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"Un gamin qui n'a pas un vélo à 4.000 euros est moqué": le constat alarmant d’un dirigeant sur le cyclisme en France

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Yvon Caër, actuel directeur sportif de Groupama-FDJ, tire la sonnette d’alarme sur l’état du cyclisme en France. Il s’inquiéte de l’état de la pratique chez les amateurs après la disparition de deux équipes bretonnes.

La disparation de deux équipes amateurs en Bretagne (Morbihan Adris GOA et Cre’Actuel Marie-Morin U 22) inquiète le monde du cyclisme. Dans une interview au Télégramme, Yvon Caër, actuel directeur sportif de Groupama-FDJ, tire la sonnette d’alarme sur l’état la pratique en France. Il a connu l’arrêt de la formation Brest Iroise Cyclisme 2000 en 2016 et constate une course aux subventions collectives accélérée par une très grande professionnalisation du monde amateur. Mais selon lui, les craintes dépassent le cadre du monde amateur.

"Le cyclisme devient un sport de riches, il a perdu beaucoup de ses valeurs"

"Ce n'est pas le cyclisme amateur qui va dans le mur, c'est le vélo qui va dans le mur", déplore-t-il. "Le haut niveau amateur n'est pas du tout représentatif de la base du vélo et ce qui va dans le mur, c'est la base. Les minimes, les cadets... Alors, on dit qu'il n'y a plus de course mais il n'y a plus de course parce qu'il n'y a plus de coureurs! Dès qu'un cadet gagne trois courses, on veut en faire un professionnel. Par le passé, il y en avait 50 qui gagnaient trois courses dans le département. Le haut niveau amateur va juste dans le sens de la base du vélo qui va très, très mal. Dans le milieu pro, il y a de plus en plus d'argent, dans le milieu amateur, c'est l'inverse."

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Il cite "une inflation des budgets totalement inappropriée" et une accélération trop brutale de certaines carrières de cycliste amateurs, comme certaines raisons d’un cyclisme mal en point. Il n’est pas inquiet "parce que le haut niveau amateur change" mais en raison de la déliquescence de la base, insiste-t-il. "L'heure est extrêmement grave ", conclut-il.

"À présent, les gamins doivent faire une heure et demie ou deux heures de voitures avec leurs parents pour aller disputer une course de 45 kilomètres. Au bout d'un moment, ça use. Pour ne rien arranger, un gamin qui n'a pas un vélo à 4.000 euros est moqué par les autres et ça aussi, ça m'inquiète. Le cyclisme devient un sport de riches. Désolé mais la réalité est là. Le vélo a perdu beaucoup de ses valeurs. Et puis, c'est un sport difficile, dangereux. Les organisateurs, aussi, arrivent à saturation. Oui, j'ai des raisons d'être alarmiste."

NC