Blatter annonce la fin de la tierce-propriété dans le football

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Mais qu’est-ce que la tierce-propriété d’un joueur ? Très simplement, on parle de tierce-propriété quand les droits économiques d’un sportif sont détenus par une société tierce (ni le joueur, ni son club). Le premier exemple vraiment connu fut celui de Carlos Tevez, dont les droits appartenaient (lors de ses premières saisons en Angleterre à West Ham, Manchester United et Manchester City) à un fond d’investissement (Media Sports Investments). Cette pratique, très en vue en Argentine, au Brésil et au Portugal notamment, risque donc de connaître ses dernières années dans la légalité, puisque Sepp Blatter, actuellement en campagne pour un nouveau mandat à la tête de la FIFA, compte l’interdire, tenant ainsi une promesse faite en 2007. Mieux vaut tard que jamais.
D’humeur très proactive, le Suisse explique même qu’un groupe de travail va être constitué pour accélérer la mise en place de l’interdiction. « Nous avons pris la décision ferme que la TPO (third party ownership ndlr) doit être interdite, mais elle ne peut l’être immédiatement – il y aura une période de transition », explique-t-il.
Inter / Un article du Guardian à l’origine de la mesure ?
Cette soudaine prise de conscience des problèmes d’équité posés par la pratique aurait, entre autres, une raison assez inattendue : un article du Guardian. En effet, le journaliste David Conn, spécialiste des questions d’économie dans le sport, a publié lundi un article intitulé « Jorge Mendes : l’homme le plus puissant du football ? ». Comme le titre l’indique, le travail se concentre essentiellement sur les affaires de Mendes (agent de Mourinho, Falcao, Di Maria, Ronaldo…) qui serait à la limite de l’illégalité en raison de la TPO. Suite à la mise en ligne de ce contenu (à lire ici en anglais), l’UEFA a contacté la rédaction du Guardian, pour lui indiquer son intention de bannir la tierce-propriété dans le football. En réaction plutôt qu’en action, la FIFA aurait ensuite pris les devants en annonçant la future interdiction pure et simple de la pratique.
Une décision que Gianni Infantino (c’est le monsieur chauve que vous voyez présenter les tirages au sort des différentes compétitions européennes à la télévision), secrétaire général de l’UEFA appelle de ses vœux (Michel Platini, président de l’UEFA, avait lancé un appel solennel à Blatter pour qu'il ait le « courage politique » de s'attaquer au problème « de la propriété des joueurs par des tiers » en mars dernier.)
« Cela menace l’intégrité des compétitions, cela abîme la stabilité contractuelle, cela endommage la relation de confiance qui devrait exister entre un joueur et le club qui l’emploie, cela créé un conflit d’intérêts, cela signifie que le joueur a moins de contrôle sur le développement de sa carrière, cela conserve les clubs dans un cercle vicieux de dettes et dépendances et cela nuit à l’image du football en général déclame-t-il, presque en une tirade. « De plus, il n’y a que peu de doutes quant au fait que les investisseurs en TPO influencent les politiques sportives des clubs, bien que la FIFA l’interdise expressément. Cela (ces conclusions) est le résultat des recherches détaillées de la FIFA sur ce sujet. Il est donc temps d’agir et si la FIFA ne s’occupe pas de ce problème, l’UEFA le fera, menaçait-il mardi dans les colonnes du journal britannique.
Les raisons ayant poussé la FIFA à s’attaquer au problème de la TPO resteront donc sans doute toujours un peu confuses, mais nul doute que les élections pour la présidence de la FIFA le 29 mai prochain ont pesé dans la balance. Après ses déclarations en faveur de l’arbitrage vidéo, Sepp Blatter semble en effet préciser les contours de son programme électoral. Puisqu’il parait qu’on n’est jamais élu sur un bilan, ça tombe plutôt bien…