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Massengo (Bristol City): "Je ne suis plus la même personne"

Han-Noah Massengo fait les beaux jours de Bristol.

Han-Noah Massengo fait les beaux jours de Bristol. - Iconsport

Transféré à Bristol (Championship) il y a deux ans et demi, Han-Noah Massengo est devenu un homme de base de l'effectif des Robins et va bientôt dépasser la barre des 100 matchs chez les professionnels.

Voilà déjà deux ans et demi que Han-Noah Massengo a quitté Monaco pour rejoindre Bristol (Championship, deuxième division anglaise). A 20 ans, le milieu de terrain approche désormais la barre des 100 matchs dans le monde professionnel. Loin des yeux et de la pression du public français, l’ancien Monégasque poursuit son développement dans un championnat qui lui a permis d’accélérer sa transition dans le football d’adulte. Seulement 18e avec Bristol cette saison, Han-Noah Massengo est pourtant devenu un joueur important de l’effectif des Robins.

Comment se passe la vie en Angleterre?

Ça se passe bien même s’il commence à faire froid en décembre (rires). Non, mais j’ai l’habitude maintenant je suis dans une routine ici, les gens sont vraiment sympas et la ville me plaît donc tout va bien.

76 matchs professionnels avec Bristol à 20 ans, qu’est-ce que cela vous inspire?

Cela justifie mon choix d’être parti de Monaco à tout juste 18 ans parce que ce que je voulais, c’était jouer et Bristol me le permettait. J’ai signé mon premier contrat professionnel à 16 ans mais on ne devient vraiment un joueur professionnel qu’en enchaînant les matchs, c’est ce qui s’est passé ces trois dernières saisons. Et puis si tout se passe bien cette saison, je passerai la barre des 100 matchs en pro.

Aucun regret donc d’être parti si tôt?

Non je n’ai aucun regret. Si je devais le refaire je le referais tous les jours. Ce n’est pas qu’une question de football, c’est aussi la découverte d’un nouveau monde, d’une nouvelle culture, l’apprentissage d’une nouvelle langue, un autre style de vie.

On dit souvent que le Championship est un des championnats les plus exigeants d’Europe, qu’en pensez-vous?

Ce que je sais c’est que c’est hyper exigent physiquement. Il a fallu apprendre à répéter les efforts parce qu’on enchaîne beaucoup, savoir jouer alors que tu n’es pas à 100%, jouer contre des équipes qui ne pratiquent pas vraiment du beau jeu mais essayent de gagner avec un maximum d’engagement. J’ai dû apprendre à jouer alors qu’au début je n’étais qu’un petit Français qui voulait jouer mais qui passait son temps à se faire tacler (rires).

En quoi ce que vous avez vécu depuis presque trois ans vous a-t-il changé?

Je ne suis plus la même personne. J’ai appris une nouvelle langue, une nouvelle culture dans la vie de tous les jours, dans mon travail. Je me suis découvert. A Monaco j’étais au centre, tous les jours avec mes potes. Je me suis retrouvé seul dans mon appartement à Bristol, j’ai appris à fonctionner, à faire les courses... Je me suis retrouvé vite tout seul car il y a eu le Covid-19 et le confinement. C’est une période où j’ai appris sur moi, je suis un peu plus conscient de qui je suis, de qui je veux être, du joueur que je suis et de celui que je peux devenir.

En tant que joueur justement, comment décrivez-vous votre évolution?

J’ai gagné en expérience, forcément, j’ai aussi beaucoup changé physiquement. Par exemple, j’ai grandi et j’ai pris en masse musculaire dès  la première année. J’ai dû apprendre à jouer avec de nouvelles sensations mais pour jouer en Angleterre, il faut être costaud pour résister à la pression physique des adversaires et enchaîner les matches tous les trois jours. J’ai appris à écouter mon corps, à me concentrer sur des tâches spécifiques parce que quand tu n’es pas à 100% physiquement tu ne peux pas faire tout ce que tu aurais envie de faire. J’ai appris à jouer à plusieurs postes, en 6 devant la défense, en box to box, j’ai aussi joué 10 et même sur un côté. J’apprends toujours à me connaitre en tant que joueur, je suis dans ce process.

