Tour de France: le risque de pluie fait trembler le peloton avant le départ à Bilbao

"Ici au Pays Basque, il pleut trois ou quatre fois par jour, sauf que personne ne sait à quelle heure!" Julien Jurdie, le directeur sportif d'AG2R-Citroën, n’a pas peut-être pas de diplôme en météorologie, mais il n’est pas si loin de la vérité. Oubliés, les rayons de soleil qui avaient offert un cadre idyllique l’été dernier pour le grand départ du Tour de France à Copenhague. A Bilbao, dans le nord de l'Espagne, le décor est tout autre. C’est un ciel pour le moins capricieux qui attend Jonas Vingegaard, Tadej Pogacar et les 174 autres coureurs engagés sur cette 110 édition. Après s’être invitée à la présentation des équipes jeudi soir, la pluie pourrait à nouveau accompagner le peloton pour les deux premières étapes tracées sur le sol espagnol, à en croire les prédictions des différents bulletins météos locaux. Et la perspective d’un crachin breton revisité à la sauce basque n’enchante pas tout le monde.
"On va effectivement scruter la météo avec beaucoup d'attention, confirme Julien Jurdie. On a observé à l'entraînement ces routes humides parce que ce sera sûrement le cas samedi. On sait que la météo est toujours incertaine au Pays basque et il y a de grandes chances pour qu'on retrouve de la pluie au départ, pendant l'étape ou à l'arrivée."
De quoi épicer un peu plus un menu déjà bien costaud. Pour avoir d’entrée un feu d’artifice, les organisateurs ont imaginé un tracé en boucle de 182km composé de cinq montées répertoriées, dont trois dans la partie finale. Avec en dessert la côte de Pike et ses pentes jusqu’à 20%. Dimanche, le Tour prendra la direction de San Sebastian pour une nouvelle étape difficile et vallonnée avec en point d’orgue l’ascension du célèbre Alto de Jaizkibel, traditionnel juge de paix de la Clasica San Sebastian, qui pourrait dessiner un début de hiérarchie parmi les prétendants au classement général. Alors si la pluie décide en plus de s’en mêler…
Le mauvais souvenir niçois de 2020
"Le placement sera super important", insiste Benoît Cosnefroy, le puncheur d'AG2R-Citroën, qui aura sa carte à jouer ce week-end. "Samedi, il y aura 30-40 coureurs maximum dans le final et des favoris voudront peut-être attaquer. La deuxième étape sera un peu plus pour les grimpeurs avec le Jaizkibel. On sera tout de suite dans le vif du sujet avec beaucoup de dénivelé. On espère une météo clémente sinon ce sera difficile. Forcément, la pluie complique les choses, les routes deviennent glissantes. On sait qu'ici le terrain est sinueux et hostile, et qu'il pleut souvent. La pluie rendrait la course plus nerveuse, avec des chutes", poursuit le Normand. Dans le peloton, certains ne cachent pas qu’ils ont encore en tête les galères vécues sur le dernier Giro.
Fade dans son scénario, le Tour d’Italie avait été plombé chaque jour ou presque par des trombes d’eau. Les conditions météo dantesques avaient même relancé le débat sur les limites de l'acceptabilité dans un sport intimement lié à la souffrance. Le Tour n’en est pas encore là. "La pluie ? C'est pas mal, ça me rappelle un peu le Giro, plaisantait d’ailleurs Thibaut Pinot jeudi soir. Mais je pense qu'on aura un meilleur temps..." Lui espère bien sûr ne pas revivre le même départ qu’en 2020. A Nice, la ville où il ne pleut habituellement jamais, le peloton s’était retrouvé à patiner sur des routes détrempées. Résultat : un jeu de quilles géant avec des chutes en pagaille et des coureurs salement amochés. Parmi les victimes ce jour-là, Pinot avait vécu un calvaire pendant trois semaines (et même au-delà).
"On se souvient tous de cette étape de Nice. C’était assez épique même si moi je l’avais plutôt bien vécue. Il n'y aura pas autant de pluie cette année et peut-être que le bitume est adapté pour ne pas être trop glissant…", confie Guillaume Martin, le leader de la Cofidis. Son manager, Cédric Vasseur, a fait le même genre de vœu : "J'espère que le vent va bien sécher les routes !" Mais pour Julien Jurdie, pas de doute, il faut se préparer à de la casse dès ce week-end : "On sait très bien que samedi soir des favoris ou des outsiders seront peut-être à la maison. C'est le lot du Tour de France chaque année. Avec en plus la technicité et la tension de ces premières étapes, on risque d'avoir des surprises et je croise les doigts pour qu'on ne soit pas dans les mauvaises."