"L'un est devenu Ballon d’or et l’autre inexistant", les regrets de l'ancien agent de Benzema et Ben Arfa

Ancien artisan-staffeur dans le BTP, Fred Guerra s’est finalement fait un nom dans le milieu des agents et notamment du côté de l’OL. Très bien implanté au sein du club rhodanien, celui qui gérait déjà les intérêts des jeunes Loïc Rémy et Karim Benzema a convaincu Hatem Ben Arfa de finir sa formation chez les Gones dans les années 2000. Mais le conseiller a finalement dû choisir entre ses trois talents précoces, tous nés en 1987. Voyant son protégé Hatem Ben Arfa obtenir un contrat pro dès l’âge de 17 ans à l’OL, Fred Guerra, qui retrace son parcours dans sa biographie "De l'échaffaudage à la Ligue des champions", a tenté de faire signer un bail similaire aux deux autres, alors que la direction lyonnaise n’avait pas encore sécurisé leur avenir.
"J’ai poussé pour que les deux obtiennent un contrat professionnel puisqu’on faisait signer Hatem Ben Arfa. J’étais monté à Paris pour rencontrer ses parents dans le bureau de Jean-Michel Aulas et j’ai dit qu’on faisait signer pro un 1987 alors que les deux autres méritaient tout autant que lui", a raconté Fred Guerra auprès de RMC Mercato sur la chaîne YouTube RMC Sport. "J’ai dit que ça allait me mettre en porte-à-faux vis-à-vis d’eux. A l’OL ils n’ont jamais voulu"
La maman de Ben Arfa a poussé pour que Benzema ne passe pas pro à Lyon
En marge de la parution d’un livre sur son parcours "De l'échafaudage à la Ligue des champions", préfacé notamment par Jean-Michel Aulas, Fred Guerra a notamment révélé les contours de son travail et de sa relation spéciale avec Maxime Gonalons, Sidney Govou ou encore Florent Balmont et Samuel Umtiti. Mais le jour où il a dû choisir entre Karim Benzema, "un gentil garçon" peu expansif, et Hatem Ben Arfa, a laissé des traces.
"Dans la tête des jeunes ça résonnait un contrat professionnel, ça parle et ils (Loïc Rémy et Karim Benzema) n’ont fini que par avoir un contrat stagiaire", a expliqué le célèbre agent. "Et puis du côté du clan Ben Arfa la maman disait: 'Je te préviens, que Karim ne signe pas professionnel. Je te préviens.' Il y avait des pressions de tout côté et je regardais Karim en me disant qu’il le méritait tellement mais j’ai eu tellement de pressions."
Avant d’ajouter: "A un moment je m’étais dit que j’avais amené Hatem, je m’étais engagé auprès de ses parents pour que mon épouse et moi soyons ses parents lyonnais jusqu’à sa majorité. Donc je me suis dit que j’allais continuer à être celui que j’avais décidé d’être trois ou quatre ans avant. Et tant pis, j’ai dû arrêter avec Karim."
Ben Arfa "adorable" mais capricieux
Soucieux de rester fidèle à la parole donnée au clan Ben Arfa après avoir passé une sorte de casting pour devenir l’agent du jeune footballeur, Fred Guerra a ensuite décrit le comportement parfois difficile de l’ancien pensionnaire de Clairefontaine. Aussi talentueux et attachant soit-il, l’adolescent pouvait parfois se montrer capricieux.
"Hatem était compliqué, parce que c’est un garçon impatient. Mais avec le recul, je me rends compte que les gamins d’aujourd’hui le sont encore plus que lui. Les gamins d’aujourd’hui t’envoient un texto et si tu n’as pas répondu dans les cinq secondes, tu reçois deux points d’interrogation. Ils étaient déjà impatients, mais aujourd’hui, ils le sont encore plus. Mais la complexité de l’agent que je suis à l’époque c’est d’apporter de la fermeté là où ses parents, sa mère surtout, m’engueulent parce que j’apporte justement cette fermeté. Sa mère, il criait aux bonbons et elle lui donnait des bonbons alors que moi je lui disais qu’il ne fallait pas en manger. C’était des essuie-glaces et je prenais d’un côté comme de l’autre, je n’arrêtais pas de recevoir."
"Hatem Ben Arfa est réellement adorable dès lors qu’on n’a pas une influence immédiate sur lui. S’il y a une influence immédiate, quelqu’un qui lui passe son caprice, il devient odieux avec tout le monde."
Histoire d’étayer ses propos, l’agent a également révélé une anecdote très significative, selon lui, de la manière d’évoluer du clan Ben Arfa: "Quand il vient à Lyon la première fois, on va au restaurant pour rencontre Jean-Michel Aulas. On est au restau et il demande un Coca bien frais. Il dit de ne pas l’ouvrir et qu’il attend son plat. Les serveurs arrivent et ouvrent la bouteille. Et là, il s’énerve: 'Je vous ai dit de ne pas l’ouvrir'. C’était un caprice mais quelque chose de phénoménal. Je regarde et je vois sa mère qui dit: 'Vous le reprenez et vous en apportez un autre que vous n’ouvrez pas.' C’était ça, le caprice. Mais le garçon est attachant. Après, il y avait un environnement compliqué..."
Les regrets de Guerra sur le duo Benzema-Ben Arfa
Des années plus tard, Karim Benzema profite aujourd'hui de sa fin de carrière à Al-Ittihad, en Arabie saoudite. Le tout après avoir raflé cinq titres en Ligue des champions avec le Real Madrid ainsi que le Ballon d’or en 2022. Hatem Ben Arfa, lui, a connu une carrière plus mouvementée avec neuf clubs différents et aucune sacre continental dans la poche. De quoi faire naître des regrets chez Fred Guerra: "Tu ne peux te dire que ça. Il y en a un qui est devenu Ballon d’or et l’autre inexistant. Tu ne peux te dire que ça, que Karim était un joueur identifié à l’époque comme étant exceptionnel. Après, est-ce qu’on aurait pu continuer à s’entendre comme lorsqu’il était adolescent? Je ne sais pas. Parce qu’un garçon ça grandit, ça prend ses idées."
Avant de conclure: "J’ai été lié avec beaucoup de mes joueurs mais avec beaucoup d’autres non parce qu’à un moment ce que je faisais était insuffisant pour eux. Et ça peut s’entendre. Est-ce qu’on aurait pu continuer? Je ne sais pas. Mais quand on voit la carrière qu’il a fait, oui (il y a des regrets)".