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Mbappé, Neymar, Messi, Parc des Princes, PSG: Nasser Al-Khelaïfi dit tout dans Rothen s'enflamme

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A l'occasion de la Coupe du monde 2022 au Qatar, le plus célèbre des Qatariens en France, le président du PSG Nasser Al-Khelaïfi, a donné une longue interview à Rothen s'enflamme sur RMC. Entretien intégral.

Jérôme Rothen : Bonjour président, ravi de vous avoir dans mon émission. C’est un plaisir pour moi, amoureux du PSG de vous recevoir.

Nasser Al-Khelaïfi : Merci à vous, c’est un honneur pour nous. Je suis ravi que vous soyez là.

JR : On est un peu triste qu’elle se termine déjà car elle est passée vite cette Coupe du monde. Quel est votre regard sur cette Coupe du monde? C’est une fierté pour vous?

NAK : On a parlé avant cette Coupe du monde, on voulait organiser la meilleure Coupe du monde de l’histoire. Je suis qatari aussi et je suis très fier quand je vois les stades, les matchs, la qualité du jeu aussi, pour les supporters, les médias aussi. C’est quelque chose de magnifique pour nous. Et nous aussi on est tristes parce qu’il ne reste que deux matchs. Mais c’était une expérience… Moi, je disais toujours que le meilleur événement sportif où j’ai été, c’était l’Euro 2004 au Portugal…

JR : Ça tombe bien, j’y étais…

NAK : C’était pour moi, le meilleur pour le foot, l’expérience, les supporters, mais maintenant ce n’est plus 2004, c’est 2022, cette Coupe du monde c’était une expérience magnifique et je ne sais pas ce que j’aurais pu faire de plus. J’ai regardé sept matchs en moins de 48 heures, jamais je n’avais pu faire ça avant, c’est une expérience magnifique.

JR : On sent que vous êtes très fier, ça se voit. De quoi êtes-vous le plus fier? De cet engouement pour cette Coupe du monde, au niveau des installations? Parce qu’on parle des stades, de la propreté, de la sécurité…

NAK : Vous savez Jérôme, les médias ont posé beaucoup de questions sur la Coupe du monde 2022, j’ai toujours répondu: je ne suis pas de l’organisation. Je ne fais pas partie du comité d’organisation, je n’ai rien à voir avec ça, mais je veux dire une chose: tous les Qataris, et même les non Qataris qui habitent au Qatar, nous avons tous été les organisateurs de cette Coupe du monde, et ça c’est quelque chose d’unique. Avant la Coupe du monde, tous les médias critiquaient le Qatar, la mauvaise Coupe du monde… Et après les gens sont venus et maintenant ce que j’entends de tous les médias, c’est très positif. On voit que les Qataris ne sont pas de mauvais gens. Nous avons offert notre cœur, notre pays pour tout le monde. C’est notre culture. Un média m’a dit « Vous êtes comme ça tout le temps ou juste pour la Coupe du monde ? » Mais non, avant la Coupe du monde, après, on reste pareil. Et ça, c’était très spécial pour moi. Nous sommes seulement 350.000 Qataris, on n’est pas beaucoup mais on est fiers de notre pays et de ce qu’on a fait. Je pense que c’était une Coupe du monde parfaite. Il reste encore deux matchs et j’espère que tout va bien se passer mais c’était une Coupe du monde de très haut niveau.

Nasser Al-Khelaïfi: "Mon deuxième pays, c’est la France"

Jean-Louis Tourre : Si vous ne faites pas partie du comité d’organisation de la Coupe du monde, un de vos métiers, c’est président du PSG. Est-ce qu’à deux jours de France-Argentine, le président que vous êtes a la finale rêvée entre Messi et Mbappé?

NAK : J’avais trois joueurs en demi-finale avec Achraf Hakimi. Aujourd’hui, j’ai les deux meilleurs joueurs au monde, Kylian et Leo Messi. Chacun a marqué cinq buts. Le PSG a marqué 13 buts, on est le meilleur club de cette Coupe du monde. En quart de finale, il y avait le plus grand nombre de joueurs de Ligue 1 avec la Premier League. Dans le foot français, on a de grands joueurs, de grandes équipes.

JLT : Et vous serez pour la France?

