Comment Street Fighter V a fait de Jean Bouin une arène

"J’ai fait des tournois dans le monde entier, aux Etats-Unis, en Asie, en Corée du Sud. L’ambiance aujourd’hui est assez dingue. Je ne sais pas… je n’ai pas l’impression de jouer à un jeu vidéo là. Mais de faire du sport." Il était tout de même question de jeu vidéo ce week-end, au stade Jean Bouin, la partie purement "sport" ayant été laissé aux joueurs du Red Star, battus pour le compte de la 32e journée de Ligue 2 par le GFC Ajaccio (0-3). Et si Norman Chatrier, connu dans le circuit esportif sous le nom de "Gen1us", a le sourire, c’est qu’il y a en effet une ambiance de dingue dans les travées du stade.

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Pendant deux jours, l’habituelle enceinte du Stade Français s’est muée en arène, pour accueillir l’Ultimate Fighting Arena, l’une des étapes du Capcom Pro Tour, le championnat du monde sur le jeu vidéo Street Fighter V, co-organisé par la World Gaming Federation – à qui l’on doit le tournoi virtuel de l’Euro 2016 – et la société Ana Events. Ses salons précisément. En lieu et place des habitués des lieux, des jeunes gens, pour la plupart flanqués d’un maillot. Et en guise de glaives… des joysticks, les vrais, ceux qui reprennent trait pour trait la jouabilité offerte par les traditionnelles bornes d’arcade. "C’est mon bébé! Vous n’allez pas à la chasse sans votre fusil vous, si" nous lance Audrey Rosique, une des rares joueuses présentes, plus connue sous le nom d’Irissia. Et il fallait au moins ça à la grande majorité des fighters présents pour espérer performer. Ils étaient 217, répartis dans 32 poules. Les premiers de chaque groupe disputaient le tableau du haut, le winner bracket, les deuxièmes de poules le looser bracket, avant que les deux arbres, après une première finale de chaque côté, ne se croisent pour un final d’exception.
7.500 euros de cashprize pour le vainqueur, le Japonais "Haitani"
Ce sont, aussi, en tout 400 spectateurs qui se sont prêtés au jeu de cet événement exceptionnel. Et à 10 euros l’entrée pour les deux jours de joute, ils en ont eu pour leur argent. "J’ai eu deux jours de Street Fighter V, dans un lieu exceptionnel. Alors, franchement, c’est largement rentabilisé" nous confie Andy. "On a vraiment l’impression d’être en train de jouer le match avec eux. C’est vraiment hallucinant" souffle pour sa part Derycke. Fasciné, le public a répondu au rendez-vous, en poussant ces gladiateurs du week-end dans leurs retranchements. Cela n’a malheureusement pas suffi à Olivier "Luffy" Hay, le numéro un français actuel, meilleur joueur européen également et vainqueur de l’EVO 2014, qui a terminé à la 11e place. "Gen1us", ancien champion du jeu Tekken passé sur Street Fighter V depuis un an, lui, a dû se contenter de la 13e place.
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Le podium? Un Américain, Ryan Ramirez dit "Filipino Champ" sur la dernière marche, un Japonais, Hiromiki Kumada "Itabashi Zangief" comme deuxième et le titre pour Tatsuya Haitana "Haitani". Le titre oui mais aussi 400 points au classement du Capcom Pro Tour, qui lui permettent de prendre le leadership de la compétition et 7.500 euros de cashprize, plus grosse part évidemment des 15.000 euros promis au Top 8 de ce tournoi. Sans oublier l’évident sourire satisfait du vainqueur japonais, partagé par l’ensemble des joueurs pendant le week-end. En l’espace de six mois et après l’événement Versus Stadium fin novembre qui, lui, réunissait plusieurs jeux, le stade Jean Bouin a accueilli sa deuxième compétition esportive. Et ce n’est pas fini. "Notre idée, c’est d’associer sport et esport, sans les opposer. Quand on a des jeux vidéo qui ne sont pas liés à du sport, ça ne nous empêche de les associer à des grands lieux du sport, c’est complémentaire, estime le co-fondateur de WGF Mehdi Sakaly. Aujourd’hui, on a de la baisse de fréquentation dans les stades. Si on peut être un accélérateur à ce niveau-là pour que ça marche mieux et permettre une synergie intelligente…"