Coronavirus: reprise, contrats, revenus… les interrogations d’un président de National

Quelle est la situation pour les clubs de National?
A côté de tout ce qui se passe, le football est anecdotique. Malgré tout la période est identique pour un club de foot ou une entreprise, on est dans une situation où on ne sait pas si on va reprendre, quand on peut reprendre. Economiquement, c’est compliqué. Si ce n’est pas compliqué pour terminer cette saison, ça sera très compliqué pour reprendre l’année prochaine. Il y a des multitudes de réflexions qui se mènent actuellement. Les uns et les autres, on essaye de trouver les moins mauvaises parades pour pouvoir passer ce cap difficile.
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En National 1 on est assis le cul entre deux chaises puisqu’on est ni professionnel, ni amateur. On a toutes les contraintes du système professionnel sans avoir les avantages. Il faut jongler avec tout ça et c’est compliqué. De toute façon, le championnat c’est mieux si on peut le terminer mais il ne faut pas que ça soit au mois de septembre. A un moment, il va falloir trancher pour finir cette saison et surtout préparer la saison prochaine qui va être vraiment difficile à mener dans la préparation sportive et financière. Donc il faut qu’on ait un peu de temps entre les deux championnats pour se poser et réfléchir pour savoir comment on va repartir.
Que demandez-vous à la fédération aujourd’hui?
La fédération est à mon avis dans le rôle qu’elle doit avoir c’est-à-dire essayer d’aller le plus loin possible dans la possibilité de jouer les matchs mais il y a un moment où il faudra trancher. Il nous reste neuf matchs à jouer, un quart du championnat. C’est un championnat où c’est toujours dur de rester debout, là on va tous être logés à la même enseigne. Ça va être extrêmement difficile.
L’US Concarneau est en danger?
Nous sommes à 2,2 millions de budget dont 1 million de mécénat et sponsoring et 180.000 euros d’aide des collectivités. Après il y a plusieurs scénarios avec une reprise à huis clos où on n’aurait pas de recettes mais des charges car on ferait travailler nos salariés c’est-à-dire les footballeurs. Dans ce cas-là je pense que les sponsors seraient dans l’obligation d’aller au bout de leurs engagements. Et l’autre version qui serait d’arrêter la saison. Là ça poserait des problèmes à un certain nombre de clubs et on en a parlé entre présidents car il y a une partie du sponsoring et du mécénat qui rentre en général en deuxième partie de championnat et là ça risque de poser problème.
On a aussi tous des contrats fédéraux dans nos équipes avec des engagements qui s’arrêtent au 30 juin, on a des joueurs qui sont prêtés par des équipes professionnelles qui partent au premier juillet. Il y a des joueurs qui se sont sûrement engagés avec d’autres clubs au premier juillet. J’ai 80% de mes joueurs en contrats fédéraux sur les vingt j’en ai la moitié en fin de contrat et l’autre susceptible de prolonger avec des options. Le National est une division où il y a beaucoup de turn over. Si ça dépasse le 30 juin il faudra trouver des solutions juridiques.
Vous espérez un coup de pouce et un peu de solidarité des clubs pros?
C’est à l’image de ce qui se passe en France aujourd’hui, il va falloir qu’on soit tous solidaires et unis. Toute solution pour s’aider les uns avec les autres est bonne à prendre. Un tutorat ou une aide particulière, il faut regarder ça de très près. Le football est un sport magique, on en a tous besoin. Il faut continue à le faire exister. Mais les clubs de Ligue 1 et Ligue 2 ont d’autres problèmes à régler. Dans le rétroviseur ils ne voient pas encore le National. Ça sera peut-être un peu plus facile après d’avoir des discussions qui vont dans le sens de l’entraide et de la solidarité.
Si le confinement est prolongé jusqu’à fin avril ce dont personne ne doute, il faudra qu’entre le 15 et le 30 avril tout le monde soit bien clair sur ce qu’il va se passer demain. C’est important car on ne peut pas garder le chaudron avec le capuchon dessus, sinon il va sauter et on sera tous perdants.