NAK : Bien sûr, mon club est français, mon deuxième pays, c’est la France, mais aussi, j’ai un joueur en Argentine, Messi, et c’est la dernière Coupe du monde pour lui. Kylian, c’est le seul joueur du PSG qui joue deux finales à la suite. C’est magnifique. J’ai hâte d’être à cette finale, parce que c’est un grand plaisir pour moi. J’espère que ce sera la France, mais l’Argentine aussi a fait une bonne Coupe du monde, avec Leo… Si je le pouvais je la donnerais aux deux.

JR : Comme ça président, vous êtes tranquille, c’est 50/50….

NAK: Et si on regarde cette Coupe du monde, ce qu’a fait le Maroc… Parce que oui, le Qatar est un petit pays, mais si on a fait cette Coupe du monde, c’est pour tout le Moyen Orient, le monde arabe. Regardez, quand le Maroc joue, le stade est plein. Lors du quart de finale, plus de 82% de la population du Maroc regardait ce match. C’est quelque chose d’incroyable. Le Moyen Orient méritait d’organiser une Coupe du monde.

JR: Vous parlez d’ambiance et ça aussi ça créé un engouement. Moi, j’ai la chance d’être sur place et de voir beaucoup de matchs parce que les stades sont très rapprochés. Et pour certaines équipes, le Mexique, l’Argentine, le Maroc, l’ambiance était folle...

NAK: Oui, même l’Arabie saoudite, la Tunisie… Cette Coupe du monde a écrit quelque chose d’unique, elle a mis tout le monde ensemble: cette Coupe du monde a rapproché les gens, même d’un point de vue politique. Rapprocher les gens, c’est l’objectif du foot et la politique ne peut pas faire ça.

JR : Ça, ce sont les valeurs du foot et du sport en général. Et pour aller au-delà, quand on voit les infrastructures, les installations, les stades magnifiques... On ne peut pas s’arrêter juste à la Coupe du monde. Il n’y a pas une autre grande compétition que vous voulez organiser?

JLT: Les Jeux olympiques par exemple?

NAK: Je ne suis pas en position de dire oui ou non. Mais en 2024, il y aura ici la Coupe d’Asie. Il y aura aussi la Coupe arabe… il y a beaucoup de choses au Qatar. Pour moi, c’est la ville du sport au Moyen Orient. On parlait du stade de Lusail, pour moi, il est vraiment magnifique, c’est le plus beau stade au monde. 84.000 personnes de capacité plus les loges. Comme Qataris, nous sommes fiers de tous les stades…

JLT: Mais ça peut être le rêve prochain, les Jeux olympiques?

NAK: Les Qataris, on a des rêves sans limite, c’est une autre culture, une autre ambition, mais je ne peux pas parler de ça, ce n’est pas ma position.

JR: Président, on parlait de Mbappé et de Messi, c’est une fierté pour vous et ça c’est normal, et pour nous Français, c’est fantastique d’être encore en finale. Mais il y en a un troisième, car au PSG il y a trois stars, c’est Neymar, vous avez été triste pour lui?

NAK: La vérité, j’ai été très triste. Comme supporter, je voulais regarder Brésil-Argentine, comme vous, on attendait ce match, mais vraiment j’étais très triste, je sais tout ce qu’il a fait pour revenir quand il était blessé. Pour moi, le Brésil, c’était une des meilleures équipes ici. Neymar a fait le maximum, même plus que le maximum. Même avec nous, il a fait un super début de saison en club. J’espère le voir revenir… Ce n’est pas facile pour lui. J’ai parlé avec lui, j’ai parlé avec les coachs, du moral. J’ai parlé avec lui, il était triste, très triste. J’ai parlé avec son père aussi. C’est très dur pour lui.

JLT: Sur Lionel Messi, est-ce qu’en voyant sa Coupe du monde, vous avez comme priorité de le prolonger? Il est en fin de contrat en juin prochain avec le PSG…

NAK: Si on veut tous les deux qu'il prolonge, il va rester. On s’était dit qu’on parlerait après la Coupe du monde. Je confirme mille fois qu’il est très heureux du club, il fait une très bonne saison. Je pense qu’il a envie de rester.

JLT: Ah ben ça va se faire alors, si vous vous voulez qu’il reste et que lui a envie de rester…

NAK: On va voir, il reste un match.

JR: Et vous n’avez pas de doute de Kylian aussi soit de la partie, il est sous contrat…

NAK: Exactement. Il a un contrat. Kylian est vraiment un des meilleurs joueurs aujourd’hui, c’est un grand joueur et comme humain, il est quelqu’un de magnifique.

