PSG eSports: le rêve éveillé de Lucas "DaXe" Cuillerier

Ne comptez pas sur lui pour prendre de la place et montrer qu’il est là. Il serait même plutôt du genre à se faire gentiment oublier. Un sourire. Un signe de la main, pas plus. Non pas que le jeune homme ait perdu sa langue, non. L’intéressé est timide, réservé. Posé. Un sentiment que l’on avait déjà eu en mai dernier, dans les travées du stade Charléty, quelques minutes après sa victoire en finale de l’Acer eFoot Cup sur le jeu FIFA 16. Une impression confirmée cinq mois plus tard, dans les coursives cette fois du Paris Games Week, à quelques mètres seulement de la grande scène de l’ESWC (Electronic Sports World Cup) qu’il foulera dès samedi, face aux autres ténors mondiaux de FIFA.
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C’est un jeune homme toujours aussi timide mais à la silhouette plus élancée qui se présente face à nous. Les cheveux ont pas mal poussé. La taille a pris quelques centimètres. L’âge a changé aussi : seize ans aujourd’hui, quinze hier. La vie privée ? « Une copine y a pas longtemps. Pas en ce moment. Là ce sont les vacances. On verra bien à la rentrée. » Mais c’est surtout la dimension de Lucas Cuillerier qui a changé. Celui qui portait et défendait les couleurs de la structure Epsilon eSports a changé de maison. Depuis une semaine, « DaXe », son nom sur la scène esportive, est un joueur du PSG eSports. Un rêve, qu’il accueille et perçoit comme un adolescent de 16 ans qu’il est tout juste. « C’est un rêve pour moi, nous assure-t-il. Je n’aurai jamais pensé que le PSG allait se lancer dans l’eSport. Qu’ils le fassent, c’était déjà une grande nouvelle. Alors qu’ils me recrutent… ça a été un grand bonheur pour moi. » Les yeux brillent. La carapace du timide se perce tout doucement.
Un accès à n’importe quel match du PSG
« C’est un autre monde, martèle-t-il. C’est Paris. Même si Epsilon a fait énormément de choses pour moi et est une très bonne structure, le PSG, c’est autre chose. Niveau médias, on est carrément plus connu. Au niveau de l’équipement, ils m’ont offert beaucoup de choses. » Comme ce polo et cette parka – sans oublier le maillot officiel floqué à son nom – qu’il arbore fièrement, copie conforme de la gamme officielle destinée aux joueurs et estampillée de l’appelation eSports. « Je suis équipé » nous lâche-t-il en rigolant, lui qui n’a pas encore eu le privilège de défier ses joueurs préférés au sein du club de la capitale, mais qui pourra voir n’importe lequel de leur match… à l’œil. « C’est un vrai privilège. D’ailleurs mes copains me taquinent parfois en me disant ‘tu m’emmèneras au match ?’ ».
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Un aboutissement pour ce jeune lycéen, actuellement en première scientifique, qui a rapidement fait du jeu vidéo et de FIFA son pain quotidien. « Chaque soir, je consacre à peu près deux heures pour jouer à FIFA, détaille Lucas. Après, ça dépend des soirs et de la période (scolaire ou vacances, ndlr). Je peux jouer deux heures, une demi-heure voire pas du tout (rires). J’ai beaucoup joué au début, pour m’entraîner. Maintenant que je suis arrivé à ce stade-là, je joue un peu moins. J’ai les bases du jeu alors maintenant il s’agit plus de perfectionner mon jeu au maximum et de régler des petits détails. » Au détriment de l’école ? « La priorité, ce sont les cours. Après, dès que j’ai fini l’école, je rentre chez moi et je joue de ma passion. C’est vrai qu’il y a aussi les devoirs à la maison. Mais bon, on passe les jeux avant (rires). Après quand j’ai des devoirs, je suis obligé de les faire, hein ! Scolairement ? Ça se passe bien. Je suis dans la normale, on va dire. »
Sa première folie à venir : une moto. Ou un quad
S’il ne veut pas parler chiffres –un tabou général chez les esportifs – DaXe ne cache pas que niveau salaire, là aussi, le changement a eu du bon. « Pour un joueur de 16 ans, ça paie bien oui. Ma première folie ? Je n’ai pas encore de grosses idées en tête. Peut-être m’acheter une moto ou un quad pour me libérer un peu. » De quoi rassurer des parents très dubitatifs au début de sa carrière d’esportif. « Au début, ils avaient un peu de mal à l’accepter parce que je passais beaucoup de temps dessus. Maintenant que je vis un peu de ça, ils me poussent à continuer mais tout en me disant que la priorité, c’est l’école. Maintenant, vivre de l’eSport, ce serait vraiment un rêve pour moi », nous confie-t-il, le regard alors tourné vers la scène centrale de l’ESWC. Cette même scène qui avait consacré l’an passé son nouveau coéquipier, August « Agge » Rosenheimer, tenant du titre et autre recrue phare du PSG eSports.
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Cette scène qu’il a bien l’intention de dompter, lui, le représentant officiel de la France à cette Coupe du monde sur FIFA 17 – il a remporté les qualifications françaises -. Lui, qui reste sur une place de vice-champion d’Europe (tournoi FIFA : Play like a Legend 2016) et un statut de top 3 du Vieux Continent (Gfinity 2016). « Quand je regarde cette scène, c’est plus motivant qu’autre chose, assure-t-il. Je me dis que je serais ici et que plein de gens aimeraient être à ma place. Le PSG m’aide beaucoup pour me mettre dans les meilleures conditions pour être champion du monde. Si « Agge » me donne des conseils, je vais les suivre. C’est mon objectif, mon rêve. J’espère vraiment y être. » Et soulever le trophée. Oui, cette fois, les filles et les devoirs attendront un peu.