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Tour de l'Avenir: "Il faut laisser les choses se faire naturellement avec Seixas", insiste le directeur sportif de l’Equipe de France

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Invité de "Grand Plateau", le podcast vélo de RMC, le directeur sportif de l'équipe de France François Trarieux a livré ses dernières impressions avant le départ du Tour de l'Avenir. Il s'est dit "confiant" en les chances et le leadership de Paul Seixas, tout en insistant sur le fait de ne pas lui mettre trop de pression à son âge.

Après Tadej Pogacar, David Gaudu, Egan Bernal ou encore Isaac Del Toro, Paul Seixas va-t-il inscrire son nom au palmarès du Tour de l'Avenir? C'est la question que se posent tous les suiveurs du cyclisme alors que la course souvent présentée comme le Tour de France des moins de 23 ans débute ce samedi à Tignes (du 23 au 29 août).

Probablement le mieux placé pour en parler, François Trarieux, directeur sportif l'équipe de France, était l'invité ce lundi de "Grand Plateau", le podcast dédié au cyclisme de RMC. Pression démesurée à seulement 18 ans, duel attendu avec Jarno Widar, cyclo-cross, état de forme... Le technicien français a évoqué tous les sujets à seulement quelques jours de l'échéance.

À l'approche du début de ce Tour de l'Avenir, il y a une petite effervescence qui monte, notamment grâce la présence de Paul Seixas. Vous la ressentez en tant que sélectionneur?

Pour l'instant, je ne la ressens pas tellement parce qu'on est un peu loin de la course. Chacun vaque à ses occupations durant l'été. Après, forcément, ça fait parler parce que Paul, après ce qu'il a pu montrer sur le mois de juin au Dauphiné, cristallise pas mal d'attentes.

Forcément, avec une édition où on va retrouver Jarno Widar qui était passé au travers l'an dernier, ça annonce déjà un petit duel. Sans oublier tous les coureurs qui vont être autour et qu'il ne faut pas négliger.

Avant d'évoquer les adversaires, parlons de l'équipe de France. C'est une sélection, donc les coureurs ne courent pas ensemble à l'année. Comment allez-vous essayer de créer l'alchimie entre ces jeunes?

L'alchimie s'est déjà mise en place sur les deux premières manches de la Coupe des Nations. Il y avait quasiment toute l'équipe à part Paul Seixas et Antoine L'Hote. Les coureurs se connaissent. Paul a quand même un leadership naturel grâce à ses résultats. Il arrive à créer une osmose autour de lui.

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On a plusieurs profils de coureurs qui connaissent aussi bien le plateau. La gestion des émotions va être importante car c'est un facteur clé sur le haut niveau et en particulier à cet âge-là. Paul a pu démontrer par le passé, notamment chez les juniors, qu'il arrivait à tirer les garçons avec lui, pour pouvoir générer cette cohésion. Les garçons vont se mettre au service de Paul quand il le faudra, comme Paul pourra aussi servir à d'autres pour pouvoir éventuellement aller jouer leurs cartes sur certaines étapes. C'est tout l'intérêt d'avoir une équipe homogène et qualitative.

On comprend que Paul Seixas sera le leader naturel. Vous l'avez eu sous vos ordres en cyclo-cross. Quels souvenirs gardez-vous de cette période?

Paul fait partie de toutes ces jeunes générations qui pratiquent plusieurs disciplines dans les jeunes catégories. Cela fait partie de leur bagage technique. Il est passé par différents clubs qui proposaient l'activité cyclo-cross et je pense que c'est un élément important. On voit que Paul est régulièrement placé à l'avant du peloton et est assez à l'aise pour pouvoir frotter.

>> L'intégralité de l'interview est à écouter dans le podcast "Grand Plateau"

Paul adore le cyclo-cross via sa formation. Mais, à court voire moyen terme, il avait quelques lacunes sur le plan technique (et même sur son profil physiologique) pour pouvoir y performer à haut niveau. On avait beaucoup échangé après sa saison de junior pour qu'il puisse rapidement s'orienter sur la route, se spécialiser et éventuellement garder un peu le cyclo-cross à long terme s'il le veut en préparation.

Paul Seixas était attendu sur le Tour de l'Ain et a dû déclarer forfait pour cause de maladie. Comment va-t-il?