De l’extérieur, on a l’impression que votre aventure à Bristol a connu des hauts et des bas… Vous êtes d’accord?

Oui, mais je crois que c’est le lot de tous les footballeurs, ça ne peut pas toujours être linéaire. Il y a surtout eu une période de quelques semaines la saison dernière où j’ai moins joué. Il y avait eu un changement de coach et je ne faisais pas partie de ces premiers choix. Il fallait peut-être aussi passer par là. C’est une période pendant laquelle j’ai beaucoup évolué mentalement, pendant laquelle j’ai beaucoup travaillé face à une situation que je ne comprenais pas vraiment. Sinon, j’ai beaucoup plus de motifs de satisfaction que le contraire.

On dit de vous que vous êtes un jeune joueur très professionnel, très rigoureux. Pouvez-vous nous donner un exemple qui l’illustre?

Je n’aime pas trop parler de moi comme ça, je ne pense pas être une exception. Je crois qu’à partir d’un certain niveau tu te dois d’être professionnel à tous les niveaux. Je me suis simplement staffé, entouré de gens compétents comme un chef cuisinier à domicile. L’idée c’est de mettre toutes les chances de mon côté pour exploiter le maximum de mon potentiel.

Avez-vous le sentiment d’être moins visible par les fans de foot français depuis que vous êtes en Championship?

Oui, ça va de soi. La Championship est très suivie en Angleterre mais je pense qu’elle l’est beaucoup moins en France. Il y a quand même la possibilité pour ceux qui veulent de voir des matches.

Par exemple, vous avez été élu plusieurs fois "homme du match" depuis le début de la saison mais très peu de monde est au courant en France…

Je crois qu’il y a quand même quelques personnes qui suivent en France. Après c’est sûr que c’est en Angleterre qu’il y a le plus d’écho. C’est logique même si je suis toujours heureux quand on me félicite et qu’on me fait comprendre qu’on me suit régulièrement de France.

Vous avez quasiment fait toutes les générations des équipes de France jeunes, des U17 à U20, mais pas encore été appelé par le sélectionneur des Espoirs Sylvain Ripoll: pourquoi à votre avis?

Je ne sais pas trop comment répondre à cette question. C’est une équipe qui a eu de bons résultats sur les derniers rassemblements, avec de très bons joueurs à tous les postes. C’est vrai que j’avais l’habitude d’être appelé de U17 à U20 alors je travaille tous les jours et je joue tous les week-end avec ce genre d’objectif parce que l’équipe de France a toujours été très importante pour moi.

Le président de Bristol, Richard Gold, a déclaré récemment: "Han-Noah est certainement un joueur qu’on aimerait garder pour les 10 prochaines années". Votre contrat se termine en 2023, est-ce que cela signifie que le club souhaite vous prolonger?

Je sais que les dirigeants sont contents de moi et de ce que je fais mais pour le moment je n’ai pas eu de proposition de prolongation.

Il y a eu une offre de Watford pour vous l’été dernier, il y a aussi eu l’approche très concrète d’un club de Bundesliga…

Oui, mais peut-être que ce n’était pas les bons projets ou pas le bon moment. Si ça ne s’est pas fait c’est que ça ne devait pas se faire. Je suis très serein avec tout ça parce que j’ai confiance en moi et si je travaille bien, les choses viendront d’elles-mêmes. 

Est-ce que vous avez pensé à partir?

Non. Le nouveau coach venait d’arriver et il m’avait montré des signes de confiance. Cet été des joueurs d’expérience qui ont gagné la Premier League sont arrivés donc le projet présenté était intéressant. J’ai encore un an et demi de contrat donc ce serait déplacé de ma part de répondre que je pense à partir. Je pense avant tout aux objectifs du club. Nous verrons le moment venu avec mon entourage ce qu’il y a de mieux pour moi.

Loïc Tanzi