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Copa America: Brésil-Argentine, malheur au perdant dans une demie de feu

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La Copa America verra dans la nuit de mardi à mercredi (2h30) le Brésil et l’Argentine s’affronter en demie, pour un classique plus tendu que jamais. Car outre le fait de décrocher un billet pour la finale, l’enjeu, pour les deux équipes, est de ne pas s’incliner contre le grand rival, sous peine de se faire allumer par tout un pays.

Gagner, et surtout, ne pas perdre. Pas à ce stade-là de la compétition, pas après les désillusions récentes, pas contre le grand rival. Alors que le Brésil et l’Argentine s’affrontent dans la nuit de mardi à mercredi (2h30) en demi-finale de la Copa America, les acteurs des deux camps abordent la rencontre avec une pression monstre. Et les perdants, vu le contexte ambiant, risquent de passer un été plus que difficile…

Le Brésil pour faire taire les sifflets

Le Brésil a beau disputer la Copa America 2019 à domicile, on ne peut pas dire que le public local a joué jusqu’à présent le rôle de 12e homme. Au contraire. Agacés par les derniers résultats de la Seleçao (élimination en quart de finale du Mondial 2018, pas mieux qu’un quart de Copa America depuis 2007…), par le jeu proposé, mais aussi par les déboires extrasportifs de sa star Neymar, blessé, les supporters n’ont pas hésité à siffler Thiago Silva et les siens lors des matchs de poule, ce qui a un peu plus accentué la fracture avec les joueurs. "Les sifflets ne nous aident pas, c’est le Brésil qui sort perdant", a ainsi regretté Filipe Luis. Le cadre de la demi-finale ne s’annonce pas beaucoup plus chaleureux pour les locaux, puisque c’est dans le stade Mineirao de Belo Horizonte que va se dérouler le choc, là-même où le Brésil avait sombré face à l’Allemagne (7-1) lors du Mondial 2014. Ce que rappellent absolument tous les médias du pays.

Si Tite n’a pas voulu s’attarder sur cette anecdote, le sélectionneur auriverde a en revanche expliqué qu’il avait du mal à fermer l’œil durant la nuit, tellement il pense au match à venir. Il n’a pas dû trouver de quoi se rassurer devant sa télé. "C’est le plus grand classique au monde, a lancé Galvao Bueno, animateur vedette au Brésil, en guise d’avertissement. En Europe, seul un Italie-Allemagne, qui a attribué de nombreux titres, peut éventuellement rivaliser. Pour nous, les Argentins sont des canailles (‘malandros’, en VO)." Et le Brésil n’acceptera pas une défaite contre des canailles.

La Seleçao a toutefois quelques statistiques qui plaident en sa faveur: l’Argentine n’a jamais gagné au Brésil en match officiel, le Brésil a éliminé l’Argentine les quatre dernières fois que les rivaux se sont affrontés en Copa America, et le Brésil, pour rappel, a remporté les quatre éditions qu’il a organisées sur ses terres (1919, 1922, 1949, 1989). 

L’Argentine pour rompre sa série noire

Pour l’Argentine, les chiffres sont moins flatteurs, d’autant que l’Albiceleste reste sur quatre finales perdues lors des cinq dernières Copa America, et s’est tranquillement forgée une réputation de loser à travers le continent. Et ce n’est pas son début de compétition qui lui a permis de reprendre un avantage psychologique…

Battue par la Colombie (2-0), tenue en échec par le Paraguay (1-1), elle a joué sa survie en poule lors du troisième match contre le Qatar (2-0) pour ensuite battre le Venezuela (2-0) en quarts, sans briller. Elle n’a pas échappé aux critiques des observateurs, ni de Diego Maradona, qui a comme souvent tiré sur la sélection, en pointant notamment le manque d’investissement des joueurs. "Ce maillot, tu dois le sentir, il doit te faire vibrer, la putain de ta mère", a-t-il notamment lancé.

Pour protéger ses troupes, le sélectionneur Lionel Scaloni a joué au maximum sur l’étiquette d'outsider, quitte à déployer le parapluie avant une éventuelle averse. "Cette demie a une autre signification pour le Brésil, qui joue devant son peuple, a-t-il indiqué avant la rencontre. Pour nous c’est juste un moyen d’accéder à la finale, contre le grand favori de la compétition. Nous pensons pouvoir bien faire, et le mettre en difficulté, mais il est clair que le Brésil a une grande équipe. Ils jouent à domicile, c’est leur Copa America. Ce n’est pas la même situation que nous, encore une fois."

Le discours pourrait permettre d’enlever un peu de pression à certains joueurs un brin inhibés, mais certainement pas à Lionel Messi. Toujours attendu comme le sauveur du pays, et très moyen depuis le début du tournoi, avec un seul but marqué en quatre matchs (un penalty contre le Paraguay), le quintuple Ballon d’or est attendu au tournant. La Nacion, grand quotidien argentin, a raconté l’histoire de Mateus, un petit fan brésilien (oui, oui) de la Pulga. "Il jure qu’il veut voir l’Argentine gagner, pour son idole, écrit le journal. La même idole qui, pour accomplir le rêve d’un enfant, devra offrir à Mateus une soirée inoubliable." Rien que ça.

Clément Chaillou