déjà le parfum d’une 102e édition exceptionnelle. Un seul chrono individuel, très court (13,8 kilomètres) et dès la première étape. Une première moitié de course hyper piégeuse avec du vent, des pavés, quelques profils parfaits pour une course de mouvement et un chrono par équipes. Sept étapes de montagne dont cinq arrivées en altitude. La montée de Mende pour garder la forme entre les Pyrénées et les Alpes. L’Alpe d’Huez en cerise sur le gâteau à la veille des Champs-Elysées. On en salivait. Les forces en présence ont décuplé l’envie.

Sur la ligne de départ du Tour de France 2015, qui s’élance ce samedi d’Utrecht (Pays-Bas), quatre grands favoris et presque deux fois plus d’outsiders. Les premiers ont même un surnom : les « Quatre Fantastiques ». Alors, pour qui le bon numéro au terme d’un voyage de 3 360 kilomètres ? Beaucoup de spécialistes votent Nairo Quintana, le feu follet colombien des cimes. Même l’histoire fait un clin d’œil à « l’Homme invisible », qui s’est préparé dans le secret de ses montagnes. Sur son dossard, il portera le 51. Comme Eddy Merckx, Luis Ocana ou les deux Bernard, Thévenet et Hinault, l’année où ils ont dompté la Grande Boucle pour la première fois. Le vainqueur du Giro 2014, idole et espoir de tout un peuple dingue de vélo, sera-t-il à la hauteur de ses illustres devanciers du 51 ?

Face à « Naironman », les trois autres « Fantastiques ». Que des anciens vainqueurs. Il y a Chris Froome (2013), « la Chose » au démarrage de feu. Le Britannique d’origine kényane roule comme une moto et grimpe comme un cabri. En forme après avoir remporté le dernier Dauphiné, il a tout pour gagner. Il sait aussi qu’il peut vite tout perdre, à l’image de ses trois chutes en deux jours pour un abandon lors de la cinquième étape l’an dernier.

Il y a aussi Alberto Contador (2007, 2009), « Monsieur pistolero fantastique » en quête de légende et du premier doublé Giro-Tour depuis Marco Pantani en 1998. Celui qui est également le tenant du titre de la Vuelta – il pourrait l’être sur les trois Grands Tours en même temps en cas de succès sur cette Grande Boucle, comme Eddy Merckx ou Bernard Hinault en leur temps – vise également une revanche après sa chute et sa fracture du tibia de 2014. Lui aussi possède toutes les caractéristiques pour gagner. En aura-t-il les moyens physiques ? Le temps nous l’apprendra. Il devra aussi faire attention aux pièges, nombreux du premier week-end au dernier.

Guimard : « La moindre erreur se paiera cash »

Il y a enfin Vincenzo Nibali, le vainqueur sortant, « la Torche humaine » qui embrase la course de son esprit offensif. Avec sa science des bons coups, il peut prendre du temps partout. Mais l’affaire Lars Boom pourrait affaiblir Astana. Dans leurs déclarations, les quatre se renvoient la balle de la pression. Entre des profils et des états de forme différents, mais aussi quatre équipes complètes et puissantes pour les accompagner, difficile de sortir un seul favori. D’autant que derrière, les outsiders ne se feront pas prier pour s’engouffrer dans les possibles brèches.

On pense aux Français brillants l’an dernier, Jean-Christophe Péraud (2e), Thibaut Pinot (3e), et Romain Bardet (6e), qui chercheront à refaire le coup, ou à leurs compatriotes Pierre Rolland et Warren Barguil. On pense à l’Américain Tejay Van Garderen, aux Espagnols Joaquim Rodriguez et Alejandro Valverde, même si ce dernier sera surtout là pour aider Quintana chez Movistar (comme Rafal Majka pour Contador chez Tinkoff-Saxo ou Richie Porte pour Froome chez Sky). Pour de plus grosses surprises, on pense à la jeunesse de Wilco Keldermann (Lotto-Jumbo) ou Simon Yates (Orica-GreenEdge). On pense à tout ça et on ne sait plus quoi penser. Ni qui sera le plus fantastique des fantastiques.

« Ils sont très proches les uns des autres, estime Thierry Bourguignon, consultant RMC Sport. Avec un tel parcours et tant de prétendants à la victoire, il va falloir prendre des risques. Celui qui restera attentiste ne montera même pas sur le podium. » Membre de la Dream Team RMC Sport, Cyrille Guimard appuie : « Le vainqueur se trouve dans les quatre. Mais lequel ? C’est toute la question. Ils sont tellement proches que la moindre erreur ou défaillance se paiera cash. » La conclusion à Contador, dont la forme physique reste un point d’interrogation après le Giro : « C’est le Tour le plus dur que j'ai jamais disputé sur le papier. Ça va être un Tour sans respiration. » Pour les (télé)spectateurs aussi.

Alexandre Herbinet