JR: Pendant cette Coupe du monde, il y a eu des révélations, des joueurs vous ont tapé dans l’œil. Est-ce qu’il y a une possibilité d’en voir certains au mercato d’hiver pour renforcer le groupe?

NAK: Ça dépend des blessures aujourd’hui. Ce mercato, c’est difficile pour nous. On ne peut pas dire "on veut signer". Pour nous, on ne veut pas signer quelqu’un. Mais on ne cible pas un joueur mais si on a une opportunité, pourquoi pas.

Nasser al-Khelaïfi: "C’est quoi la valeur du Parc des princes sans le PSG? Zéro."

JR: On a aussi beaucoup parlé du Parc des princes… Vous avez fait une sortie médiatique, ça a beaucoup fait parler. Moi, qui suis attaché au PSG, imaginer le PSG quitter le Parc des princes, c’est quelque chose qui est difficilement imaginable. On a reçu dans l’émission l’adjoint au maire, il me parait très ouvert.

NAK: Pourquoi il ne vient pas aujourd’hui avec nous. Je vais vous dire quelque chose Jérôme, et j’espère que c’est la dernière fois que je vais parler de ce sujet. Pour moi, l’option 1, c’est de rester au Parc des Princes. Option 2: rester au Parc des Princes. Option 3: rester au Parc des Princes. Mais si le maire de Paris ou la ville de Paris ne veut pas qu’on reste, ne veut pas faire quelque chose pour nous… C’est comme si vous m’invitez dans voter émission mais que je ne rentre pas. Moi, je ne veux pas parler de ça aussi, mais je sais que c’est un sujet chaud pour les médias. Nous, on investit pour le stade. Pour l’Euro 2016, on a payé quelque chose de très important. On a investi plus de 80 millions dans le stade. On fait le maximum avec la capacité qu’on a dans le stade. Troisièmement, on a un match il y a deux ou trois ans, Jean-Claude Blanc m’appelle et me dit: "on a un problème avec le Parc des Princes." Il ne dit que le toit peut tomber. On a bloqué deux mille sièges pour que les gens ne viennent pas parce que c’était dangereux. La sécurité, c’est ce qu’il y a de plus important pour moi. On ne veut pas mettre 500 ou 600 millions dans un autre stade. Pour nous le plus important c’est le terrain. On ne veut pas faire de l’argent avec ce stade, on ne veut pas faire un shopping mall. C’est quoi la valeur du Parc des princes sans le PSG ? Zéro. Ca, je le dis direct. Et quand on me dit 350, je ne sais pas quoi, ce n’est pas mon problème, si vous voulez faire du shopping, des buildings, de l’immobilier, des appartements peut-être mais pour nous, c’est juste le sport. Qu’est-ce qu’on a fait pour la ville de Paris? Combien de personne viennent pour regarder Kylian, Messi et Neymar? Quelle taxe on a payée? les impôts? on a fait beaucoup.

JLT: Vous voulez qu’on vous respecte un peu plus.

NAK: Exactement. C’est ça qu’on demande. Moi, j’ai beaucoup de respect pour la maire de Paris. J’ai de très bonnes relations avec elle. Mais je demande que la ville de Paris nous respecte aussi.

JLT: Vous pensez que ça va s’arranger?

NAK: Je l’espère mais on regarde les options. Avec le fair-play financier… Tous les grands clubs ont des stades de 60, 65, 80.000 places. Là, on arrive à un maximum, on ne peut pas faire plus.

JLT: Juste une dernière question, hier, il s’est passé quelque chose de très important pour l’avenir du foot mondial, c’est l'avis de la justice européenne sur le conflit entre l’UEFA et certains clubs, le Real, el Barça, la Juve qui voulait créer une Super League. Vous avez été l’un des opposants à cette réforme. Vous êtes le président de l’ECA, le groupement des clubs. Pour vous c’est une grande victoire ce qui a eu lieu hier?

NAK: Je ne veux pas dire grande victoire, parce que j’attends la décision. Pour moi ce n’est pas une surprise, c’est logique. Pour moi, jouer la Super League avec trois clubs, c’est impossible. On est content de cet avis de l’avocat général bien sûr mais j’attends la décision.

par Rothen s'enflamme