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Tour de France: "La suspicion vient souvent de France", estime le patron de la Jumbo-Visma

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Dans un entretien ce vendredi à l'Equipe, Merijn Zeeman, le manager sportif de la Jumbo-Visma est revenu sur les accusations de dopage liées à son équipe. Pour lui, les "Français se cherchent des excuses" car ils n'ont pas la même exigence.

Chaque année, le Tour de France est la vitrine du cyclisme. Là où les champions se côtoient et où ils sont attendus à leur meilleur niveau, après une préparation millimétrée. Depuis 2020, la formation Jumbo-Visma vient sur la Grande Boucle avec l'objectif de remporter le général, avec Primoz Roglic en tête d'affiche. Manager de l'équipe néerlandaise, Merijn Zeeman doit forcément composer avec la suspicion qui règne, liée au dopage. Le dirigeant aborde le sujet dans un entretien à l'Equipe.

"La suspicion vient souvent de France alors que personne ne s'intéresse vraiment à la façon dont on travaille. Les Français ne vont peut-être pas aimer mais je pense qu'ils ne travaillent pas avec le même professionnalisme que nous, a commenté Zeeman. Ils laissent régulièrement entendre que nos résultats sont dus aux cétones, au dopage mécanique, que sais-je... mais selon moi, ils cherchent des excuses. Certaines équipes, pas seulement les Françaises, refusent de regarder en face leur manque d'exigence et disent que les autres font des trucs louches."

"Avant de faire signer un coureur, on est extrêmement strict en matière d'antidopage"

Après l'abandon de Primoz Roglic l'an passé, Jonas Vingegaard s'était révélé au grand jour pour terminer à la deuxième place du classement final, derrière Tadej Pogacar. En 2022, la Jumbo-Visma a amené à nouveau le duo Vingegaard-Roglic même si le Slovène a déjà connu la chute sur l'étape des pavés, perdant du temps.

Mais l'homme fort de ce début de Tour de France est Wout van Aert, qui a lâché ce jeudi son maillot jaune après un raid fou à la faveur d'une échappée. Le Belge s'était imposé à Calais lundi, tunique de leader sur le dos, après avoir pris à trois reprises la deuxième place. "Au lieu de jeter la suspicion, pourquoi ne pas en parler entre nous? Les critiques sont dures à entendre car personne ne nous en parle en face, estime le manager. Je suis responsable du recrutement de Jumbo-Visma et, avant de faire signer un coureur, on est extrêmement strict en matière d'antidopage."

Merijn Zeeman précise qu'un coureur qui ne serait pas en mesure de présenter tous ses tests sanguins depuis son passage dans le monde professionnel, ne pourrait pas s'engager avec la Jumbo-Visma. "Pas mal de coureurs, dans des équipes qui s'insurgent sur ces questions-là, ne peuvent pas fournir leurs valeurs sanguines. Il y a des coureurs qui ne sont pas acceptés chez nous et qui sont acceptés dans ces équipes, tacle Zeeman. Je ne dis pas qu'ils se dopent mais il y a dans leur dossier des éléments suspects. Pour nous, pas de zone grise, c'est noir ou blanc."

La polémique sur les cétones est "ridicule" pour Zeeman

Lors des dernières éditions, la Jumbo-Visma avait confirmé prendre des cétones, qui ne sont pas interdits par l'UCI mais dont tous les effets ne sont pas encore connus. "C'est le débat le plus ridicule qu'il ait jamais eu dans le cyclisme, fustige le patron du sportif de l'équipe de Roglic et Vingegaard. Je ne dis pas que les cétones marchent, car il y a encore des études à mener. Mais c'est juste un complément alimentaire. Le sport de haut niveau est en évolution permanente; ça bouge, ça cherche, on se demande toujours dans quelle direction aller. Les cétones, ça nous fait à la fois marrer et ça nous énerve. Cela ne représente même pas 1% de notre travail sur la performance."

En attendant, avec 27 victoires depuis le début de la saison, la Jumbo-Visma se pose comme l'une des équipes dominantes du cyclisme actuel. "Même s'il faut rester vigilant, je crois qu'un réel changement s'est opéré", conclut Merijn Zeeman.

GL