Tour de France: "Julian, c'est notre fierté", on était à Montluçon avec la famille d'Alaphilippe pour la 11e étape

Sur la route, sur des pancartes, sur des t-shirts, sur la façade des boutiques, sur les voitures… Ici, le nom de Julian Alaphilippe s’affiche en grand. Partout. Bienvenue à Montluçon, la sous-préfecture de l’Allier. C’est dans cette commune de 37.000 âmes que le double champion du monde a grandi, là où sa famille s'est installée, dans une cité du quartier de Fontbouillant, quand il était encore à la maternelle. Le lien ne s’est jamais rompu. Alors quand il se présente rue de Pasquis, juste devant le magasin de cycles tenu par son frère cadet Bryan, l’émotion est palpable, ce mercredi, à l’occasion de la onzième étape du Tour de France tracée entre Clermont-Ferrand et Moulins.
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Le peloton file à vive allure et le coureur de la Soudal-Quick Step ne peut pas se permettre de mettre pied à terre pour embrasser tous ceux qui composent son fan-club. Mais il prend tout de même le temps de se glisser dans les dernières positions pour saluer proches et amis. Il y a là son frangin Bryan, ancien coureur professionnel, mais aussi leur mère Catherine, aussi discrète que fière de ses fils, et l’ensemble du Vélo Sport Montluçonnais, club où a été licencié Julian. Franck Alaphilippe, son cousin et entraîneur, est lui passé un peu plus tôt, avant le passage de la meute. Une poignée de minutes, le temps de claquer une bise à la famille et de confier sa fierté de voir la plus belle course du monde à Montluçon : "C’est vraiment sympa, ça fait plaisir !"

Et Julian, dans quel état d’esprit est-il après avoir coincé mardi dans le Massif central ? "Il a fait une belle étape, ça va. Il est toujours déçu et frustré de ne pas pouvoir gagner, mais sa condition est plutôt bonne, on espère qu’il va trouver le petit plus dans les prochains jours." Un souhait unanimement partagé ici. Déjà dans le dur lors des championnats de France dans le Nord, le héros local vit une première partie de Tour quelque peu galère. Le maillot de jaune qu’il rêvait d’endosser dans le Pays basque ? Raté. Ses incursions dans des échappées ? De bon augure, mais sans succès au bout. S’il fait toujours partie des vainqueurs à l’applaudimètre, il manque jusqu’à présent un brin de folie à ses retrouvailles avec un public cocardier qui le chérit tant.

"Ce n'est que du bonheur" pour la maman d'Alaphilippe
"Ça fait chier de se battre pour un top 10", confiait-il dépité mardi soir, dans la fournaise d’Issoire. Il était donc temps d’arriver sur ses terres pour avoir droit à une belle bouffée d’oxygène. Des messages de soutien à foison, des encouragements criés avec le cœur. "Ça me fait super plaisir, pour lui et Bryan, confie sa maman, casquette blanche à pois rouges vissée sur la tête. Ce n’est que du bonheur, il y a du monde, les voisins, on est un peu tous en famille. Julian, je lui envoie des messages le soir, il me dit qu’il est un peu cramé mais qu’il va essayer d’en gagner une. Ça se rapproche ! Est-ce qu’il va gagner une étape ? Oui, il me l’a dit !" Une prophétie qui plaît beaucoup à Bryan Alaphilippe : "Il ne manque pas grand-chose mais être devant c’est le principal ! C’est déjà exceptionnel ce qu’il a fait dans le vélo."

Retiré des pelotons depuis deux ans, ce dernier a lancé avec son associé un commerce dédié au cyclisme, où les plus beaux maillots portés par Julian depuis le début de sa carrière font office de décoration cinq étoiles. C’est là qu’une centaine de personnes s’est rassemblée pour célébrer l’icône, déployer des banderoles et donner de la voix. "Je suis fan de lui parce qu’il est fort ! Je le regarde à la télé d’habitude et là on le voit en vrai ! Il est trop fort, vraiment trop fort !", répète Paul, 7 ans, adhérent du Vélo Sport Montluçonnais et vêtu d’une réplique XXL de la tunique de champion du monde. Même enthousiasme chez Emma, 15 ans, campée devant un grand écran qui diffuse l'étape en attendant l'arrivée des coureurs : "Il représente la persévérance et le courage, il a travaillé extrêmement dur pour gagner tout ce qu'il a gagné. C’est un exemple !"

Sophie, dirigeante historique du VSM, qui a vu Julian disputer ses premières courses à 8-9 ans, a un peu de mal à cacher son émotion : "Il a couru avec mes enfants à l’école de vélo ! Il avait déjà une mentalité de gagneur. Je me souviens d’une course où il avait fini troisième après avoir été battu au sprint. Il avait jeté son vélo, s’était assis par terre et avait pleuré. C’était surtout un garçon adorable, respectueux, très poli, attachant et plein de vie ! C’est la fierté de Montluçon, il est très aimé ici." Il a pu s'en rendre compte une nouvelle fois.