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Chambéry-OL: Nikola Volic et la Coupe de France, saison 2

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Acteur de l’épopée en Coupe de France avec le GFA Rumilly-Vallières en 2021, l’attaquant franco-serbe Nikola Volic "récidive" cette saison avec le club "voisin" de Chambéry (N3). Le joueur de 29 ans s'apprête à défier l’OL en 16ème de finale samedi (15h30). Il attend aussi son "match dans le match", face au défenseur croate Dejan Lovren.

Ah la tunique de la Coupe de France… "Porter ce maillot avec le logo FFF, c’est autre chose. Tous ceux de l’épopée de Rumilly, je les ai offerts à la famille." Il faut suivre le regard de Nikola Volic, attaquant de Chambéry, quand, pour les besoins des présentations sur l’écran géant du stade à Lyon, mercredi soir, tous posent à tour de rôle avec l’un d’eux. Quand il l’enfile, ses yeux brillent soudainement : "Ça sent bon", suggère-t-il en posant le visage tel un enfant sur un cadeau de Noël sur l’emplacement bleu avec la Coupe de France et les trois lettres FFF.

"Je ne sais pas si je suis le porte bonheur. Mais quand j’y pense, une épopée, en principe, pour un joueur amateur comme moi, cela ne se vit déjà même pas une fois. Là, c’est la deuxième... Incroyable ! Quand je suis venu à Chambéry en janvier 2022 en provenance de Rumilly, je n’ai pas négocié avec le club pour dire: «Avec moi, on va loin en Coupe de France». J’avais juste envie de reprendre du plaisir en jouant au foot. C’est chose faite."

De Belgrade à Aix-les-Bains en passant par la Suisse

À bientôt 30 ans, Nikola Volic savoure sans modération cette partie de carrière. Il rembobine tous les souvenirs "particuliers" : "L’atmosphère d’un match de Coupe, c’est tout ce que j’aime, détaille-t-il. Une ambiance hostile comme à Aubagne, des matchs assez physiques, rugueux où l’aspect tactique ne compte pas tellement, alors que la rage et le physique prédominent." Des ingrédients puisés certainement dans son parcours de vie.

Ses parents serbes quittent Belgrade quand Volic a un an avant de se réfugier en Suisse pendant cinq ans. Et de pousser un peu plus à l’ouest, faute de permis de travail décroché en Helvétie. Direction la Savoie, à Aix-les-Bains, proche du Lac du Bourget, à mi-chemin entre Rumilly et Chambéry : "Gamin, quand je regardais les amateurs défier les professionnels à la télé, je ne pensais pas qu’un jour j’allais être l’un de ceux-là. Et je ne me fixais pas d’aller aussi loin." Comme à Aubagne en 32e de finale (1-3), lorsqu’il a marqué le premier but : "Une victoire en Coupe de France, c’est plus de fierté, d’engouement car c’est plus médiatisé, dit-il. Et puis, la famille est là. Aubagne, c’est loin de Chambéry, ce n’est pas évident qu’ils se déplacent. Ils le font. C’est différent d’une victoire en championnat."

Footballeur et commercial dans la boite de son papa

Cette famille, le "clan" qu’il forme et qu’il prolonge dans le civil, car son contrat fédéral à mi-temps avec le Chambéry Savoie Football, il le complète en étant commercial dans l’entreprise du papa, "Ex-Yu Façades". La référence aux racines éclatées saute aux yeux et dans le logo : "Je l’ai dans les veines, la Coupe de France. Quelle fierté et cela fait un peu ressortir mon nom. Et je sais que mon papa, qui aime à me suivre est fier comme tout le monde dans la famille. Mais je ne compte pas m’arrêter là. J’ai 30 ans, je vais encore avoir beaucoup de choses.

Une notoriété qui lui sert un peu : "Au niveau du boulot, on m’en parle beaucoup, révèle-t-il. Quand je rencontre des clients, ils reconnaissent mon nom et mon visage. Cela ne facilite pas forcément le chiffre d’affaire, mais je sens qu’ils sont plus à l’aise. Cela fluidifie les choses. Parler du club, de ce que je vis, c’est beau."

