TOUR DE FRANCE – Nibali : comment le "Requin" s’est (un peu) noyé

Vincenzo Nibali sous la pluie - AFP
Un « requin » peut donc se noyer dans le vent. Même quand son intelligence dépasse la moyenne. Placé devant tous les trois autres grands favoris à l’issue du chrono de samedi, Vincenzo Nibali avait le profil parfait pour continuer de faire grimper son avantage dans la première semaine du Tour. A commencer par cette deuxième étape où le vent et les conditions dantesques semblaient convenir à merveille à sa science de la course. Un plan qui s’est écroulé comme un château de cartes à la faveur de circonstances défavorables. Piégé derrière une chute au pire moment, le tenant du titre italien a manqué le bon coup pour rien du tout. Mais il l’a bel et bien raté et seul le résultat compte.
« On a joué de malchance, expliquait le leader de l’équipe Astana à l’arrivée, disputée sur l’île artificielle de Neeltje Jans en Zélande (Pays-Bas). J’ai été retardé par la chute d’Adam Hansen (coureur australien de Lotto-Soudal, ndlr). Je suis resté à un cheveu du groupe de tête mais nous nous sommes désunis et nous n’avons pas pu combler immédiatement l’écart. Nous avons chassé longtemps. Que pouvions-nous faire ? C’est le cyclisme. Il faut accepter les mauvais jours. Le Tour est encore long. » Il ne démarre pas au mieux pour le « requin de Messine ». Le Sicilien, 49e de l’étape, a franchi la ligne avec 1’28’’ de retard sur le groupe de tête, dont le duo Chris Froome (Sky)-Alberto Contador (Tinkoff-Saxo). Désormais 33e au général, le champion d’Italie pointe déjà à 1’21’’ du Britannique et 1’09’’ de l’Espagnol.
Giuseppe Martinelli, directeur sportif d’Astana : « Tu ne peux rien contre la malchance… »
Un écart rattrapable, surtout après deux jours de course seulement. Mais autant de temps perdu qu’il faudra bien aller chercher quelque part. Pas impossible quand on comprend que sa mésaventure du jour n’était pas due à une question de niveau. Alors qu’il accompagnait toujours Froome et Contador à l’avant quand Nairo Quintana a été distancé à 60 bornes de l’arrivée, Nibali a été retardé par une dizaine de kilomètres plus loin par la chute d’un coureur (Hansen). « Il y a eu une cassure sur un rond-point, explique Marc Madiot, le manager de la FDJ. Nibali n’y était pas, ils en ont profité. » Le Sicilien ne reverra plus les hommes de tête. « J’ai vu que Nibali était prêt à chasser avec moi mais je n’ai pas bougé, précise Rohan Dennis, le désormais ex-maillot jaune. J’ai placé les intérêts de Tejay van Garderen (le leader de son équipe, BMC, qui était présent dans le premier groupe, ndlr) au-dessus des miens » Et Froome de se délecter d’une situation parfaite pour ses intérêts : « Quand j’ai appris que Nibali était distancé, je ne pouvais pas y croire. »
Après la jonction avec le groupe Quintana, à 35 bornes de l’arrivée, l’Italien sera aussi victime d’une crevaison qui l’obligera à profiter de l’aspiration des voitures de directeurs sportifs pour rentrer dans ce peloton de chasse. Et malgré les efforts des quatre équipiers présents à ses côtés – les quatre autres, dont le rouleur Lars Boom, étaient à l’arrière après avoir été pris derrière une chute à Rotterdam – pour limiter la casse, le débours final fait mal. Même s’il aurait pu être pire. « Sans notre collaboration avec Astana, le déficit aurait été bien plus important », explique le Colombien Quintana, autre grand perdant du jour. « Vincenzo a eu de la malchance, commente Giuseppe Martinelli, le directeur sportif d’Astana. Il est tombé, il a crevé. L’équipe a beaucoup travaillé mais tu ne peux rien contre la malchance. 1’28’’, c’est beaucoup. Je pense qu’il a besoin qu’on lui remonte le moral. C’est un jour difficile pour l’équipe. » Elle n’est pas la seule dans ce cas.