CAN 2022: comment le Cameroun a vécu les 24 heures suivant la dramatique bousculade

Auteur d’un sans-faute sur le plan sportif avec une belle qualification pour les quarts de finale de la Coupe d’Afrique des nations, le Cameroun a également connu un terrible drame lundi soir à Yaoundé. Pendant que les partenaires de Karl Toko-Ekambi et Vincent Aboubakar venaient à bout d’une vaillante équipe des Comores (2-1), des dizaines de supporters pansaient leurs plaies après un mouvement de foule à l’entrée du stade d’Olembe. Si l’on compte de nombreux blessés, huit personnes sont également mortes lors de cet incident en marge du match des Lions indomptables.
"Quand je suis arrivé une demi-heure avant le match vers la zone où a eu lieu l’accident, j’ai vu des gens agglutinés pour renter dans l’enceinte, mais la sécurité a tenu à une vérification 'one by one', il y a eu des mouvements de foule et une barrière temporaire a été renversée. Il y avait des gens dessous, cela allait dans tous les sens, raconte Mirabeau Mahop, journaliste pour la chaîne camerounais Canal 2 international, auprès de RMC Sport. Certaines personnes ont marché sur les autres… Quand je suis parti à 15 minutes du coup d’envoi il y avait des gens inertes allongés sur le sol, je n’avais pas l’expertise à ce moment pour dire s’ils étaient morts ou inconscients...." Un témoignage qui fait froid dans le dos.
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Bahoken: "Cela nous a mis un coup au moral"
24 heures après le drame qui a frappé la Coupe d‘Afrique des nations et le mouvement de foule qui a coûté la vie à huit personnes dont au moins deux enfants, l’heure est aux messages de soutien, aux communiqués divers et bien sûr à la recherche de responsabilités.
Lundi soir, les joueurs ont été prévenus du drame après le match et ont été choqués par l’annonce du bilan. "On a appris cela dans le vestiaire, d’abord sur les réseaux sociaux avant que cela ne soit confirmé et honnêtement, cela nous a mis un coup au moral", résume Stéphane Bahoken, attaquant du Cameroun.
Une enquête diligentée par le gouvernement
Ce mardi matin, Paul Biya, président du Cameroun, a par voie de communiqué transmis ses condoléances et ses recommandations "face à ce drame dont la gravité suscite émotion et consternation". Et de poursuivre: "Le chef de l’état adresse ses condoléances les plus attristées aux familles les plus éprouvées et ses souhaits de prompt rétablissement aux blessés auxquels il associe la profonde compassion de la nation toute entière".
Le gouvernement a par ailleurs prescrit une enquête pour faire la lumière sur cet accident. Les Lions indomptables ont également présenté leurs condoléances par communiqué avant "d’exhorter les fans de football du Cameroun et d’Afrique à un sens élevé de la discipline et à plus de responsabilité."
Le président de la Confédération Africaine de football, Patrice Motsepe, a lui tenu une conférence de presse à la mi-journée. "Je me suis rendu sur les lieux de l’accident. Je ne veux pas aujourd’hui pointer du doigt qui que ce soit, a estimé le dirigeant sud-africain de la CAF. Dans ce genre de situation, on peut être tenté d’attribuer la responsabilité d’un tel accident à son voisin. Il y a les faits contractuels qui font du comité d’organisation, l’organe en charge de l’accès au stade. Mais, eux comme le gouvernement camerounais et nous, le CAF, sommes des partenaires. Nous devons prendre la responsabilité de ce drame ensemble en tant que partenaires."
Motsepe: "Ce n’est pas l’apanage de l’Afrique"
Patrice Motsepe qui s’est rendu au chevet des blessés ce mardi matin a affirmé que l’idée d’arrêter la compétition n’avait pas été envisagée. Et le leader du football africain d’ajouter: "Ce genre d’accident peut se produire dans n’importe quel stade dans le monde, ce n’est pas l’apanage de l’Afrique. Nous avions pris en amont la mesure de sécurité et les procès nécessaires. Je suis sûr de cela! Comme je sais aussi pertinemment qu’il y a eu des failles et des erreurs dans l’exécution de ces mesures."
En cause, notamment, une porte au niveau de l’entrée sud qui aurait dû être ouverte et qui était fermée ce lundi à 30 minutes du début du match. Par qui? Et sur ordre de qui? C’est que devra déterminer un rapport complet que le président de la CAF attend sur son bureau vendredi. D’ici là, un comité d’organisation exceptionnel a été convoqué par le président sud-africain de la CAF.
"Nous aurons des discussions très fermes à l’abri des regards pour s’assurer que les protocoles garantissant la sécurité des spectateurs soient scrupuleusement appliqués, a encore assuré le dirigeant. Ce qui s’est passé lundi ne doit jamais se reproduire… Jamais!"
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Ce mardi après-midi, c’est le ministre des Sports camerounais qui s’est présenté au-devant de l’effectif des Lions indomptables pour, selon les informations de RMC Sport, promettre aux joueurs que ce type d’événement ne se reproduirait pas. Les joueurs de la sélection vont eux se réunir dans la semaine pour décider de l’attitude à adopter pour témoigner leur soutien aux victimes de ce 24 janvier 2022.
D’autres décisions ont été prises: le quart de finale initialement prévu au stade Olembe a été relocalisé au stade Ahidjo de Yaoundé et évidemment des minutes de silence seront respectées en mémoire de victimes avant chaque prochain match de la CAN.