Tour de France: la rédemption du "méchant" Dylan Groenewegen, vainqueur de la 3e étape

Et si ce Tour de France 2022 était l’occasion de clore un triste chapitre, de définitivement chasser les fantômes du passé? Samedi, la deuxième étape de la Grande Boucle a été marquée par la victoire du revenant Fabio Jakobsen (Quick-Step Alpha Vinyl), l'homme qui a tutôyé la mort lors de son terrible accident sur le Tour de Pologne, en août 2020. Ce dimanche, comme un symbole, c'est le principal fautif, le "méchant" de cette histoire, qui a levé les bras au terme de la troisième étape: son compatriote Dylan Groenewegen.
Alors que Jakobsen n'a cette fois jamais été en mesure de jouer la gagne, le sprinteur de l'équipe BikeExchange a pris le dessus sur Wout Van Aert (Jumbo-Visma) et Jasper Philipsen (Alpecin) pour s'imposer à Sonderborg (Danemark)... et être aussitôt rattrapé par les émotions.
"Mentalement, ça a été très dur"
"Ça a été un long chemin, a confié Groenewegen à chaud, en ayant du mal à trouver ses mots. J’ai envie de dire merci à mon équipe, à ma famille et à mes amis de m’avoir permis de faire mon retour. Physiquement ça allait, mais mentalement ça a été très dur, après tout ce qu'il s'est passé. Pour moi et aussi pour ma famille. Cette victoire est pour ma femme et mon fils, ça signifie beaucoup pour moi..."
Car ces deux dernières années, madame Groenewegen a vu le coureur affronter un paquet d'épreuves. Logiquement pointé du doigt après la tragique première étape en Pologne (au cours de laquelle il s'est lui-même cassé une clavicule) et suspendu neuf mois par l'UCI pour son geste dangeureux, le Néerlandais avait aussi dû vivre avec les insultes et les menaces de mort. Revenu à la compétition en mai 2021 sur le Giro, soit encore plus tard que Jakobsen (qui l'a allumé a posteriori), Groenewegen était alors apparu avec l'esprit lourd, sans confiance.
Il s'était certes imposé sur des étapes lors des Tours de Wallonie et de Pologne, mais n'avait pas enregistré de succès en WorldTour en 2021. Passé de Jumbo-Visma à BikeExchange à l'intersaison, Groenewegen a ensuite peu à peu remonté la pente, gagnant des sprints sur des épreuves secondaires (Arabie saoudite, Tour de Hongrie, Tour de Slovénie...). Mais il lui manquait ce succès référence, celui pouvant définitivement marquer son retour dans la cour des grands.
"Ça signifie beaucoup pour lui"
"C'est magnifique, a-t-il poursuivi ce dimanche en descendant du podium, au micro de France 2. (...) C’est super que Fabio ait gagné hier, après ce qu'il s’est passé, ça veut dire que mentalement il est très, très fort. Je le félicite, je suis content pour lui. Aujourd'hui c’est moi qui gagne, c’est comme ça. Je pense que tout ça est très bien pour le peuple néerlandais."
Et pour les équipiers de Groenewegen, aussi. "Tout le monde connait l’histoire de Dylan, il a traversé beaucoup de choses ces deux dernières années, glisse au micro de RMC Sport Michael Matthews. Revenir comme ça, sur la plus grosse course de l’année, ça signifie forcément beaucoup pour lui. Pour nous tous. Les voir tous les deux revenir (Groenewegen et Jakobsen), physiquement mais aussi mentalement, les voir tous les deux gagner sur le Tour, ça montre que tout est possible."