Critérium du Dauphiné: "On dit que c’est le nouveau Hinault", la grande première (déjà) très réussie de Paul Seixas

"C’est lui, on dit que c’est le nouveau Hinault", sur le bord des routes du Dauphiné, il est déjà au centre des discussions. A 18 ans, Paul Seixas participe à sa première grande course World Tour, après un très bon début de saison chez les professionnels. Né en 2006, le lyonnais devrait évoluer dans les catégories juniors, avec les jeunes de son âge mais son titre de champion du monde du contre la montre et sa victoire sur Liège-Bastogne-Liège juniors l’année dernière a accéléré la phase d’apprentissage.
En septembre 2024, la Décathlon AG2R La Mondiale lui offre un contrat professionnel. Tout juste majeur, son parcours dans la cour des grands commence. Déjà deuxième de Paris-Camembert, Seixas se révèle sur le Tour des Alpes, en offrant la cinquième étape à son coéquipier Nicolas Prodhomme après une arrivée à deux.
"On a senti qu'il progressait relativement vite. Et on s'était dit qu'après le Tour des Alpes, en fonction de ses résultats, on pouvait imaginer un plan pour l'emmener sur le Dauphiné. Au fil du temps et au vu de ce qu'il nous a montré sur le Tour des Alpes, il était logique de le lancer dans le grand bain", explique son directeur sportif chez Décathlon-AG2R, Sébastien Joly.
Dixième du chrono mercredi
Au départ du Dauphiné: Tadej Pogacar, Jonas Vingegaard, Remco Evenepoel, Mathieu van der Poel et… Paul Seixas donc. Une course dans laquelle le français est très loin de faire de la figuration. Mercredi, lors du contre-la-montre, remporté par le champion olympique Remco Evenepoel, Seixas a impressionné en terminant dixième, à 1’11 du Belge et seulement 23 secondes de Tadej Pogacar. Pas de quoi enflammer le lyonnais, toujours mesuré.
"C’est une nouvelle très belle expérience, je profite de la chance que j’ai de pouvoir rouler avec ces grands noms pour ma première année en pro. Je ne sens pas la pression parce que je ne me la mets pas. Il peut y en avoir mais je préfère profiter du moment", débriefe le jeune coureur.
1,84m pour 61 kg
Paul Seixas, c’est aussi un profil de grimpeur. 1,84m pour 61 kg, sa polyvalence ne cesse d’alimenter l’emballement médiatique. S’il venait à avoir les mêmes qualités en montagne qu’un Romain Bardet ou Thibaut Pinot, sa force en contre-la-montre pourrait en faire un candidat très sérieux à la victoire du classement général du Tour de France dans quelques années. Vendredi 13 juin, le directeur du Critérium du Dauphiné Thierry Gouvenou louait ses qualités de grimpeur: "C’est exceptionnel. De le voir monter dans le premier groupe dans le Mont Saxonnex, il était avec le haut du panier, un petit groupe de sept coureurs et il était bien présent. Le deuxième effort a été un peu plus dur à faire mais c’est très prometteur pour l’avenir, on tient un grand champion avec Paul Seixas."
Et le coureur a réitéré le lendemain, sur l’étape reine de ce critérium du Dauphiné entre Grand-Aigueblanche et Valmeinier. Un parfum de Tour de France où le lyonnais a été plus qu’à la hauteur. Après les mythiques Cols de la Madeleine et de la Croix de Fer, Paul Seixas était toujours au contact des meilleurs. On a même cru qu’il allait attaquer. Finalement, le patron Tadej Pogacar plie l’étape à sa manière, mais le français termine 11e et surtout très heureux. "Les mecs avec qui j’arrive, je les regardais à la télé et maintenant j’arrive à les accrocher, c’est une fierté", sourit Paul Seixas, épuisé mais heureux sur la ligne d’arrivée.
Pas de Grand Tour au programme cette année
Avec des performances de ce calibre, tout le monde l’imagine déjà sur le Tour de France, son directeur sportif Sébastien Joly ne veut pas brûler les étapes. "C’est sûr à 100% qu’il ne sera au départ d’aucun Grand Tour cette année, pas même La Vuelta", assure le DS. "Avec un coureur comme Paul, gardons la tête froide. J’aimerais aussi qu’on arrête de le comparer avec les grands champions des années 80. Il est lui-même et c’est parce qu’il est lui-même qu’il peut aller très loin."
Un avis partagé par son coureur: "C’est un rêve de faire le tour mais ce n’est pas censé de le faire maintenant." Pourquoi pas attendre les 20 ans, comme un certain Tadej Pogacar, qui avait remporté le premier Tour de France auquel il avait participé.