Il va bien. Il fait sa préparation. Il finalise ça comme il faut. Après, je laisse aussi les coureurs se préparer de leur côté. Paul est quand même très sollicité, on parle beaucoup de lui. Chacun y va de son avis. Donc là-dessus, je le laisse.

J'ai croisé son entraîneur aux Championnats de France de l'avenir. On a pu échanger quant à sa forme et j'ai confiance en lui. Et puis on se connaît assez pour mettre ça en place quand il va arriver à Tignes vendredi.

Justement, sur la pression, Paul Seixas est annoncé comme le grand favori de ce Tour de l'Avenir et beaucoup d'attentes sont placées sur lui dans les prochaines années. Comment gérer tout ça?

Il y a forcément de l'excitation autour de l'épreuve et l'arrivée de Paul. Mais justement, il faut trouver le juste milieu et faire en sorte que le coureur et le jeune qu'il est puissent arriver avec de la sérénité et respecter son cadre de préparation.

Paul est un très jeune coureur encore et il y a beaucoup d'attentes autour de lui. Il fait partie des coureurs sur lesquels à chaque étape, on attendra à chaque fois encore plus. Je pense qu'il faut aussi laisser les choses se faire naturellement. C'est normal d'avoir cette motivation et cet entrain sur un Français qui arrive comme ça. Je ne suis pas là pour avoir un discours hyper protecteur parce que, de toute façon, le système et l'environnement font que Paul doit apprendre à gérer tout ça. Il y a une part d'inné et une part de formation et d'appréhension.

Mais je pense que le discours d'ensemble doit être assez apaisé autour de lui pour qu'il soit dans un cadre "équipe de France". Il n'est pas avec son équipe professionnelle. Les attentes sont un peu différentes dans le sens où il ne travaille pas avec les mêmes personnes, avec les mêmes moyens. Là, c'est un objectif sportif. C'est un point d'étape. Mais très honnêtement, si Paul Sexas ne gagne pas le Tour de l'Avenir 2025, ça ne l'empêchera peut-être pas de gagner le Tour de France. Aujourd'hui, on a la preuve qu'il y a plus de vainqueurs du Tour de l'Avenir qui n'ont pas gagné le Tour de France que l'inverse. L'équation n'est pas si simple que ça. Et puis le plateau des jeunes coureurs qui vont être avec lui va faire que ça va être un bon test.

Concernant le plateau, le duel annoncé entre Paul Seixas et Jarno Widar fait parler. Le sélectionneur belge Serge Pauwels les a comparés au duel entre Pogacar et Vingegaard. Est-ce que vous comprenez l'image?

J'ai bien lu sur l'interview à Serge Pauwels (auprès de Direct Vélo, NDLR). C'est une image qu'il a pu avoir mais je ne suis pas forcément d'accord. Cela reste des coureurs qui sont opposés ne serait-ce que dans le gabarit et dans la manière de courir. Pogacar a un style très agressif, il est capable d'attaquer à n'importe quel moment, alors que Vingegaard est habitué à faire des gros trains avec la Visma et profiter ensuite du surnombre. Ce n'est pas forcément ce qu'on va retrouver sur le Tour de l'Avenir.

L'équipe de Jarno Widar n'est peut-être pas aussi forte que certaines années, donc la comparaison est peut-être un peu différente. Il ne faut quand même pas oublier que celui qui a gagné Baby Giro cette année n'est pas belge, il n'est pas français, il est slovène. Il s'appelle Jakob Omrzel et je me méfie plus de lui que de Widar qui forcément stigmatise un petit peu les attentes parce qu'on sait très bien qu'il fait partie aussi de cette jeune génération de coureurs belges qu'on attend. Mais il ne faut quand même pas oublier qu'il y a d'autres équipes qui seront présentes au départ et qu'on ne peut pas résumer à la course à deux coureurs parce que le plateau est quand même relativement important.

Les coureurs sont impatients d'en découdre parce qu'ils savent très bien que la bataille va être très rude. Que ce soit Paul ou Jarno, je ne pense pas qu'ils prennent le départ de la course en étant assurés de terminer premier ou deuxième. Ils savent très bien que tous les coureurs se préparent pour cette épreuve. Derrière, il ne restera plus pour certains que les Championnats du monde à Kigali, éventuellement les Championnats d'Europe, mais ça reste leur objectif de la saison. C'est pour ça que je pense que le niveau va être très resserré et qu'il faudra quoiqu'il arrive qu'on ait un grand Paul pour aller s'imposer au général.

TP avec Grand Plateau