RMC Sport

eSport, FIFA: les premiers contrôles antidopage ont eu lieu, les joueurs témoignent

placeholder video
Pour la première fois de son histoire, la scène esportive sur la simulation de football FIFA a instauré entre les matches des contrôles antidopage. RMC Sport a pu recueillir, à Londres, lors de la finale mondiale de la FIFA eWorld Cup – la Coupe du monde interactive sur le jeu FIFA 18 – les témoignages des joueurs et du premier à avoir passer ce test, l’Allemand Michael Bittner.

Son nom est sorti du chapeau en premier. Lui qui rêve d’écrire l’histoire sur le jeu FIFA 18 et d’inscrire son nom au palmarès mondial de la compétition l’a déjà fait, jeudi dernier – en attendant mieux évidemment – en devenant le premier joueur de cette scène esportive à se soumettre à un contrôle antidopage. Et cette première, Michael Bittner l’a accueilli avec le sourire. Le même qu’il avait, quelques secondes auparavant, au moment d’évoquer sa première journée de compétition conclue sans fausse note (5 matches, 5 victoires).

"C’est une bonne nouvelle. Cela montre que la FIFA prend au sérieux sa scène esportive et que ses dirigeants veulent la rendre plus professionnelle, a confié le représentant du VfL Bochum. Pour ma part, j’ai été le premier joueur à subir ce type de contrôles. Je n’avais pas peur parce que je n’avais rien à cacher. C’était juste bizarre de pisser dans un flacon avec quelqu’un devant vous (rires)."

Un test d'urine, une série de questions et un formulaire à signer

En quoi a donc consisté ce contrôle? Après avoir disputé leurs matches de poules, les 16 premiers joueurs engagés en compétition ont été tirés au sort. Deux noms sont sortis du chapeau – celui de Michael Bittner donc, mais aussi celui du Gallois Adam Barton, nom de code "DreamR". Ces deux derniers se sont ensuite rendus dans un petit local prévu à cet effet et là, alors que la porte se refermait avec autorité devant les éventuels petits curieux… "J’ai du répondre à certaines questions, comme leur dire ce que j’ai ingéré ces sept derniers jours, puis j’ai dû signer un papier avec un certain nombre de termes et de règles liées aux contrôles antidopage de la FIFA." Sans oublier ce fameux test d’urine, passé sans encombres par le finaliste des playoffs d’Amsterdam, fin mai, sur Xbox One.

Mais que peut-donc rechercher la FIFA chez les joueurs esportifs? Tout stimulant à la performance. Plus précisément à la concentration. Le dopage n’est pas un fait nouveau dans le monde de l’eSport et s’il n’est pas encore aussi "populaire" sur FIFA que chez d’autres jeux - Call of Duty notamment mais aussi League of Legends -, il porte un nom: l’Adderall. Un psychostimulant à base d'amphétamine (substance répertoriée parmi les produits interdits du code antidopage), très prisé des étudiants américains pour doper leur mémoire lors des périodes d'examens.

Un fléau que l'on nomme Adderall

"C’est le produit phare qui te permet de te concentrer pendant 2-3 heures, nous explique le vainqueur de la dernière levée de l’eLigue 1, Fouad "Rafsou" Fares, ancien joueur de l’Olympique Lyonnais, aujourd’hui égérie de la structure numéro un en France, Team Vitality. Grâce à une pilule, tu es totalement focus sur ce que tu fais, tu ne penses à rien d’autre." Un surplus de concentration qui n’est pas sans conséquences. "Tu as les pupilles qui commencent à se dilater. Tu as plein de choses qui agissent sur ton corps et après ces 3 heures, tu es complètement KO", conclut "Rafsou".

Les effets secondaires sont identifiés: envie répétée d’aller aux toilettes, démangeaisons chez certains, pupilles dilatées donc pour la majorité… Des effets visibles de tous au sein de la communauté. Et c’est finalement ce que déplore le Français Marvyn Robert, dit "Aero", joueur de la structure américaine Team EnVy. Que ces contrôles, en principe aléatoires et ciblés comme l’attestait le communiqué de la FIFA à ce sujet, ne soient pas dirigés vers les bonnes personnes. Ou tout simplement applicables à tous.

Des noms déjà cités... chez les joueurs étrangers

"Il y a des noms qui sont sortis et je pense que ce sont plutôt ces joueurs-là qui auraient dû être soumis à ce contrôle. Le dopage, on l’a tous déjà vu dans la scène FIFA. Certains ont déjà été dénoncés, appuie le joueur tricolore. Chez les Français, je n’ai entendu aucun nom, je n’ai vu aucun comportement bizarre. Mais oui, en dehors de la France, dans les pays étrangers, il y a des noms qui sont sortis. Maintenant, je pense que c’est quelque chose qui va être mis en place (de façon systématique, ndlr). Certains vont être démasqués bientôt, c’est cool." Peut-être pas forcément à l’issue de ce week-end. Mais la lutte pour un eSport propre chez FIFA, condition sine qua none pour le rendre crédible aux yeux du public et aider la discipline à être considérée comme un sport, ne fait que commencer.

Alix Dulac, à Londres (avec Fabien Fougeray)