Un caleçon orange porte-bonheur

Forcément, la quête (bête ?) du journaliste s’invite dans ce portrait : quel est le plus beau moment, une demi-finale face à Monaco en mode Covid ou un 16e à Lyon, en mode "retour à la normale" ? "Avec Rumilly, on l’a vécue en période sans le public, sans ce partage et avec des "tours" remodelés et sans grosses affiches." Sauf Toulouse, en pleine dynamique de relance en Ligue 2 épinglé au tableau de chasse : "Chambéry, en 16e, c’est du même niveau avec la perspective de rencontrer l’OL dans leur stade, consent-il finalement à comparer. 2021, c’est le souvenir de Monaco, malgré le stade vide au Parc des Sports d’Annecy où le match s’est déroulé, celui passer à la TV avec la famille. Mais à l’époque, je revenais de blessures et j’étais remplaçant et je n’étais pas forcément Le joueur clef de l’équipe."

Deux ans plus tard, avec Nassim Akrour à ses côtés, il se partage ce rôle. Et il n’y a pas que la différence d’âge - 18 ans – qui les sépare. Car Nikola Volic a un secret dans une avalanche de mot : "Le travail, l’abnégation, l’acharnement, beaucoup d’envie et le dépassement de soi et cette particularité d’être là, le Jour J." Mais ce n’est tout. Il sourit : "Ah, oui, vous voulez dire… mon caleçon orange !"

Car le trentenaire franco-serbe a donc SON totem inauguré en Haute-Savoie (Rumilly) et conservé en Savoie (Chambéry), deux villes séparées d’une petite quarantaine de kilomètres : "Je mets toujours le même, même si ce n’est pas le même que celui que j’avais à Rumilly. Dès le 1er match, j’ai marqué avec celui-ci, ici à Chambé’, du coup, vu que je suis superstitieux, je le garde."

Un voyage à New York repoussé à cause de la Coupe de France

Mais dans sa "superstition", il oublie quand même une donnée. Que dame Coupe pouvait le "monopoliser" en janvier. Nikola Volic avait programmé de longue date un voyage à New York avec un départ le dimanche 8 janvier. Patatra. C’est le jour du 32e de finale à Aubagne. Sous l’amicale pression de son entraîneur Cédric Rullier, il décale finalement son départ : "J’ai bien fait, car le 32e, non seulement, je l’ai joué mais j’ai été décisif. Quelle émotion. J’en ai encore la chair de poule. Je sais que le match est télévisé, j’ouvre le score à la 60e et on partage avec les coéquipiers et avec les supporters, fiers de nous et à ce niveau-là. Cela ramène beaucoup d’engouement autour de la ville de Chambéry."

Le prix (du changement de date) s’oublie, la qualité (du souvenir) reste. Il décollera de Genève, lundi matin, avec 24h de "retard" sur le plan de vol initial, le prix du voyage lesté de 700 euros de rallonge, mais la tête légère de souvenirs à vie d’un nouveau maillot de Coupe à conserver.

"Avec Lovren ça va être rugueux"

Dix jours et une traversée de l’Atlantique plus tard, il arrive tout juste à Genève mardi soir, à J–4 de l’affiche au Groupama Stadium contre l’OL, pour chausser, une heure plus tard ses crampons. Le lendemain, il reprend son démarchage commercial pour la société familiale. Le jetlag, ce sera pour une autre fois. Il le combat avec l’énergie à rassembler pour ce match à grand spectacle, dans un grand stade : "Paralysé par l’enjeu, franchement, non ! Cela ne me gêne pas de passer de 300 à 2.000 comme à Aubagne, voire maintenant dix fois plus à Lyon. Cela va nous galvaniser. Je suis content de jouer des matches comme ça. J’ai hâte de jouer."

Et hâte aussi d’affronter un certain… Dejan Lovren : "Je parle le croate couramment, dit-il. Nous allons pouvoir échanger. Ça va être rugueux, je le sais par avance, mais j’aime bien ça. Je vais le bouger." Car à l’image de tous ses coéquipiers, il a déjà sa formule, instillée par son entraîneur, Cédric Rullier : "Nous n’allons pas visiter le stade, coupe-t-il. Oui, on va prendre quelques photos mais une fois le match commencé, l’idée est de les faire douter un maximum. Si jamais ils perdent à la maison, cela va encore plus les faire douter à l’avenir."

Et là, au cœur d’un collectif dominé par les fans de l’OL – et un de Saint-Étienne car formé à l’ASSE - c’est le supporter… marseillais qui parle : "C’est mon petit Olympico à moi", savoure-t-il par avance. Mais je ne sais pas vraiment si c’est le bon moment pour les prendre, c’est quand même l’OL ! Face à Strasbourg, ils ne méritent pas de perdre." Et de conclure : "Il y a des failles. Cela peut passer … Nous allons gagner aux pénos !"

Edward Jay