"Paul Seixas? Ni trop l'exposer, ni trop le surprotéger": Sébastien Joly, directeur sportif à Decathlon-AG2R, détaille les ambitions grandissantes de l'équipe

Paul Lapeira, Nicolas Prodhomme et Léo Bisiaux ont réalisé de belles performances cette semaine sur le Tour de Pologne, Tour de l'Ain et le Tour du Burgos. Comment expliquer de tels résultats pour l'équipe?
Stratégiquement, avec Jean-Baptiste Quiclet, le directeur de la performance, on avait fait le choix de faire bien récupérer les coureurs après les championnats nationaux fin juin. Pour qu'ils puissent bien se régénérer d'une première partie de saison qui était quand même assez intense. Et donc, le choix a été fait de revenir et d'être vraiment performant début août, que ce soit en Pologne, à Burgos ou au Tour de l'Ain.
Léo Bisiaux et Paul Lapeira sont jeunes. Nicolas Prodhomme est un peu plus âgé mais il progresse. Quelle place ces trois coureurs vont-ils occuper dans ce futur projet Decathlon CMA-CGM?
Aujourd'hui, on le voit bien avec l'exemple de cette semaine, on est sur trois fronts. C'est important de pouvoir être performant sur tous les fronts. On a besoin de grimpeurs, on a besoin de punchers, on a besoin de coureurs aussi qui vont vite au sprint. L'idée, c'est d'arriver à répartir le mieux possible notre effectif. On prépare déjà pour 2026 des programmes de course qui seront justement amenés à définir plus précisément les stages hivernaux.
"L'idée, c'est de former nos coureurs"
La fin de saison se rapproche. Une Vuelta et un Tour de l'Avenir se préparent. Quel est l'objectif de Decathlon-AG2R sur ces deux courses?
Pour la Vuelta, ce sera un petit peu les mêmes objectifs qu'au Tour de France : une victoire d'étape et une bonne place au classement général pour Felix Gall. Et pour Paul Seixas, c'est pareil. On peut imaginer qu'il puisse décrocher une ou deux victoires d'étape. Déjà une, ce serait déjà une belle performance. Et un bon classement général, voire même la victoire pour l'Avenir. Je pense qu'il l'a un petit peu dans un coin de sa tête.
Avec CMA CGM en nouveau sponsor, peut-on s'attendre à de grandes recrues à la hauteur de cette nouvelle ambition?
Au niveau des coureurs du classement général, à ce jour, aucun grand leader n'est disponible, mais on a aussi des coureurs au sein de l'effectif qui sont capables de briller au classement général avec des coureurs comme Felix Gall, comme Paul Seixas, comme Léo Bisiaux aussi. L'idée, c'est de former nos coureurs. On a aussi des belles progressions comme Nicolas Prodhomme. Il y a aussi Paul Lapeira qui brille aussi sur des terrains pour punchers. L'idée, c'est vraiment de se recentrer aussi avec les coureurs qui sont au sein de l'équipe actuellement et qui continueront l'aventure avec nous. Ensuite, on va sans doute axer un projet plus autour du sprint avec un niveau World Tour.
"Chaque coureur a une génération et un profil différents"
Et ce nouveau projet est axé autour d'un cycliste, Paul Seixas. Dominique Serieys, directeur général de Decathlon-AG2R, a annoncé une victoire sur le Tour de France d'ici 2030. N'est-ce pas mettre trop de pression sur ce jeune coureur?
Nous, en tout cas, on fait tout pour arriver à trouver la bonne vitesse. Ni trop l'exposer, ni trop le surprotéger. On est attentif à sa progression, on s'adapte et c'est ce qu'on a fait jusqu'à présent avec son programme de course. C'est même surtout aussi aux journalistes français de le préserver aussi, parce que c'est souvent aussi les médias, naturellement, et je peux les comprendre à leur place. Je pense que je ferais pareil, ils mettent vraiment en avant certains coureurs et ils imaginent le futur Bernard Hinault.
Et je crois que déjà, rien qu'en parlant de ça, je pense qu'on ne peut pas comparer un coureur comme Bernard Hinault à Paul Seixas et inversement. Chaque coureur a une génération différente et surtout un profil différent. On est en train de faire en sorte d'amener Paul dans les meilleures dispositions. Et de toute façon, si dans le futur, il arrive à jouer avec les meilleurs, c'est qu'il aura progressé dans de bonnes conditions et qu'on aura fait en sorte de l'accompagner le mieux possible.
Un dernier mot sur Paul Lapeira, qui a lui été victime d'une chute sur la troisième étape du Tour de Pologne. Comment se sent-il depuis?
Hier, malgré la douleur, parce qu'il a un petit peu mal aux côtes, il a réussi à tenir et à préserver son maillot jaune. La course se termine ce week-end. On va voir s'il est capable d'aller jusqu'au bout. En tout cas, un grand respect à lui, parce que quand on est blessé comme il l'est et continuer une course du niveau World Tour, on se rend compte aussi de ce que peut donner comme énergie un maillot jaune. Un maillot jaune sur une course World Tour, ce n'est quand même pas tous les jours qu'on a l'occasion d'en porter. Respect à lui et chapeau à nos coureurs, que ce soit au Tour de Pologne ou à Burgos encore aujourd'hui, qui maîtrisent et qui contrôlent à la perfection ces deux maillots de leaders