TOUR DE FRANCE : comment Nibali compte récidiver

Vincenzo Nibali boit du champagne pour fêter sa victoire sur le Tour 2014 - AFP
On ne change pas une recette qui gagne. Alors Vincenzo va faire du Nibali. Ou tenter, en tout cas. Vainqueur du Tour de France l’an dernier, le « requin de Messine » avait survolé la course de sa classe et de son panache. L’esprit offensif dans la musette, l’Italien avait attaqué et pris du temps partout, intenable dynamiteur de tête de peloton. Le grand public avait vu une victoire magistrale. Mais les spécialistes n’oubliaient pas l’astérisque. Question de concurrence. Nairo Quintana ? Absent. Chris Froome et Alberto Contador ? Des chutes et des abandons avant même la fin de la 10e étape. Qu’importe. Contexte particulier ou pas, Nibali aura appris à gagner la Grande Boucle, le troisième Grand Tour dans son escarcelle (après la Vuelta 2010 et le Giro 2013).
Reste à reproduire ça avec les trois autres « Fantastiques » dans les pattes. Pas facile. Depuis le début de saison, l’Italien est celui des quatre favoris qui a obtenu les moins bons résultats. Pas de quoi faire grimper la confiance au maximum. Mais Vincenzo n’en a cure. Le garçon sait où il va. « Quand on a gagné le Tour, comme moi l’an dernier, ce n’est pas facile de repartir la saison suivante, a expliqué Nibali ce vendredi en conférence de presse. J’ai passé un printemps difficile. Je n’ai pas réussi à trouver la bonne condition pour gagner. Avec mon entraîneur, Paolo Slongo, on a refait l’approche de l’an passé pour être à 100% au Tour. Il faudra voir sur le terrain comment profiter de cette forme. Il y a des coureurs qui ont plus gagné que moi cette saison, notamment Froome, Contador ou Quintana. Mais j’arrive en bonne condition. Je sais qu’il y a beaucoup d’attente à mon égard mais je suis à peu près en ligne avec ce que j’avais fait l’an dernier. »
« Les pavés ? Ce sera une occasion »
Jusqu’ici, le plan se déroule sans énorme accroc. Le week-end dernier, l’Italien a remporté son championnat national. Comme en 2014. Sur le Dauphiné, il était un peu en retrait (12e). Comme en 2014 (7e). Au-delà des résultats, il y a surtout les impressions. Cette sixième étape du Dauphiné où Nibali, grand perdant de la veille, a dynamité le peloton avec une échappée royale pour prendre le maillot de leader. Il ne l’aura pas porté jusqu’au bout. Mais on a retrouvé ce cycliste offensif qui pourrait déstabiliser ses rivaux sur tous les terrains de la Grande Boucle. Notamment dans ces dix premiers jours où les embûches – vent, pavés, mur de Huy, Mûr-de-Bretagne, etc – seront nombreuses. Cela tombe bien, l’Italien adore ce type de terrains de jeu.
L’an dernier, il avait pris le maillot jaune dès la deuxième étape, à Sheffield. Puis grappillé du temps aux autres favoris sur les pavés. Rebelote ? La perspective le fait saliver. « Les pavés ? Ce sera une occasion, lance le leader de l’équipe Astana. Il faudra être devant. Le placement de la voiture suiveuse sera important aussi, et même essentiel en cas de crevaison. Ce sera très nerveux durant la première semaine. Il n’y aura pas vraiment de moment pour se relaxer et il faudra être très attentif. Ces étapes seront déjà très importantes. »
Viendront ensuite les juges de paix des étapes de montagne. Avec toujours les trois autres diables à gérer. « La concurrence est vraiment énorme, ce Tour va être incroyable, assure Nibali. Je me sens bien et j’espère l’emporter mais ce ne sera pas chose facile. » Et l’Italien de préciser : « Selon la course, une place sur le podium pourrait être un Tour réussi. Les meilleurs sont là et il faut remonter à Ottavio Bottecchia pour qu’un Italien gagne le Tour deux années de suite (1924-1925, ndlr). C’est dire la difficulté. » Il faudra un requin aux dents bien aiguisées pour relever le défi.