Pourquoi Christian Prudhomme ne veut pas encore voir le "surdoué" Paul Seixas sur le Tour de France

Les favoris du Dauphiné - qui va devenir le "Tour Auvergne Rhône-Alpes" - ont craqué les uns après les autres face à la puissance de Tadej Pogacar. Mais derrière l’intouchable Slovène, l’une des bonnes surprises de la course a été tricolore avec le phénomène Paul Seixas. À seulement 18 ans, le coureur de l’équipe Décathlon AG2R La Mondiale a marqué les esprits avec une belle huitième place du classement général. Au point de susciter de beaux espoirs pour la suite de sa carrière et pour le retour au sommet de la France parmi les grandes nations du cyclisme.
"On est dans une période de changement d’époque. Je disais à vos confrères avant le départ de la course: 'Thibaut Pinot est parti, Romain Bardet s’en va, Julian Alaphilippe revient sur le Tour mais n’a plus la force d’il y a quelques années donc pourvu que la transition se fasse le mieux possible'. Là, en fait, c'est même presque inespéré", a noté Christian Prudhomme ce lundi face à la presse. "Voir un surdoué comme Paul Seixas à 18 ans, donc le plus jeune coureur qui ait jamais participé au Dauphiné, qui finit huitième du classement général… Sachant qu'il aurait sans doute fait encore un peu mieux, il serait peut-être resté sixième s'il n'avait pas eu sa chute du dernier jour. Le voir à ce niveau-là, c'est phénoménal!"
"C’est absolument formidable"
Le patron du Tour de France a ensuite élargi sa réponse, non seulement à Paul Seixas, mais aux autres jeunes coureurs français. Selon lui, l’avenir s’annonce radieux pour les Bleus avec plusieurs pépites prometteuses.
"Voir Lenny Martinez, qui fêtera ses 22 ans en plein tour de France le 11 juillet, gagner la dernière étape et prouver sa constance au plus haut niveau, puisqu'il a gagné une étape sur Paris-Nice sur le Tour de Romandie, et que là il gagne encore au niveau mondial parmi avec les meilleurs coureurs du monde. Et puis, par ailleurs, voir Romain Grégoire, gagner le même jour, c'est absolument formidable!"
Avant de poursuivre: "En fait j'espère que c'est déjà demain un peu comme pour le Tour Auvergne Rhône-Alpes et le Dauphiné."
Seixas "un talent pur" qui doit encore grandir
Avec un jeune coureur capable de tenir la dragée haute aux stars du peloton, l’emballement du public et des médias français a rapidement suivi. Mais Christian Prudhomme a appelé à la modération autour de Paul Seixas. S’il espère bien le voir remporter la Grande Boucle et ainsi succéder à Bernard Hinault au palmarès, l’ancien journaliste refuse de lui mettre trop de pression.
"Alors, si je reste aussi longtemps que Jacques Godet, c'est-à-dire qu'il me manque encore 30 ans et qu'il faudrait que je prenne ma retraite à 95 ans, j'ose espérer qu'il aura gagné le Tour de France. Maintenant, attention, ne nous emballons pas. Ni vous les médias, ni nous les organisateurs", a ensuite enchaîné le directeur du Tour de France. "Il n'a que 18 ans, on a connu des champions du monde juniors, je ne vais pas dire à la pelle, mais beaucoup, dans le tennis par exemple, qui sont devenus de très très bons joueurs, de très grands joueurs, mais qui n'ont pas été les meilleurs joueurs du monde. Donc ne nous emballons pas, il a un talent pur, il faut qu'il puisse grandir."
Prudhomme ne veut pas encore voir Seixas sur le Tour de France
Certains supporteurs du clan tricolore ont regretté de ne pas voir Paul Seixas être aligné par l’équipe Décathlon AG2R La Mondiale en vue du prochain Tour de France. Tout sauf illogique selon le principal dirigeant de l’organisation.
"Une question m'a été posée tout à l'heure, si on n'est pas déçu qu'il ne soit pas là au départ du Tour. Non, je suis rassuré, j'espère qu'il ne sera pas là l'année prochaine, j'espère qu'il ne viendra pas avant 20 ans. 20 ans, c'est très, très jeune pour courir le Tour de France", a enfin lâché Christian Prudhomme. "20 ans, c'est René Vietto, comme quoi on n'invente rien, René Vietto à 20 ans, qui pleure en 1934 dans le Col de Portet d'Aspet parce qu'il a donné son vélo à son leader, Antonin Magne. Et c'est quelque chose qui reste de la légende du Tour de France."
Et le patron du Tour de France de conclure: "Donc, laissons-le grandir. Quand il aura 20 ans, il sera bien assez tôt pour qu'il commence à bâtir lui aussi la légende du Tour. Il a un talent pur. Il est champion du monde junior du contre-la-montre. Mais voilà, il ne faut pas que les petits cochons le mangent. Je pense qu'il a la tête solide aussi, qu'il est bien entouré. Mais c'est quelque chose d'absolument essentiel."