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Tour de France: pourquoi les voitures suiveuses du chrono transportent une dizaine de vélos... pour un seul coureur

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Ce samedi, pour le contre-la-montre au programme de la 20e étape du Tour de France, il faut encore s'attendre à voir une abondance de vélos de rechange empilés sur les voitures chargées de suivre les coureurs tout au long du parcours. Par crainte d'une multitude de crevaisons? Absolument pas.

Tout est bon pour gratter de précieuses secondes. Depuis plusieurs années, l’exercice si particulier du contre-la-montre s’est transformé en une course à la technologie pour les équipes cyclistes. C'est la fameuse théorie des "gains marginaux" rendue célèbre au milieu des années 2010 par le Team Sky. Un concept un peu fourre-tout qui veut que des petites fractions de temps gagnées ici et là grâce à des éléments particuliers représentent au final un gain non négligeable. Pour le chrono, cela se traduit par un travail constant et fastidieux autour des équipements, avec par exemple des casques et des combinaisons spécifiques à chaque coureur pour optimiser l’aérodynamisme. Tout est étudié au millimètre, avec souvent de nombreux tests en soufflerie au cœur de l’hiver. Bien sûr, performer sur un contre-la-montre nécessite avant tout d’avoir un gros moteur et le mental nécessaire pour affronter ce genre d’effort solitaire, ce combat contre l’horloge. Il faut savoir réguler et lisser son effort en l’adaptant au mieux au relief et à la distance. Mais ça ne suffit plus.

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Ce samedi, à l’occasion de la 20e et avant-dernière étape du Tour de France, qui proposera un contre-la-montre de 40,7 kilomètres dans le Lot entre Lacapelle-Marival à Rocamadour, les spectateurs pourront voir un drôle de spectacle se mettre en place. Comme le raconte Le Parisien, il faut s’attendre à voir une abondance de vélos de rechange empilés sur les voitures chargées de suivre les favoris tout au long du parcours. Le but ? Gagner du temps, encore et toujours. L’idée est assez simple. Des expériences ont montré qu’avoir une voiture remplie de vélos sur son toit permet de réduire la résistance à l’air d’un coureur. "Quand vous avez quelqu’un qui roule derrière vous, en voiture ou en van, ou même avec un camion, ça vous donne une poussée non négligeable dans le dos. Pour amplifier cet effet, on va mettre le plus de volume possible derrière vous. Soit on remplace la voiture par un van ou un camion, ce qui n’est pas autorisé, soit on met le plus d’obstacles possibles sur le toit de la voiture", explique auprès du Parisien Bert Blocken, chercheur de l’université de Technologie d’Eindhoven.

Une technique autorisée

Cette technique avait beaucoup fait parler en mars dernier sur le chrono inaugural de Tirreno-Adriatico. Vainqueur devant Remco Evenepoel et Tadej Pogacar, après avoir avalé 13,9 kilomètres en 15'17'', soit une belle moyenne de 54,5 km/h, Filippo Ganna avait été suivi du départ à l’arrivée par la voiture de son équipe Ineos pleine de vélos sur la galerie. "Ineos aime Ganna. Lors du contre-la-montre, ils lui ont donné le choix entre 10 vélos, au cas où il en aurait besoin d'un dans une autre taille", avait plaisanté un internaute sur les réseaux sociaux. "Bon travail. La prochaine fois, nous utiliserons le bus de l’équipe pour rouler derrière notre coureur Alex Dowsett", avait aussi ironisé l’ancien pro Greg Henderson, devenu entraîneur de la performance chez Israël-Premier Tech. En plaçant une dizaine de vélos, la formation britannique avait cherché ce jour-là à exercer une sorte de poussée sur son coureur. Ce qui n’a rien d’illégal.

Cette méthode est parfaitement autorisée. "Chaque coureur est accompagné d’une voiture qui transporte son matériel de rechange. Chaque voiture suiveuse doit demeurer à une dizaine de mètres derrière son coureur", précise simplement le règlement de l’Union cycliste internationale et du Tour de France. Pour le reste, placer un maximum de vélos sur une voiture suiveuse n'a rien d'interdit. Il suffit de revoir les images du contre-la-montre, dans les rues de Copenhague, pour comprendre que les équipes avaient toutes fait ce choix pour leurs leaders. Il en sera de même aujourd'hui.

RR